le blogadoch2

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samedi 15 novembre 2014

À Monument Valley, une anecdote personnelle...




Les images archi-connues de ce fabuleux site américain ne surprennent plus personne. On reconnait immédiatement la couleur rouge du minéral et la forme en ruines, caractéristique de ces curieuses formations géologiques appelées mesas. Dans de nombreux westerns anciens, ce décor naturel est utilisé. Le scénario vous fait croire tantôt que vous approchez de Yuma, ou bien que  la ville de Tombstone et son OK Corral sont juste à côté (les deux sont à plusieurs centaines de kilomètres). Mais qu'importe, le paysage est toujours grandiose... 

Ce site comporte une série de paysages célèbres, identifiés selon leur forme par les Indiens, sous des noms caractéristiques : Les 3 Sœurs, Le Prêcheur, Les Éléphants, Le Hibou, etc.

J'ignorais tout ça, lorsque enfant, j'admirais les multiples boîtes métalliques décorées qui, après avoir contenu diverses denrées épicières, continuaient pendant des années à servir à la maison, de récipients pour le sucre, la farine, les biscuits ou les légumes secs. Certaines représentaient des scènes de chasse à courre, d'autres des animaux, ou encore un port Breton. 

Mais parmi elles, se trouvait ma préférée, qui représentait un Indien monté sur un fier mustang, qui semblait surveiller un paysage immense. Cette boîte me passionnait, et je passais de longs moments à tenter de m'immiscer dans l'image, comme pour mieux en découvrir les parties cachées, et en comprendre les mystères. Ce tableau me faisait tellement rêver, que je me promis, dur comme fer, de visiter un jour ce lieu majestueux...

Je sus plus tard qu'il s'agissait de Monument Valley, et j'ai appris récemment le nom de cet endroit : John Ford's Point. Il fut nommé ainsi après que John Ford ait tourné dans les environs un célèbre western dans les années 30. (La chevauchée fantastique, je crois bien). Il bénéficia de l'aide précieuse d'un Indien du coin, qui devint son guide et son conseiller, et qui, une fois le film terminé, profitant de la publicité donnée au site par le film, prit l'habitude de se faire payer par les touristes de passage, pour poser sur son cheval sur cette petite terrasse naturelle qui domine le plateau. Reprenant ainsi une scène du film.

John Ford et son équipe s'étaient installés pour le tournage dans quelques baraques de bois à Gouldings, à quelques kilomètres. À l'époque, l'endroit était pratiquement désert. Aujourd'hui, la ville du coin est Kayenta, une laide agglomération sans ordre, de maisonnettes éparpillées dans la plaine à quelque distance du site. Elle abrite quelques milliers de Navajos, et quelques hôtels de chaînes connues.
L'endroit est soumis au statut des réserves indiennes, alors ne vous attendez pas à y trouver la moindre boisson alcoolisée.



Sachez aussi qu'une journée passée à flâner dans ce lieu étonnant vous transformera sans aucune préparation en véritable "Peau Rouge". La couleur de l'eau de la douche, le soir à l'hôtel, vous le confirmera.

En 1978, en visite à Monument Valley, alors que nous roulions au pas en soulevant un nuage de poussière rouge, la voiture déboucha brusquement sur un petit terre-plein occupé par deux ou trois autres véhicules.
Et là, à travers le pare-brise, à 100 mètres de nous, s'affichait l'illustration de la boîte de sucre de mon enfance! Un Indien, sur son cheval, regardant la plaine. Il était mitraillé au téléobjectif par un groupe de touristes. Ma surprise et ma joie furent d'autant plus grandes que j'avais totalement oublié le décor de la boîte, ou plutôt que cette image était sortie de ma mémoire. Les années s'écoulant m'avaient appris la variété, la complexité et l'immensité de la nature, toutes choses propres à rendre impossible toute identification géographique. Et pourtant...

Retourné en 2008, je retrouvais la même scène, et ne pus m'empêcher cette fois, d'aller à la rencontre de l'Indien. C'était un jeune homme timide, que les touristes d'ailleurs firent semblant d'ignorer lorsqu'il revint lentement de son promontoire dans l'espoir de récolter quelques sous, comme le laissait entendre la pancarte délavée : 1$ THE SHOT.
Il me raconta que le guide de John Ford était son grand-père, et qu'il succédait à son père dans le rôle de l'Indien-à-cheval-sur-le-promontoire-face-à-la-plaine, faisant perdurer la coutume établie depuis près de 80 ans. Je fus passionné et ému par son récit, au point que, pour le remercier, je lui fourrai une poignée de petits billets dans la main.
Quand vous irez là-bas, vous ne pourrez pas le rater.

En attendant, tout en préparant votre voyage, vous pourrez constater combien "cette" photo est multiple, sur ce site où l'on voit aussi quelques portraits de John Ford. Voici ma photo, avec le jeune Indien sur son cheval


 Photo DCO

Lorsque ce sera votre tour, lorsque le déclencheur de l'APN s'impatientera sous votre doigt, et que vous aurez le souffle coupé par la beauté de l'endroit, par pitié, ne faites pas comme ces minables photographes amateurs qui cachent leur appareil au retour de l'Indien. Sachez que comme ses ancêtres, comme son père, et avant lui son grand-père, il fait partie de cette terre. Elle est en lui comme lui est en elle. Il mérite notre respect, alors que nous ne sommes que des curieux de passage qui collectionnons les photos comme des bons-points futiles et sans âme. 

Nota : Ce texte est inspiré d'un premier récit que j'avais publié en 2012 sur mon ancien blog. Par suite d'une désinvolte attitude de l'hébergeur qui souhaitait maintenant faire payer ses services, ce blog a été réduit à une peau de chagrin, sans doute pour me convaincre d'ouvrir mon portefeuille et choisir mieux. J'ai dû en demander la fermeture, car il était devenu un asile gratuit pour de multiples publicités non désirées. Obtenir sa fermeture a été aussi une aventure... Mais maintenant, mon ancien blog est Over.

3 commentaires:

  1. j'aime bcp ce q vous racontez là, je vous en remercie pour aimer mon peuple rouge et le respecter à travers vos écrits, votre amour est ressenti !
    cela est important dans l'univers d'envoyé de l'♥ par tous les moyens écrits chanter danser prier dessiner muzik !
    continuez cela est un beau don généreux que d'aimer sans rien attendre juste donner !

    Pymalaya ! Mitakuye Oyassine. Tatanka-Wakan he Wakan-Tanka !

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    1. Merci lecteur (ou lectrice) anonyme, pour votre gentil commentaire que, malheureusement, je n'avais pas déniché jusqu'à aujourd'hui, dans les recoins du blog...
      J'ai beaucoup voyagé dans les back roads de l'Ouest américain, et j'éprouve une sympathie toute particulière pour les Amérindiens.
      Les relations "commerciales" avec les Navajos par exemple sont toujours un moment d'échange agréable, émaillé d'anecdotes émouvantes bien souvent.
      Je tâcherai de les raconter un jour...
      Malheureusement, je ne peux comprendre la dernière ligne de votre message !
      D.C.O

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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