le blogadoch2

le blogadoch2

samedi 28 novembre 2015

Écraser les turricules...

Dans un article intitulé géodrilologie, au mois de mars dernier, je vous contai l'histoire aventureuse de mes lombrics commensaux.

Le mois de novembre leur semble favorable aussi pour traiter la terre à leur façon. Je vous rappelle qu'ils l'ingurgitent, y prélèvent les éléments nécessaires à leur survie et la rejettent sous forme de jolis petits granules accolés, qui vont bientôt former de minuscules "cônes de déjections"*, percés d'un trou central.

Voyez comme ils sont actifs après une période de pluie :


Ces petits monticules de terre fine, ces tortillons qui portent le joli nom de turricules, sont un plus pour le sol aride de mon jardin. Ils l'aèrent et combinés avec les déjections restées dans les galeries, ils sont l'équivalent d'un humus généreux. Seulement, la tondeuse va les décapiter et les emporter dans son souffle vers le sac aux déchets verts.

C'est pourquoi j'ai choisi de les écraser, une fois secs afin qu'ils profitent à l'endroit.
Avec le dos d'un râteau, c'est chose aisée...



Excusez-moi, je crois qu'on m'appelle :
— Peux-tu venir, j'ai besoin de toi.
— Désolé, je suis occupé : j'écrase les terricules.
— QUOI???



(Photos D.C.O.)

*Le clavier me démangeait, je n'ai pas résisté à l'envie d'utiliser cette expression apprise au lycée, et que je n'avais plus eu l'occasion de dire ou d'écrire...
Un cône de déjection (au singulier), est en réalité la partie finale de la ravine sculptée par l'écoulement des eaux de pluie, dans une falaise. C'est l'endroit le plus bas, où les matériaux détachés par le courant s'éparpillent en prenant une forme ressemblant à une portion de cône. 
Évidemment cela n'a rien à voir avec mes petits tortillons.

jeudi 5 novembre 2015

Vous avez dit “sciences traditionnelles“ ?



Nombreux sont les curieux chroniques — qui me ressemblent — prêts à s’intéresser à des sujets peu académiques, à des notions que les scientifiques et les penseurs modernes mettent en doute ou réfutent, à des domaines dont on ne sait pas vraiment s’ils sont à classer dans les légendes ou dans la réalité de l’homme.
Souvent, ces personnages à l’esprit en éveil ne savent quoi en penser. Parfois, leur quête les jette à corps et argent perdus dans les bras de gourous, ou de charlatans à l’affût. D’autres fois, ils restent sur leur quant-à-soi, conscients de leur frustration.
 
La culture n’est pas limitée à telle ou telle branche de la connaissance, et cette dernière n’a aucune raison d’être cautionnée ou non par la science, pas plus que par les historiens ou les philosophes, les mathématiciens, ou l’autorité religieuse. Elle est infinie, et son abord ne pose qu’un seul problème, important, qui est celui de la vérité : est-ce que ce qui m’intéresse ici est vrai ? Le rédacteur est-il qualifié pour parler de ça ? Y a-t-il quelque chose d’oublié, de perdu dans le temps, de déformé par ignorance ou de caché par calcul ?
Autant de questions auxquelles il est très difficile de répondre : une aubaine pour les escrocs de tout genre qui n’hésitent pas à mijoter leur petite salade appétissante, assaisonnée de formules charmeuses récupérées à droite et à gauche.
C’est le cas, par exemple, de la sophrologie, de la kinésiologie, du yoga, du tai tchi tchuan, etc. Le contenu ne correspond plus à ce que désignait le nom à l’origine. La doctrine de base (indispensable pour savoir ce qu’on fait, et pourquoi), est absente ou totalement ré-inventée. Seule l’avidité des officiants est réelle…

C’est ainsi que la médecine chinoise antique, qui m’est familière aujourd’hui, était autrefois pour moi bien mystérieuse. Ces histoires de traitements à l’aide d’aiguilles ne pouvaient pas être sérieuses !
J’avais raison. Et tort.
C’était vrai, parce qu’il ne s’agissait à l’époque que d’acupuncture, dont les promoteurs occidentaux n’étaient pas qualifiés, avaient été mal renseignés, trahis par des traducteurs qui ne connaissaient rien au sujet.
C’était faux, parce que la véritable médecine chinoise ne consistait pas en cette simpliste aiguillo-thérapie qui n’était qu’un assemblage hétéroclite de procédés que leur origine exotique rendait un peu magiques, parsemés d’erreurs et de lacunes, sans liens aucuns avec une base traditionnelle, comme cela aurait dû l’être.

Puis, j’ai eu la chance de rencontrer LE spécialiste de la médecine chinoise traditionnelle, Jacques André Lavier, qui en a montré la profondeur et l’extrême rigueur. Et depuis notre rencontre avec les enseignants et les chercheurs chinois dont j’ai parlé plus haut*, j’ai la preuve qu’il est sans doute le seul au Monde à avoir non seulement compris cette science, mais à l’avoir restaurée presque exhaustivement. L’un n’allait pas sans l’autre. La mort l’a malheureusement empêché de terminer une tâche commencée 40 années plus tôt. 

Ce préambule me permet donc de parler légitimement de la véritable médecine chinoise traditionnelle comme d’une science à part entière, et qu’en bons cartésiens, nous avons envie de comparer à nos modernes connaissances.
Mais la comparaison est impossible. Je vais essayer de vous expliquer pourquoi.
La médecine dont il s’agit ici ne porte pas l’attribut traditionnelle par hasard : elle tire son argumentation des Principes universels sur lesquels s’appuie la Tradition primordiale. Ces principes sont le résultats de constats, ce ne sont pas des constructions intellectuelles, ni des théories philosophiques.
L’homme de la Tradition se savait partie intégrante de son environnement terrestre et céleste, et pensait devoir en suivre précisément les cycles. Ceux-ci, organisés par le ciel (rythme circadien, saisons, lunaisons, etc), donnaient à ce dernier une importance toute particulière qui poussait l’homme de l’époque à vouloir en respecter les incitations, dont voici la plus banale d’entre elles :
"Quand il fait jour, je me lève, quand il fait nuit, je me couche"…
D’autres observations de la nature qui l’entourait, avaient permis à l’homme de comprendre le Monde qui l’abrite, avec sa hiérarchie indiscutable, avec ses facettes qualitative et quantitative.
Restant à l’affût des phénomènes cosmiques, l’Homme commençait ainsi à se construire un mode de pensée particulier, connu sous le nom de Tradition primordiale, ou grande tradition, universellement répandue. L’homme va établir, pour s’y conformer, des lois de correspondance à partir de ses observations. En Chine, la tradition va alimenter le taoïsme. En Occident, elle va perdurer jusqu’au Stoïcisme, qui disparaîtra en même temps que se répand le christianisme.

Dans cet état d’esprit, les auteurs du Nei Tching Sou Wen (le plus ancien livre connu sur la physiologie), laissent entendre que, sans le Ciel, l'homme ne pourrait vivre longtemps. Ils expriment ainsi la nécessité des influx célestes pour le maintien en vie de l'individu, ou pour la pérénnité de l'humanité tout entière — alternative qu'il nous est impossible de trancher, étant donnée notre ignorance quant à la capacité de l'être, ou celle de l'humanité, à continuer une vie normale, c'est-à-dire qui réponde aux critères définis par la tradition, en cas de privation totale et durable de contact avec le Ciel.
Bien sûr, les influx en provenance du Sol sont aussi nécessaires et indispensables. L'homme trouve enfin sa position métaphysique entre le ciel qui le domine et le sol qui le soutient.

La médecine chinoise antique est un exemple de science construite à partir d’une telle connaissance intuitive. Elle ne peut se résumer à une liste de recettes, une succession de procédés thérapeutiques. Son autorité n’est assurée que par ses références à la Tradition : sa complétude n’est obtenue que lorsque sa mise en œuvre est faite sous le contrôle de la connaissance des notions qui lui servent de fondement.
De son côté, une science moderne est le résultat d’un savoir, un savoir qui change selon les expérimentations réalisées, ou les résultats statistiques, un savoir qui s'extravertit au point de simplifier pour mieux vulgariser, et dont une des motivations principales est l’adaptation des éléments naturels (donc du Sol) au bénéfice de l'homme.
C'est donc la connaissance, qui sert de support à toute science traditionnelle : elle est stable comme le sont ses principes, et exprime les possibilités de l'homme qualifié, tel qu’il l’était à l’époque, légitimement porté à entretenir d'harmonieux rapports avec l'environnement (que les métaphysiciens appellent la manifestation), dans le cadre d'une connaissance  initiatique. Une phrase de l'ouvrage Uranologie chinoise de Jacques André Lavier, résume ces divergences :
— "Les anciens Chinois visaient à connaître, alors que notre scientifique contemporain veut savoir."

En ce qui concerne les moyens d’action utilisés par ces deux sciences, on peut dire que la médecine scientifique moderne veut agir sur la maladie, sans tenir compte de principes extérieurs qui n’entrent pas dans le cadre de ses préoccupations. Quant à la médecine traditionnelle, elle a pour objectif de faciliter chez le malade la réalisation ou la préservation de toutes ses possibilités physiologiques ou mentales, en lui permettant de retrouver une conformité avec les rythmes cosmiques, afin que son organisme parvienne à régler ses problèmes — aidé en cela par des manœuvres thérapeutiques spécifiques, la plupart du temps choisies par analogie avec le macrocosme.
Remarquons au passage l’importance que prend ainsi cette “science du Ciel“ appelée Uranologie, dont je parle par ailleurs*.

Je voudrais faire remarquer, par comparaison, la pauvreté de l’acupuncture basique, mise en évidence par ce qui précède : l’acupuncture ne se suffit pas en tant que médecine, car elle n’est qu’une arme thérapeutique, que ses vulgarisateurs n’avaient pas, faute de connaissances suffisantes, rattachée à une doctrine originelle. 

En conclusion, et d’une façon plus générale, on conçoit mieux maintenant, pourquoi ces deux catégories de sciences (traditionnelle et moderne), ne peuvent se comparer. En outre, il faut rappeler l’importance que prend ici le statut particulier de l’homme primordial, totalement imprégné dans la nature, rasséréné par la conscience de son état privilégié légitime au sein de la manifestation, par l’assurance de son avenir et de sa finitude dans un monde familier dont il était une partie constitutive. 
On ne peut que constater que ce qui nous différencie de lui, est incommensurable.

*Voir mes articles :
- L’uranologie chinoise de retour à la maison.
- L’uranologie nous concerne-t-elle ?

dimanche 1 novembre 2015

Les charençons rouges attaquent!

Aujourd'hui, un petit tour dans mon jardin m'a appris que je n'étais pas à l'abri des attaques du fameux charençon rouge, venu d'Orient, qui détruit les palmiers sur son passage.

Sur ce robuste et jeune palmier des Canaries, une palme montrait des signes évidents de dégénérescence. C'est celle qui se dirige vers le bas de l'image à droite. On voit, partant du tronc des tiges sèches portant les "dattes", dont les bases sont bien attaquées, comme nous le verrons plus loin :



La palme penche car elle est "déchaussée" et prête à quitter le tronc. Voici ce que nous trouvons après l'avoir coupée : un charençon de belle taille (3 cm environ) :


 

Les tiges qui portent les dattes se détachent sans effort, et nous comprenons pourquoi : elles sont rongées à leur base, et dégagent une odeur forte d'huile pourrie.




Nous arrosons le tronc à l'aide du produit conseillé qui sent bon la pomme, mais est dangereux à inhaler. Il nous permet de collecter une quinzaine de charençons un peu groggys, ainsi que des cocons joliment construits :


Les cocons :


Voici la base d'une palme sérieusement blessée, avec le charençon au sortir de son cocon.
Il s'était enveloppé de ce cocon de fibres encore à l'état de chenille, pour y réaliser sa métamorphose. Il était apparemment prêt à prendre son envol. 


La même palme, arrachée sans effort, comme une dent de lait. L'invasion de l'arbre a dû commencer il y a pas mal de temps :



En réalité, je crois savoir que les dégâts sont causés par les larves (chenilles) qui constituent la phase intermédiaire du développement de l'insecte. Ils sont bien enfouis dans cette sorte de feutre résultant de leur mastication :



Quoi qu'il en soit, l'arbre est en fort mauvaise posture, le nombre d'envahisseurs peut atteindre plusieurs centaines qui mettront peut-être quelques mois à tuer l'arbre entier.
Celui-ci semble bien atteint. Il faudra certainement le couper et stériliser la souche et les débris.

Aux dernières nouvelles, les chercheurs comptent utiliser la toxicité d'un nématode qui s'en prend volontiers aux larves de charençon rouge. 

Dans l'attente désespérante de voir disparaître l'un après l'autre nos beaux palmiers, nous nous posons la question : 
— Mais qui des deux gagnera?

(Photos D. C. O.)