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dimanche 7 janvier 2018

Les autos d'avant...

     En cette époque pleine de contraintes et de menaces à destination des automobilistes, il est intéressant de se remémorer le monde automobile tel qu'il était "avant". Et comment le phénomène "collection" s'est petit-à-petit installé, avec l'augmentation du pouvoir d'achat.
     "Avant", c'était quelques décennies en arrière, en cette époque bénie où le conducteur n'était pas considéré comme un voyou lorsqu'il utilisait la puissance de sa voiture, ni comme un pollueur s'il avait le pied un peu lourd, ou s'il pilotait une grosse cylindrée. La vitesse n'était pas hors-la-loi, et les constructeurs ne la cachaient pas. À l'époque, on ne rétrécissait pas les voies, et l'on supprimait les courbes gênantes et les dos-d'âne. Incroyable, mais vrai!


Restrictions vs collectionnite...

Le nombre de collectionneurs de véhicules anciens semble augmenter chaque jour, si l'on en juge le nombre de publications qui sont consacrées à ce hobby, la quantité de structures proposant des pièces de rechanges, le volume des transactions entre particuliers sur le net et ailleurs.
         Dans le monde de l'automobile, les choses étaient bien différentes autrefois. Après la seconde guerre mondiale, l'acquisition d'une voiture constituait un véritable exploit. C'est pourquoi toutes les voitures pouvant rouler étaient sur la route; les modèles d'avant-guerre connaissaient une seconde ou énième jeunesse, et terminaient leur carrière sur les rotules. Très peu de personnes pouvaient se permettre de conserver au garage une voiture-potiche.
        Dans les années 50, on pouvait acheter une Bugatti 34 chez un ferrailleur pour le prix du métal ou guère plus, car il n'y avait aucune demande pour un engin non adapté à un usage quotidien, et pour lequel les pièces de rechange étaient encore plus difficiles à trouver. Un de nos jeunes amis en avait achetée une dans une casse, et après quelques réparations sommaires la conduisait à 180 à l'heure sur les routes libres de l'époque, dans les explosions et les flammes de l'échappement, en attirant la curiosité des passants et les foudres des policiers lancés à sa poursuite sur leurs rudimentaires copies de BMW.
Lorsque la production automobile retrouva un rythme plus normal, la rotation entre les véhicules neufs et d'occasion se régula petit-à-petit. Il devint plus aisé de suivre les progrès des nouveaux modèles en changeant régulièrement de véhicule.
 Petit-à-petit la collectionnite allait faire ses premières victimes. Mais seuls quelques fortunés ou originaux avaient l'idée de conserver leur ancienne auto, ou d'en acheter une pour la garder au fond du garage. Je me souviens avoir été très étonné d'apprendre qu'une connaissance gardait sa vieille 403 Peugeot, "pour son petit-fils". Quelle drôle d'idée! Une 403, symbole de la voiture familiale utilitaire, fabriquée à des centaines de milliers d'exemplaires, allait donc connaître un sort digne d'une Talbot ou d'une Delahaye. Une nouvelle époque s'ouvrait.
 Cependant les autos anciennes continuèrent de rester discrètes et peu recherchées. C'est ainsi qu'en 1969, je vendis ma berlinette Alpine après qu'elle m'eut comblé de joies, parce que j'avais un creux dans mon budget et qu'elle avait suffisamment souffert pour être normalement remplacée. Je pensais qu'elle le serait rapidement. Les choses ne se sont pas passées comme prévu, et sa place au garage ne fut plus occupée que par des véhicules plus utilitaires que ludiques. Le marché de la voiture de collection n'existait pas, et de toutes façons, je n'avais pas la possibilité matérielle de programmer une très hypothétique plus-value en retardant la vente. Car le moment voulait qu'une voiture perdit de la valeur au fil des années, fut-elle de noble origine.

Plaisir au volant vs sécurité...
         Aujourd'hui, en dehors de toute préoccupation spéculative, doit-on se lamenter d'avoir franchi un pas, dans ce monde où le progrès technique nous enchante, nous séduit et nous fait consommer? Doit-on regretter les véhicules anciens que les performances des plus modernes rendent totalement obsolètes?

 Les avancées techniques, dans l'automobile comme dans d'autres domaines, sont tout bonnement extraordinaires lorsqu'on y réfléchit bien. Moi qui ai connu l'époque où l'on allait téléphoner à la Poste, et où l'on recevait les nouvelles urgentes des mains d'un petit télégraphiste, j'ai maintenant en poche un adorable engin qui se prend pour un ordinateur miniature quand on le connecte au web, qui capte des photos à 8 millions de pixels (j'ai rangé mon APN qui ne dépasse pas les 5 millions), qui a une mémoire de 16 Go, qui fait le GPS, la calculette, le bottin, le magnétophone, le dictionnaire, le sonomètre, la console de jeux, la lampe torche, entre autres, et qui permet aussi de téléphoner parfois. Même à l'autre bout de la planète, et quand bon me semble.
Nos automobiles, quant à elles, sont devenues puissantes, économes, sûres, confortables, silencieuses, prévenantes... De quoi se réjouir, non? Comment regretter les anciennes, qui ne dépassaient pas le 130 si elles étaient berlines familiales, ou le 150 en version "sport"? Qui consommaient 10 à 12 litres aux 100 à 80 à l'heure, et vous secouaient les tripes dans un concert de rossignols, ne freinaient plus en bas d'un col, et tentaient de quitter la route à la moindre occasion.
 Je vais vous dire ma pensée : on a le droit de ne pas les regretter compte tenu des incommensurables qualités des véhicules d'aujourd'hui. Mais, lorsqu'on aime les challenges d'une manière générale, leur absence nous prive de sensations brutales mais excitantes, franches et sincères, qui tenaient de leurs réticences à être performantes. La conduite sportive des voitures du milieu du siècle passé constituait souvent un véritable défi. Mais comme tous les défis, il était fait pour être relevé. Par les conducteurs amateurs de sensations fortes. Il l'est aujourd'hui par les amoureux de voitures anciennes, tout au moins par ceux qui ont le courage de les pousser au bout de leurs possibilités, en faisant fi du risque de les casser.
Bien sûr, tous les collectionneurs ne se retrouvent pas dans ce portrait rudimentaire, et l'on ne peut reprocher à certains de prendre le plus grand soin de l'objet matérialisé de leurs rêves, surtout lorsqu'il leur a coûté beaucoup de soins et beaucoup d'argent.
Mais il n'en reste pas moins que nous sommes nombreux à attendre de notre auto du moment, plus de contacts virils ou de sensations génératrices d'adrénaline, que de confort, de silence et de trop molle facilité. Plus de rudesse et de réactions vives, que de douceur et d'ESP.
Un roadster anglais qui sautille sur les bosses et qui décolle des quatre roues sur un petit dos-d'âne emportera nos suffrages, pour peu que la route à faire ne soit point rectiligne. Une berlinette Alpine, légère comme une paille, nous emportera vers un univers merveilleux et grisant, dans des glissements volontaires politiquement incorrects, et les rugissements des deux double-corps Weber, bien plus assoiffés que cela n'est permis aujourd'hui.
Monsieur le Progrès, après nous avoir faussement fait croire que vous déteniez le secret du bonheur, allez vous cacher derrière le monceau de nos désillusions, et pour un moment, fi-chez-nous-la-paix ! On jouit…


Extrait de "Dits d'autos", de l'auteur.

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