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lundi 16 décembre 2013

La moto, de sa naissance à... 1985

Je viens de découvrir, dans une ancienne revue, ce condensé de l'histoire de la moto. Il s'arrête en 1985, époque où a été écrit l'article, qui finit d'ailleurs sur une note pessimiste à propos du marché du deux-roues.
Je ne puis résister à l'envie de vous le présenter, car, si on connaît généralement assez bien l'histoire de l'automobile, ou celle de la bicyclette, la biographie de la motocyclette est moins évidente. Pour moi, elle commençait approximativement à Harley Davidson...
La lecture de ce petit texte va nous prouver combien j'avais tort. Et combien les choses ont évolué depuis 30 ans.


Il y a cent ans presque jour pour jour (c'était le 10 novembre 1885) roulait la première moto. Est-ce en raison de sa nationalité allemande que l’événement passe inaperçu chez nous ? En cette fin de XIXe siècie, seuls trois pays industriels pouvaient donner naissance à la moto. Mais en Grande Bretagne régnait alors une réglementation — finalement abolie en 1896 — qui, imposant à tout véhicule motorisé d'être précédé d'un cheminot portant drapeau rouge, allait laisser le pays à l'écart de cette «révolution» dans la locomotion.

Comme en automobile, c'est donc entre la France et l'Allemagne qu'allait se jouer la partie ; et si la France prenait une certaine aisance avec quelques vélocipèdes à vapeur(dont celui de Perreaux en 1868), et autres tricycles, c'est finalement à Gottlieb Daimler que l'on doit le premier deux-roues à moteur à combustion interne. La moto pour Daimler n'était pas une fin en soi : à la lumière de ce «laboratoire roulant» il allait très vite se tourner vers l'automobile, tant il faut bien reconnaître que les motorisations de l'époque s'accomodaient mal de l'équilibre chancelant des deux-roues. Il faudra encore attendre quelques années les applications pratiques du principe, avec par exemple la Millet de 1892 : c'est plutôt le tricycle qui à cette époque se taille la part du lion, notamment grâce au Marquis de Dion.



En partant du premier plan, nous trouvons : 
La Daimler 1885, l'Hildebrand Wolfmuller 1894, la première BMW R32 de 1923, 
et la BMW K 100RS 1983. (photo Auto moto Retro)


Ce n'est qu'en 1894 qu'apparaît la première moto de série. Heinrich Hildebrand et Alois Wolfmuller produisant alors quelques centaine de (très imparfaits) bicyclindres. Werner, en France, leur emboîte le pas dès 1896, avec le cyclomoteur à traction avant baptisé «motocyclette», qui en 5 ans va sortir à 3.600 exemplaires, et le pas décisif est franchi par ses mêmes frères Werner, lorsqu'ils donnent à l'engin la configuration qu'il a encore aujourd'hui, celle d'un vélo dont le moteur prend place à l'endroit du pédalier. Nous sommes alors en 1901, la moto peut décoller.

A cette époque, on peut affirmer sans chauvinisme aucun, que la moto est suisse, belge, tchèque à la rigueur, mais aussi allemande et surtout française. Mais les Anglais et les Américains vont rapidement refaire leurretard, et lorsque la première guerre mondiale éclate, on a déjà assisté à un certain gel de l'architecture : au foisonnement d'idées du tout début de siècle se sont imposés les principes les moins irrationnels, selon l'implantation fondamentale de Werner. Principal apport du moment : la généralisation des suspensions avant.

L'immédiat après-guerre voit se dessiner les grandes tendances ultérieures : grande richesse technique de l'Italie (mais sans réelle ouverture sur l'extérieur), forte industrialisation de ['Angleterre et de l'Allemagne, et déjà repli de fa France sur des machines plus utilitaires que sportives : essentiellement tournée vers les moteurs adaptables (dans les années 20), les BMA (bicyclettes à moteur auxiliaire, dans les années 30), ou le cyclomoteur (après guerre), la France ne produira plus qu'exceptionnellement des machines nobles, encouragée par une législation locale favorisant les petites cylindrées légères et économiques.

L'âge d'or des années 20 est donc dominé par l'Angleterre, c'est la pleine maturité de la moto, l'époque où elle est à la fois sportive et économique. Avec la crise de 1929, lorsque les automobiles produites en grande série atteindront des prix très compétitifs, la moto se tournera de façon plus décisive vers le sport, la France s'éclipsera alors discrètement...

Au point de vue technique, on note (comme d'ailleurs en automobile), une charnière décisive en 1927 : le réservoir d'essence, jusqu'ici coincé entre les tubes du cadre, trouve sa place définitive à cheval sur l'épine dorsale de celui-ci. Et d'une année à l'autre (sinon du jour au lendemain) cela changera du tout au tout, l'allure des motos.

Dans les années 20, le frein avant est devenu courant, la transmission par chaîne a supplanté la courroie, la lubrification a été activée par une pompe, les freins sont passés du patin au tambour, mais c'est dans le courant des années 30 que la moto prendra sa forme mature : développement des suspensions arrière, commande de boîte de vitesses au pied et non plus à main, allumage par vis platinées, lubrification en circuit fermé. On peut dire qu'à la veille de la seconde Guerre Mondiale, toute la technique moderne est inventée, principalement sous l'impulsion des Allemands et des Italiens.

Au lendemain de la guerre, les quatre grands européens se répartissent les rôles : l'Allemagne reste à la pointe de la technique, l'Angleterre joue à fond la carte de la production industrielle, sans trop penser à innover,l'Italie fait de superbes motos mais les garde pour elle... et la France se lance à fond dans le cyclomoteur, une forme de motocyclisme ignorée de tous les livres retraçant l'Histoire de la Moto mais industriellement non négligeable. Jusque dans les années 50, la moto prend peu à peu sa forme actuelle, avec entre autres la standardisation des fourches télescopiques et des bras oscillants à amortissement hydraulique.

Hélas, la fin des années 50 voit se reproduire le phénomène des années 30 : l'automobile, toujours plus économique, vole la clientèle sage de la moto, et à la relance des années 40 succède le grand sommeil des années 60. La marginalisation durera jusqu'à la fin de la décennie, lorsque le Japon, exploitant au mieux le filon «moto-loisir» prendra la place prédominante qu'on lui connaît aujourd'hui. Les années 70 seront marquées par la récupération du retard technique accumulé durant les «sixties», dans tous les domaines : la moto subira dans cette période la plus profonde mutation de son histoire, avec l'avènement des freins à disques, de l'électronique (allumages, injections, etc), des roues coulées et surtout la révolution plus profonde qu'il n'y paraît des plastiques, inimaginables auparavant, pour l’habillage en général.

Malheureusement, la surenchère dans le futile, couplée à la crise des pays industrialisés, mènera la moto au bord du gouffre dans les années 80 : les ventes chuteront de moitié de 81 à 85, conduisant la moto dans la crise la plus grave de son histoire, guerres mises à part. Les constructeurs, pris de court, n'ont pas encore su trouver l'antidote à cette décadence, mais le nombre de permis passés, comme le bon maintien des immatriculations d'occasions, permet de croire en des lendemains plus chantants : le besoin, ou en tous cas l'envie, de moto demeure, il suffit (si l'on peut dire !) de retrouver un sens de la mesure qui permettra à tout un chacun de re-goûter aux joies saines et pures du motocyclisme. La moto ? Blessée seulement !

Merci à Auto-moto Retro, de novembre 1985.






2 commentaires:

  1. très intéressant cette article. La crise de la moto dans les années 80 ? Les chiffres le disent mais je n'ai la pas senti comme motard !
    Johannes

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    Réponses
    1. Merci, Johannes, je n'avais pas vu le commentaire!
      Une crise vue par les pros, sans doute.
      Amitiés,
      D.

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