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mardi 8 mars 2016

Sédentaire, ou nomade?

      Allez, un peu de sérieux, pour faire travailler nos neurones...


Les Principes à l'origine de la Tradition primordiale ont servi de référence pour créer dans la plupart des civilisations, des sous-traditions, et des religions. La tradition chinoise, totalement oubliée dans son pays, est mieux connue par l'Occident. C'est elle qui va guider notre réflexion d'aujourd'hui.
     Rappelons que les grands Principes ne sont pas des constructions de la pensée, mais le résultat de constats objectifs, comme celui qui montre un Ciel subtil, dominateur et émetteur, au-dessus d'un Sol matériel, récepteur, et soumis à l'Homme. Nous n'insisterons pas sur ce sujet.

     Dans toutes les civilisations, les hommes peuvent être répartis selon deux grands groupes, les sédentaires et les nomades.
     Après s'être livré à l'examen approfondi du Monde qui l'entoure, l'homme primordial cherche sa place sous le Ciel qui le domine, et sur le Sol qui s'offre à lui. Il sera généralement un agriculteur, donc un sédentaire. Il dépend de références spatiales : les siennes sont constituées par les limites et l'orientation de son champ et de sa maison, éléments stables et solides, basés sur le carré — ou tout au moins l'angle droit —, éléments qualifiés par leur direction cardinale, qui varie lorsque l'homme se déplace. C'est pourquoi l'on peut dire par extension, que l'Homme qualifie l'Espace.
     Le carré, l'angle droit, sont des éléments légitimes et obligés du Sol, de l'Espace. Comme le sont le cercle et le compas pour le Ciel et pour le Temps.
     Le sédentaire règle ses activités sur le rythme solaire, duquel dépendent en particulier ses tâches de cultivateur. Chaque matin, l'apparition de l'astre diurne fait renaître la vie, chaque soir, sa disparition derrière l'horizon décide du repos de tous. La succession des jours et des nuits se perpétue dans le rythme saisonnier. Au fil des saisons, apparaîtront dans son jardin les jeunes pousses, puis les fruits, qui, au moment où le Soleil est le plus puissant, s'alourdiront en faisant ployer la tige qui les porte. Viendra le moment de la récolte, puis le Soleil montera moins haut dans le firmament à l'heure de midi. La saison la plus froide ne laissera voir qu'un Soleil faible et bas sur l'horizon, incitant chacun à économiser son énergie.
     Dans une démarche complémentaire, c'est encore le Soleil, dont il étudiera la position à midi, jour après jour, qui lui permettra d'établir son calendrier annuel, et de suivre un programme régulier, serein, sans surprise, dans un monde complet.

     Par rapport au paysan, l'homme nomade s'éloigne des critères les plus traditionnels. Il n'a le plus souvent en guise d'habitation qu'une tente ronde, fragile et provisoire. Il ne se fixe pas dans l'espace non habité qu'il fréquente. Il ne possède pas de terre, ne cultive pas. Il se déplace beaucoup, en fonction de ses besoins conjoncturels, en se guidant sur l'Étoile polaire qui lui est familière. Ses références sont plutôt temporelles, car il manque de repères spatiaux. D'ailleurs, il évaluera même ses trajets en mode temporel, plutôt qu'en unités de distance spatiale. Il dira par exemple :
Tel endroit est à trois jours de marche...
     Ce n'est pas le Soleil qu'il connaît le mieux, mais plutôt la Lune, qu'il examine chaque nuit, lorsqu'il veille sur ses animaux menacés par les incursions des bêtes sauvages ou par les voleurs. Parce qu'il ne connaît bien que le ciel nocturne, il établira un calendrier lunaire, fait de 12 mois.
     En Chine, il sera à l'origine des horoscopes, dans lesquels il cherchera une réponse à ses inquiétudes conjoncturelles.

     Dans l'optique traditionnelle, la prééminence relative du sédentaire sur le nomade peut s'expliquer par leurs positions respectives vis-à-vis des deux paramètres que constituent l'espace et le temps. L'espace, selon la Tradition, est "apparu" d'abord, et répond au nombre 5. Puis est venu le temps, symbolisé par le 6. On peut concevoir qu'il y eut d'abord l'espace, puis que cet espace a "duré ". 
     Comme nous l'affirmions plus haut, le sédentaire respectueux de l'espace, est donc, par sa situation métaphysique, le plus proche de la tradition primordiale, elle-même directement issue du 1, symbole de l'unité principielle. Les activités les plus traditionnelles semblent bien trouver leur origine dans le peuple des cultivateurs sédentaires. 

     Mais ces deux modes de vie sont cependant complémentaires et participent à la conception globale de l'homme entre Ciel et Sol, basée sur le Juste Milieu, position intellectuelle favorite des Chinois qui "se définissaient eux-mêmes comme un peuple stable et hiérarchisé, environné d'êtres inorganisés plus ou moins indéterminés : les barbares"*.
     Et si nous voulons schématiser ce qui précède, l'analogie, et son outil le symbolisme, nous autorisent à représenter le sédentaire et ses fonctions par un triangle (ou un cône) posé sur sa base. C'est une image de stabilité indubitable, comme l'est la vie du paysan :



     Par contre, ce qui imagera le mieux le nomade, agité et furtif, ne pourra être qu'un triangle (ou un cône) posé sur sa pointe. Ce qui donne bien l'impression d'une grande instabilité. Pour rester "droit", le nomade est donc obligé de bouger. Et c'est ce qu'il fait, ne serait-ce que pour trouver de l'herbe nouvelle pour ses troupeaux — comme le fait la toupie sur sa pointe, qui tourne pour ne pas tomber.


 

     Dans une synthèse de notre discours, apparaît une conclusion plus métaphysique que sociologique : c'est la notion de l'homme entier, de l'homme qui, par exemple, habite une maison carrée, mais qui voyage lorsqu'il le doit, ou encore du nomade stabilisé lors d'une halte entre deux errances.
     Il n'est donc pas interdit d'imaginer les deux triangles superposés pour montrer que les tendances sédentaire et nomade peuvent coexister légitimement chez l'homme. 


 

     Le résultat est une étoile à 6 branches, que, dans le présent discours, on peut considérer comme l'image symbolique de l'Homme complet selon Salomon.


*Jacques-André Lavier. C'est de lui que je tiens cette petite histoire de l'Homme...


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