Je poursuis la récupération de certains de mes anciens articles, disparus avec le premier blog.
Que mes lecteurs du début me pardonnent pour cette redondance programmée...
Polyuréthane :
Plâtre :
Que mes lecteurs du début me pardonnent pour cette redondance programmée...
Une sculpture est le résultat d’une
démarche complexe ou interviennent l’imagination, la recherche du beau, et une
certaine technicité. Comme le dessin, elle réclame une bonne perception de
l’espace, mais elle s’en différencie par le merveilleux accès qu’elle se donne
à la troisième dimension.
Le regretté humoriste Jacques Faizant,
grand amateur de vélo, qualifiait le cycliste de “piéton miraculé“.
En le parodiant, on peut dire que le sculpteur est un dessinateur miraculé. Car
la sculpture lui permet de créer des volumes dont le relief et les ombres vont
constituer les éléments esthétiques essentiels de l’œuvre. Cependant, sa tâche
sera beaucoup plus longue et délicate, car , si pour un dessin il n’y a qu’un
seul point de vue, qu’un seul “profil“, ici toutes les lignes, tous
les profils, toutes les “silhouettes“ doivent être plaisantes à
l’œil.
Pour réaliser une sculpture, on peut utiliser
toutes sortes de matériaux. Le bois, la pierre, le polyuréthane et le béton
cellulaire, par exemple, sont travaillés par soustraction de matière. La terre
par modelage, le plâtre par adjonction. La manipulation du métal est plus
variée et plus complexe, comme nous le verrons en suivant les étapes
principales de la réalisation de cette sculpture.
Voici une sculpture en cerisier :
Plâtre :
La statuette qui nous intéresse
aujourd'hui est faite de pièces de tôle de cuivre, travaillées séparément et
soudées les unes aux autres, un peu comme la statue de la Liberté. Mais ici la
rigidité sera suffisante sans qu’il soit besoin d’une armature intérieure.
L’avantage de ce procédé tient dans la
précision que l’on peut obtenir en travaillant le métal. On peut le tordre, le
modeler, le couper, rajouter des morceaux, dessouder et recommencer si l’on n’a
pas atteint le résultat espéré.
De plus, le cuivre rouge dégage une
certaine “chaleur“, et il donne un peu la même impression que le
bronze coulé qui lui, exige des moyens hors de la portée de l’amateur.
Ces griffonnages
préparatoires ne sont qu’une partie de tous ceux, très nombreux, que j’avais
faits à cette occasion :
L‘idée prenant corps, je me suis penché sur
les planches anatomiques pour travailler la représentation réaliste de la
musculature, car je voulais privilégier l’impression d’effort.
J’ai ensuite fait cette grossière maquette
en plâtre, de la taille de l’objet à réaliser :
Il faut fabriquer les éléments constitutifs
qui seront soudés entre eux. A l’aide d’un papier calque, je relève sur le
modèle en plâtre, la forme d’un secteur. Le choix de la forme et de la taille
des « morceaux » est libre. Dans le cas présent, je serai guidé par
la forme des éminences musculaires.
Je pose le dessin sur la plaque de cuivre
et repasse le contour à l’aide d’un cutter qui va laisser une marque sur le
métal :
Je découpe la tôle. (Pour la photo, j’ai
repassé la marque du cutter avec un feutre) :
Il faut donner à ce morceau de métal le
relief voulu. Ce sera fait par martelage. Le cuivre se prête bien à cette
technique, grâce à sa malléabilité, exploitée depuis toujours par les
dinandiers.
Cette qualité peut être encore augmentée
par la chaleur : on chauffe le cuivre au rouge, puis on le trempe dans
l’eau pour le refroidir. Au contraire de l’acier, il devient plus malléable au
lieu de durcir.
Le martelage, effectué sur une enclume en
creux, permettra d’obtenir le relief désiré. A condition de disposer de
marteaux dont la panne est arrondie. On voit ici au fond, un marteau du
commerce et deux marteaux avec un rayon de courbure plus petit, construits par
mes soins. Celui qui se trouve au premier plan permet de réaliser des bossages
de très petit rayon.
Compte tenu de la malléabilité du cuivre,
il n’est pas nécessaire de disposer d’enclumes en métal. Des formes concaves
ont été réalisées dans un billot de bois, à l’aide d’une fraise, et en fonction
des nécessités. On voit ici différentes formes de creux.
Le morceau de métal, posé sur une des
formes du billot est martelé à la demande. On travaille jusqu’à lui donner le
relief désiré, qui s’obtient facilement. Dans une forme creuse adéquate, on pourrait, par exemple, réaliser une forme parfaitement hémisphérique, uniquement par
martelage.
La pièce est essayée sur la forme en plâtre, pour
voir si une retouche est nécessaire :
Lorsqu’on a obtenu le bon contour, le bon
relief, on procède au soudage à l’aide du chalumeau et de la brasure adaptée.
A ce stade, le problème majeur vient de la
difficulté de tenir la pièce en place pendant le soudage. Pour cela, j’utilise
différents moyens : étau, pinces diverses, bricolages. J’ai reconstitué
ici un montage montrant comment on peut maintenir deux pièces côte-à-côte pour
permettre le soudage :
Petit à petit, la statuette est réalisée,
chaque élément étant simplement soudé aux éléments voisins par points, pour
permettre un démontage facile en cas de besoin. Plus tard, tous les espaces
vides seront comblés par de la brasure :
Lorsque l’objet est terminé, il faut souder
une tige filetée qui servira à maintenir la sculpture sur son socle à l'aide d'un écrou.
Le résultat est proche de la maquette en
plâtre. Je n’ai pas continué avec les bras et la tête. On comprend maintenant
pourquoi j’ai appelé cette sculpture “L’effort inachevé“.
Il ne reste plus qu’à signer…
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