le blogadoch2

le blogadoch2

jeudi 29 octobre 2015

Parlons encore des Trois Étages…


Dans un précédent article, nous avions montré comment l’on pouvait concevoir de manière logique la physiologie de l’être humain selon une échelle de valeur qualitative. Ce qui nous avait permis de comprendre le fameux schéma de Meng Tzeu, auquel il a été aisé de donner une connotation métaphysique.
En continuant d’appliquer l’analogie, nous pouvons développer notre réflexion.

Considérons l’homme dans son milieu : dire que l'homme est vertical constitue un irréfutable pléonasme… Il s'insère de facto, entre le Ciel qui le domine, et le Sol qui porte ses pas. Sa structure métaphysique confirmant sa verticalité*.

Maintenant allons plus loin, et tentons d'imaginer les réactions de cet homme, pontife dès l'origine, lorsqu'il établit ses premiers rapports avec le monde qui est le sien. A ses pieds, le Sol est stable, inerte, palpable, mesurable, fini : toutes notions répondant à la quantité. Au-dessus de lui, le Ciel est changeant, en fonction des variations atmosphériques, ou du déplacement continuel des corps célestes. Il est impalpable, non mesurable, indéfini et correspond donc à des critères qui ne pourront être que qualitatifs.


Puis, notre homme ne tardera pas à se rendre compte de la prédominance du Haut sur le Bas, du Ciel sur le Sol : le premier, foyer d'émissions diverses, évidentes comme la lumière du jour, la chaleur du Soleil, le froid du vent ou l'humidité de la pluie; le second, inévitable récepteur.

C'est ainsi que, par ses propriétés matérielles, le Sol deviendra le symbole de la substance, alors que le Ciel, subtil, représentera traditionnellement l'essence.

Conséquence symbolique de ce premier principe : ce qui est le plus qualifié se trouve en haut. La qualité diminue et la quantité augmente en allant vers le bas. C'est ce que nous constaterons en examinant la structure anatomo-physiologique de l'homme.

En effet, toujours par analogie, on peut dire qu’à la verticalité physique de l'homme s'ajoute — dans sa structure même — une hiérarchisation symbolique, la notion de qualité s'appliquant de façon dégressive selon les étages de sa propre constitution organique, ou l'importance vitale de ses fonctions. Ainsi :

- la boîte crânienne, solide coffre-fort qui protège les organes permettant les activités les plus intellectuelles et les plus vitales, est située près du Ciel;

- à l'inverse, les vulgaires organes abdominaux, destinés au traitement et à l'évacuation des éléments matériels, occupent une situation inférieure, et ne sont que très peu protégés par une mince paroi musculaire;

- à mi-distance, la cage thoracique assure la préservation des fonctions qui gèrent les rapports du sang et de l'air, éléments plus qualifiés et plus subtils que les aliments, par exemple. Elle est moins solide que la boîte crânienne, mais plus protégée que l’abdomen.

Les cartésiens me diront que ce dernier paragraphe n’est que le résultat d’une mauvaise interprétation, et que le crâne est solide tout simplement parce qu’il contient des organes précieux. Que la cage thoracique n’est pas rigide pour permettre la réalisation du phénomène respiratoire. Que la paroi de l’abdomen est souple pour faciliter les mouvements, ou permettre les variations de volume du contenu digestif.

Ce n’est pas faux, si l’on quitte le point de vue du métaphysicien pour celui du physiologiste de base.

Nous reviendrons sans doute sur ces notions étrangères à notre culture classique universitaire, que ne peuvent de ce fait développer ni les thérapeutes, ni les philosophes. Le mode de pensée qui a orienté et contrôlé leurs études ne s'y prêtant pas. Mais pour ceux qui refusent les œillères imposées par les règles de notre civilisation, les découvertes sont surprenantes qui nous offrent une autre façon de voir l'être humain, et de concevoir la vie.



*La plus grande partie de ce texte est tirée de mon ouvrage Les Ciels de l‘Homme, une étude sur l’uranologie chinoise, une science du Ciel appliquée à la préservation de la santé, ou à la guérison de l’homme. Cette science, découverte dans d’anciens documents chinois et reconstituée après de longues années de recherches par Jacques André Lavier, est inconnue en Chine aujourd’hui.
J’ai participé en juin 2014 à un congrès au sein de l’Université de Médecine Chinoise de Kunming — une ville de 6 millions d’habitants —, où j’ai fait un exposé sur l’uranologie chinoise. Les enseignants locaux en ignoraient le premier mot.