le blogadoch2

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jeudi 15 janvier 2015

À cause de l'actualité...

À cause de l'actualité et de l'immense émotion qu'elle a suscitée, des échanges parfois violents ont lieu sur les réseaux sociaux, dans les forums, et sans doute au sein de quelques blogs.

Je pensais pouvoir ici éviter les sujets qui divisent, sachant bien qu'aucun des lecteurs opposés à son opinion ne sera convaincu par l'auteur. Mais les événements récents sont si graves qu'il importe que certaines vérités soient dites. 

Peut-être même seront-elles entendues, et feront disparaître chez certains le sentiment artificiellement imposé de culpabilité vis-à-vis de ces pays qui nous doivent d'exister.

Voici le préambule que j'écrivais dans le calme de mes réflexions autour de mes souvenirs d'enfance qui allaient être publiés sous le titre "Les couleurs de l'Atlas" :



— Mais l'Algérie était une colonie!
— Et alors?

Bien que le propos de ce recueil de souvenirs soit dénué de toute intention politique, le lecteur d'aujourd'hui ne pourra s'empêcher de rapporter les événements décrits, au statut politique d'alors de l'Afrique du Nord. Et peut-être à la situation précaire de cette région aujourd'hui.

En quelques mots, essayons d'apporter un éclairage objectif sur cette question, afin que des sentiments injustifiés de défiance ne viennent pas jeter une ombre sur les candides anecdotes qui composent cet ouvrage.

Il est vrai qu'aujourd'hui, l'évocation de la période coloniale de la France ne se fait généralement que du bout des lèvres, en pesant bien ses mots, et en évitant les qualificatifs trop généreux. Une attitude dictée par une pensée soi-disant “politiquement correcte”, qui suppose la France d'alors coupable d'ingérence brutale et injustifiée, et de sévices envers des pays innocents.

Sans pour autant nier les aspects critiquables de la colonisation, je pense cependant que la réalité historique mérite d’être précisée.
Rappelons tout d'abord qu'avant l'arrivée des Européens, l'Afrique du Nord était peuplée d'envahisseurs venus, après les Romains et bien d'autres, des pays arabes du Moyen-Orient. Ils devinrent ainsi les sixièmes ou septièmes colonisateurs de l'originel pays numide, dont les derniers survivants berbères semblent bien se trouver chez les Kabyles en Algérie, chez les Chleuhs au Maroc, ou encore chez les Tamasheks plus au Sud.

Il faut dire aussi qu'au XIXème siècle et au début du XXème siècle, la culture occidentale se complaisait dans des élans pacificateurs et civilisateurs : chacun pensait qu'il était du devoir des peuples les plus avancés d’aider ceux qui étaient restés à un stade de développement social et économique comparativement retardé. Le clergé, pour sa part, se faisait fort d'évangéliser tous ces peuples, qu'il considérait comme privés de spiritualité et même de morale.
On peut supposer bien sûr, que la perspective de l'exploitation possible de richesses minières non exploitées, ou de terres souvent sans nom ou dédaignées, ait servi la cause des partisans de la colonisation.

Enfin, il est impossible de passer sous silence le fait que la France était continuellement victime, en ses provinces méridionales, de razzias barbaresques qui emmenaient une partie de leur jeunesse en esclavage, après avoir pillé récoltes et foyers, et cela plusieurs fois par an. Elles duraient depuis si longtemps que les villages méridionaux s'étaient réfugiés sur les pointes des collines, pour tenter, en vain, d'y échapper. Parmi les raids les plus meurtriers, on cite par exemple le sac de la campagne toulonnaise par une véritable armée de 5000 hommes, venus du Maghreb sur une flottille de cinquante navires qui s'étaient ancrés dans l’anse de Sainte Marguerite.
Une mise au pas de ces pillards opportunistes fut jugée nécessaire.

Le coup d’éventail donné par le Bey d’Alger à un diplomate français fut, historiquement, l'élément déclencheur de l’occupation de l’Algérie. Les habitants de l'Afrique du Nord, eux-mêmes précédents colonisateurs comme nous le savons, qui n'avaient pas fait évoluer les conditions de vie depuis le départ des Romains, offrirent finalement assez peu de résistance à l'avancée et à l'installation des troupes françaises, malgré, ici et là, quelques barouds d'honneur.
Plus tard, une fois la pacification réalisée, ce fut entre les deux communautés, le début d’une longue période de cohabitation harmonieuse et d’échanges fructueux dans les divers domaines de la vie sociale, économique, politique ou militaire.

Des français, plus aventureux que d’autres, ou certains, déstabilisés dans leur province natale, comme les Alsaciens, ainsi que divers européens, avaient accepté, sans états d’âme, de se lancer dans une aventure dynamique, vers ces jeunes pays, ensoleillés mais frustes, éloignés mais sécurisés, à la rencontre de peuples encore privés des connaissances, des réalisations, et des facilités du monde moderne.
Certains participeront à l'installation des infrastructures techniques, comme les routes, les voies de chemin de fer, les écoles, les barrages hydro-électriques, ou les hôpitaux. D’autres mettront leur énergie dans la réhabilitation des terres incultes, offrant eux aussi, aux populations locales, des opportunités d’embauche. Et tous les services nécessaires à la vie d'une société en expansion vont se créer naturellement.

Chacun sait — mais fait mine d'oublier — que la population de l'Afrique du Nord d'origine européenne occupait dans son immense majorité, des professions tout à fait classiques, et n'exploitait personne. Les offres d'emploi étaient nombreuses pour tous, européens ou autochtones. Naturellement les rémunérations des salariés répondaient à la loi du marché, car, comme partout dans le monde, et comme toujours, le montant des salaires était régi par la règle officieuse mais universelle, de l'offre et de la demande.

Rappelons en aparté, que seules, certaines peuplades indigènes pratiquaient par tradition, depuis des temps immémoriaux, l'esclavage. Un comportement qui perdure encore de nos jours, sans que les bonnes âmes ne s'en émeuvent le moins du monde.

Au contraire, parmi les actions philanthropiques organisées après la pacification et pour donner un exemple, c'est la plupart du temps par vocation que les enseignants furent spontanément enclins à se sentir investis de la noble mission d'apporter le savoir. Après tant d'autres, avec tant d'autres, ce fut le cas de mes parents.
Et jamais les instituteurs, pas plus que les autres migrants, n'eurent à se plaindre d'agression à leur encontre. Au contraire, la présence française et l'enseignement prodigué en langue française, furent appréciés... jusqu'aux premiers troubles terroristes — qui, justement pour cela, frappèrent d'abord des enseignants —, c'est-à-dire pendant près d'un siècle et demi de coexistence pacifique.

C'est donc dans une ambiance sereine et dans un pays radieux, au cours de la première partie du XXème siècle, que mes parents exercèrent leur fonction digne et gratifiante, et que j'eus le bonheur de vivre les premières années de mon existence, celles qui laissent tant d’impressions.



Nota : Les commentaires sont les bienvenus.