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mardi 24 mars 2015

Un peu de géodrilologie ?

Comme chacun sait, la géodrilologie est la partie de la zoologie consacrée à l'étude des vers de terre, ou lombrics.

Dans mon jardin, ils sont très actifs en ce moment, et ils le couvrent de petits amas de terre fine, agglomérée en petits nodules de la taille de grains de riz. On les appelle les turricules, et ils peuvent atteindre 10 à 12 cm de haut, avec une forme de cheminée.
La terre qui les constitue a été modifiée par son passage dans le tube digestif des lombrics. Elle contient d'intéressants nutriments.




Voici d'ailleurs ce qu'en dit M. Wikipedia :

"Les vers de terre jouent un rôle fondamental dans la production, la structuration, l'entretien et la productivité des sols, forestiers, prairiaux et agricoles notamment, avec des fonctions différentes selon le compartiment occupé et leurs déplacements quotidiens ou saisonniers.

Les vers de terre dispersent des métaux, des bactéries et de nombreux autres microorganismes et propagules ou réputés indésirables pour le compostage (comme la bactérie Escherichia coli  0157) ou l'agriculture (ex :Fusarium oxysporum) neutres ou utiles (dont des nématodes comme Steinernema  spp. et spores de champignons mycorhizateurs). En cela et grâce à leur aération et travail du sol, ils interfèrent positivement aussi avec l'activité et la compétition souterraine des plantes pour les nutriments. Ils jouent un rôle écologique majeur en termes d'aération et de micro-drainage du sol. Dans la restauration de sols dégradés ou contaminés, ils jouent un rôle important de pionniers, avec des effets de bioturbation qui peuvent modifier la cinétique environnementale de certains polluants (Cf. bioaccumulation )".




Comme quoi, la Nature a tout prévu... même de créer des êtres capables de restaurer et de désinfecter les sols.


Ne nous quittons pas sans que je vous présente le plus grand de mes lombrics commensaux en pleine exploration. On le voit ici dans une phase d'extension maximale, se diriger vers le haut de la photo :



(Photos DCO)

dimanche 1 mars 2015

L’uranologie chinoise est de retour à la maison…



Un hommage des intellectuels chinois à un chercheur français autodidacte...

Il y a plusieurs mois, je promettais aux lecteurs de ce blog le récit de mes aventures… intellectuelles, en Chine. J’attendais d’en faire part en premier lieu à mes collègues de la société savante dont je suis membre.
Ce projet de communication devant l’Académie du Var a avorté pour des raisons qui me sont étrangères, ce qui me rapproche de mon clavier sans état d’âme, et me conduit à divulguer le contenu de cette causerie, bizarrement rejetée par le comité de lecture.
Je suis persuadé que, parmi mes collègues de là-bas, et parmi mes lecteurs d’ici, nombreux sont ceux qui ont l’esprit suffisamment ouvert pour aller au-devant de nouvelles connaissances, sans attendre l’aval de certains esprits… frileux.


Je vais donc vous dire aujourd’hui quelques mots sur une science du ciel appelée tien wenn par les Chinois antiques, telle que l’a reconstituée Jacques André Lavier. Je vous parlerai ensuite de l’hommage qu’a réservé à ce personnage étonnant, une grande université de médecine traditionnelle de Chine.
Ce qui constitue en soi un événement culturel non dénué d’intérêt, ne serait-ce que par sa rareté.

1.- Quelques mots sur cette science du ciel :
Les savants chinois de l’antiquité n’eurent nul besoin d’une formation scientifique pour appréhender les données de leur environnement, et les causes premières de la manifestation qui les abritait.
Une simple observation leur permit de constater la qualité du ciel comparativement au sol, et de se rendre compte combien le premier était un incessant et puissant émetteur, à destination d’un sol, inévitable et sensible récepteur.
Après avoir remarqué, comme nous le fîmes en Occident, l’influence de la lune sur les océans, et celle du soleil sur les rythmes biologiques, ils se demandèrent si, en plus des variations climatiques, les jours, ou les saisons ne transmettaient pas aussi des influx plus subtils, permettant, au printemps la renaissance de toutes choses, puis la maturation de l’été, et ensuite, l’aboutissement des récoltes et la préparation de la nature à la froide saison à venir.

Il leur semblait en effet que le sol, lieu de vie de l’être humain, était l’objet et le réceptacle d’incitations non seulement météorologiques temporelles et saisonnières mesurables, comme la température, le degré hygrométrique, le vent ou la pluie, mais recevait aussi d’autres influx qualitatifs et subtils, d’origine spatiale.
Cette hypothèse n’est pas incongrue pour qui a entendu, bien avant l’aube, dans la nuit encore noire, le réveil des oiseaux, ou le chant du coq, sans parler de l’agitation naissante dans les étables. Un message autre que quantitatif, autre que l’apparition des premières lueurs du jour, leur a bien été envoyé, sans doute sur un mode qualitatif…
Mais comme ce message n’est pas mesurable par une méthode scientifique, ce phénomène n’a pas lieu d’être étudié par nos “savants“, qui ne connaissent que ce qui répond à leurs critères.

Et si cette énergie supposée, si elle vient du ciel, varie avec les saisons, c’est sans doute parce que le ciel physique (astronomique) est continuellement changeant, et ne nous présente pas les mêmes zones pendant un temps égal, d’une heure à l’autre, d’un bout de l’année à l’autre. Nous savons tous que le ciel d’une soirée d’hiver n’est pas le même que celui d’une nuit d’été, par exemple. Les étoiles présentes ne sont pas les mêmes. Et les étoiles étant fixes par rapport à la voûte étoilée, ce sont donc des zones différentes que nous voyons défiler, signalées par des index reconnaissables : les étoiles.

Pourquoi ne pas s’intéresser aux différentes zones du ciel, et les comparer aux effets induits sur les composants de notre environnement? Pourquoi ne pas repérer les étoiles caractéristiques de chaque saison, afin de mieux identifier les zones du ciel correspondantes, et d’en reconnaître les effets d’une année sur l’autre?

Et si l’on admet qu’une saison est à l’origine d’un type d’énergie particulier, le maximum de cette énergie devrait être atteint lors de la pleine saison, c’est-à-dire au solstice ou à l’équinoxe. Des périodes bien précises que les Chinois anciens considéraient fort logiquement comme le milieu des saisons, des jalons répétés chaque année, qu’il fallait identifier.

On comprend alors pourquoi, il y a plusieurs milliers d’années, l’Empereur Yao décida d’envoyer des astronomes dans les 4 provinces cardinales, au moment de ces jalons saisonniers, en leur demandant de choisir une étoile facilement reconnaissable qui se trouverait au méridien, à minuit, pendant la nuit du solstice ou de l’équinoxe. Je rappelle que les étoiles étant fixes par rapport à la voûte céleste, cette étoile servirait ensuite d’index pour désigner telle ou telle partie du ciel.

Voici donc résumée la première étape d’une réflexion qui allait mener à la création de cette science chinoise du ciel, que Jacques André Lavier a appelée uranologie chinoise, pour la distinguer de l’astronomie déjà très bien connue des proto-Chinois, ou de la peu sérieuse astrologie aux 12 animaux symboliques, créée plus tardivement par les nomades.

Continuons…
La pensée taoïste, en vigueur à l’époque proto-historique qui nous concerne, utilise le symbolisme pour exprimer des notions pas toujours évidentes, et pour faciliter aussi l’établissement de parallèles analogiques. Les deux principaux systèmes symboliques étant le yin-yang et les Cinq Eléments ; l’analogie en étant l’instrument.

Il était donc facile, par analogie de voir ce qui se passe, non plus en une année de 4 saisons, mais au durant un nycthémère, cette période de 24 heures comprenant une journée et une nuit, au cours de laquelle le ciel fait un tour complet autour de la Terre (ou semble le faire).
Ce qui a permis d'identifier, dans la voûte céleste “qui défile autour de nous“, 4 zones qui défilent en 6 heures environ chacune, que l’analogie peut rapporter aux 4 Éléments chinois dits périphériques, qui sont : le Bois, le Feu, le Métal et l’Eau. La Terre, Élément de référence n’étant pas concernée ici (ou bien elle est concernée toute l’année, ce qui revient au même).
Le rapprochement de ces 4 zones célestes avec les Éléments chinois est d’autant plus facile que les saisons sont déjà symboliquement rapportées aux Cinq Éléments :
- Le printemps au Bois : dynamisme et pousse des végétaux ;
- L’été au Feu : canicule, maturation ;
- L’automne au Métal : récolte, début de l’endormissement de la nature ;
- Et l’hiver à l’Eau : sidération dans l’immobilité hivernale.


Puisqu'il ne s'agit plus de l'année, mais du nycthémère, on trouvera une analogie avec les saisons dans la division du nycthémère en 4 périodes  : matin (Bois), journée (Feu), soirée (Métal) et nuit (Eau).

Le raisonnement a dû se poursuivre de la façon suivante : si ces 4 zones célestes bien spécifiques existent et sont actives, elles doivent donc agir également quelques heures à chaque nycthémère, lorsqu’elles passent dans notre firmament.
Prenons l’exemple de l’étoile du printemps : lors d’un nycthémère de printemps, l’étoile indiquant le printemps (Regulus) montera haut vers le zénith et restera longtemps dans le ciel, alors que, au cours du même nycthémère, celle de l’automne, 12 heures plus tard, n’y fera qu’un bref passage, au ras de l’horizon. Et rappelons-nous que la zone céleste indiquée par Regulus est toujours censée envoyer de l’énergie de type Bois-symbole, le Bois étant l’Élément associé au printemps.

Applications à l'homme
Fort de ces constats, les savants proto-chinois considérèrent alors comme légitime d’imaginer l’existence d’une résonance harmonique entre le ciel émetteur, et l’homme, lui-même partie intégrante de la manifestation, et l’un des “récepteurs“ terrestres obligés.
Les fonctions biologiques de l’être humain étant réparties elles aussi selon les Cinq Éléments symboliques (analogie), il devenait évident de considérer que ces influx subtils, de même nature, provenant du ciel, pouvaient avoir des effets sur la physiologie de l’homme.

Un corollaire de cette conclusion est du domaine de la thérapeutique, et peut s’exprimer ainsi  : en cas d‘atteinte pathologique, le médecin chinois traitera l’Élément malade en tenant compte de la position dans le ciel de la zone énergétique correspondante, elle-même signalée par l’astre de la saison. Il faudra donc donner le soin:
- pendant la croissance de l’astre vers le méridien si l’Élément présente une carence (pour bénéficier d’un apport supplémentaire d’énergie, un peu comme dans le mouvement d'une marée montante), 
- ou au contraire, pratiquer le soin pendant sa décroissance ou en son absence, si l’Élément est en excès (pour aider à diminuer la quantité d'énergie morbide, marée descendante).

Je ne suis pas certain que les Sages chinois de l’antiquité aient raisonné de cette façon schématique, mais c’était pour moi une façon simple de vous faire aisément comprendre les principes de base de la thérapeutique uranologique chinoise.
Il y aurait beaucoup à dire sur cette science, dont seuls les premiers éléments semblent simples…
Je n’ai parlé ici, volontairement, que des étoiles. En réalité l’uranologie chinoise compose aussi avec les 5 planètes qui étaient visibles à l’œil nu pour les proto-Chinois (Jupiter, Mars, Saturne, Vénus, Mercure), et avec nos deux luminaires, le soleil et la lune.


2.- L’uranologie de retour à la maison

Après ce petit tour d’horizon sur les principes de l’uranologie chinoise, abordons maintenant la seconde partie de mon exposé, qui concerne les rapports du chercheur chinois d’aujourd’hui avec cette science antique.

Ce n’est plus tout à fait votre cas maintenant, mais, que les occidentaux du XXIè siècle ne connaissent rien de l’uranologie chinoise antique, est un fait banal et, ma foi, bien normal.
A l’opposé, nous, les élèves de Jacques André Lavier, avons été très étonnés de constater que les enseignants de la médecine traditionnelle chinoise des plus prestigieuses universités chinoises, non seulement avaient d’énormes lacunes dans le domaine de la médecine traditionnelle chinoise en général, mais ignoraient tout de cette science du ciel, en particulier. L’entropie dans la transmission de l’information, et certains événements politiques ayant eu raison d’elle, comme de beaucoup d’autres notions traditionnelles qui furent volontairement et drastiquement occultées par une certaine politique totalitaire.
Aujourd’hui, alors que la Chine cherche sa voie et sa place dans un monde nouveau pour elle, on mesure la volonté des universitaires de ce pays de rechercher les jalons perdus de leurs sciences antiques, auxquelles ils attachent une importance intellectuelle, affective, et peut-être économique. (Ils ne négligent pas pour autant la formation universitaire classique des praticiens de la santé, comme partout dans le monde).
Ils se sont déjà intéressés à certains documents qui avaient été sauvés et abrités par des réfugiés partis pour Taïwan, ce petit bout de Chine échappé au communisme, et resté lié de ce fait à une certaine tradition, mais il semble que ces données aient été mal utilisées et déformées.
Ils connaissaient aussi les travaux de certains occidentaux, qu’ils ont traduits en chinois pour l’occasion (on imagine l’accumulation des erreurs lors de ces traductions successives !), et s’y intéressèrent de plus près au cours d’un premier forum consacré à un vulgarisateur très approximatif de l’acupuncture chinoise, mais cependant célèbre en Occident, qui, au siècle dernier, faisait partie du corps diplomatique français en Chine et se passionna pour la technique des aiguilles (Soulier de Morant). La plupart des acupuncteurs occidentaux d’aujourd’hui se sont fiés à ces écrits, dont les travaux de Jacques André Lavier ont montré les énormes insuffisances et les erreurs nombreuses.

Puis, l’animateur de ce mouvement, le professeur Hor Ting, nanti d’un diplôme français d’anthropologie et de sociologie, et proche de l’enseignement de la médecine traditionnelle chinoise en Chine, eut vent des travaux de Jacques André Lavier. Il rencontra sa fille, et mit avec elle sur pied, en juin 2014, le second forum de médecine traditionnelle chinoise occidentale à Kunming (Yunnan), ville de 6 millions d’habitants, comptant plus d’une douzaine d’universités.
Les élèves de Jacques André Lavier, dont je suis, acceptèrent d’animer ce forum, et de venir y parler de ce qu’ils avaient retenu de l’enseignement du patron.
C’était surtout pour eux une façon de rendre hommage à l’inventeur (au sens archéologique du terme) de la médecine traditionnelle chinoise, à cet homme exceptionnel, lisant le chinois à 10 ans, qui avait consacré sa vie entière à un travail d’une qualité et d’une ampleur uniques au monde.

Et c’est parce que j’étais l’auteur d’un ouvrage concernant l’uranologie, que l’histoire m’a désigné pour être, auprès des chercheurs chinois, le rapporteur en la matière.
Mon exposé ouvrit la séance du dimanche matin. Complétant le dossier envoyé auparavant, déjà traduit en chinois et connu des auditeurs, il ne devait durer que 15 minutes un peu protocolaires, suivies de 10 minutes pour les questions éventuelles. L’intérêt de l’auditoire (composé de chercheurs, de professeurs et d’étudiants chinois), fut tel que je suis resté au pupitre pendant plus d’une heure, alors que les discussions et leurs traductions fusaient. Lorsque j’eus rejoint ma place, le professeur Hor Ting est descendu me serrer la main pour me remercier.

En conclusion, voyons quelques images de cet événement inhabituel, au cours duquel quelques Occidentaux passionnés et étonnés, révèlent aux intellectuels chinois, attentifs et reconnaissants, une partie de leurs connaissances perdues.















Au cours de la séance de clôture, il a été décidé par les représentants de l’enseignement universitaire chinois d’ouvrir officiellement un programme de recherche anthropologique sur la médecine traditionnelle chinoise telle qu’elle est pratiquée en Occident par l’École Lavier.
Juin 2015 : Ce programme de recherches est officiellement ouvert depuis quelques semaines et englobe les structures d'enseignement et de recherche créées par Jacques André Lavier, et toujours en activité.

Pour terminer sur une note amusante, je dois vous confier qu’après avoir vécu ces moments rares, lorsque nous avons rencontré dans les rues de Kunming, des Français qui nous ont dit être venus en Chine pour apprendre la médecine traditionnelle chinoise, nous n’avons pas pu nous empêcher d’éclater de rire, un peu cruellement.

Cet article était surtout destiné à rendre hommage à ce personnage hors du commun, mon regretté ami Jacques André Lavier, qui sera bientôt plus connu en Chine que dans son propre pays.

Pour ceux qui seraient intéressés par un complément d’information sur cette étonnante science antique, je signale l'existence de mon livre « Les Ciels de l’Homme » . Le sujet, largement inspiré des travaux de Jacques André Lavier, replace l’uranologie dans le contexte de la médecine chinoise traditionnelle, et est suivi d’une courte réflexion personnelle sur l’inévitable dichotomie de l’espace (une particularité spatiale inédite que je découvre en me référant au mode de pensée taoïste)
Une nouvelle édition est en cours de rédaction, et sera disponible à l'automne*.

(Photos D.C.O)

*Édition disponible ici - 30 € fdp inclus - Contact par "Commentaires" ci-dessous.