le blogadoch2

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mercredi 5 mars 2014

Interrobang et Cie...


Le point exclarrogatif — interrobang, en anglais — est un signe de ponctuation qui combine les fonctions du point d'interrogation et du point d'exclamation.
Le caractère typographique qui le représente est la superposition de ces deux signes de ponctuation (Wikipedia). Voyez comme il est élégant :


C'est l'Américain Martin K. Speckter qui inventa l'interrobang en 1962. À la tête d'une agence de publicité, Speckter pensait qu'un tel signe donnerait plus d'impact à ses publicités. Son nom anglais vient d'une combinaison du mot latin interrogatio (qui veut dire question) et de l'anglais bang, un mot que les imprimeurs utilisent dans leur jargon pour désigner le point d'exclamation.
Disponible sur certaines machines à écrire Remington de l’époque, l'interrobang fut en vogue aux États-Unis pendant les années 1960.
Aujourd'hui, un professeur d'anglais de l'université du Delaware, Ben Yagoda, signale un site consacré à l'historique et la genèse de ce signe .

On peut même le trouver en informatique, sous le code Unicode 8253 ou 203D en hexadécimal.

(Wikipedia)

Utilisé parfois dans certains comics américains, il reste cependant confidentiel, et n'a pas de statut officiel. Il semblerait que le manque d'enthousiasme pour ce caractère vienne du fait qu'il soit trop rigide, trop imprécis puisqu'on perd une certaine nuance en associant les deux signes de façon unique.

En effet, les rédacteurs et typographes se sont demandés si ce signe pouvait vraiment remplacer la combinaison des deux signes classiques se suivant. Ces derniers, selon l'ordre dans lequel ils sont écrits, ne traduisent pas exactement le même sentiment. 
- Le point d'exclamation mis devant le point d'interrogation !? laisse entendre une surprise empreinte de curiosité. 
- Tandis que l'inverse ?! exprime un véritable questionnement, quelque peu teinté d'étonnement.

Wikipedia cite l'usage de ces combinaisons de caractères par Jean Graton, dans une bande dessinée de la série Michel Vaillant (Le fantôme des 24 Heures)
! suivi de ? ne veut pas sous-entendre la même intention que ? suivi de !, comme on le devine dans le texte concerné :
« Comment veux-tu que je le sache !? Que peut-il se passer dans la tête d'un pareil bonhomme ?! »

Pour désigner cette combinaison des deux points classiques, les Américains ont créé l’acronyme QEC, pour Question-Exclamation-Combo (interrogation/exclamation combinées). De nos jours, le QEC est parfois utilisé dans des articles journalistiques, ainsi que dans certaines fictions dont les auteurs affirment mieux exprimer ainsi leur pensée.

Alors que l'interrobang semble sur une voie de garage malgré sa naissance en fanfare, le QEC voit s'ouvrir devant lui un certain avenir. Il est de plus en plus adopté par les auteurs modernes. 

De quoi se poser des questions :
 — Quoi!? Une nouvelle règle typographique, vraiment?!

Motophagie... (Attention, images insoutenables!).

Il est des pays où il ne fait pas bon oublier sa moto appuyée aux arbres.
Tels des pieuvres végétales et gourmandes, on les voit développer de terribles pseudopodes de liber et d'aubier, d'écorce et dendricules, pour etouffer leurs proies, et se repaître du métal et du caoutchouc, délicatement assaisonnés avec l'huile de vidange et l'essence oubliées au fond des carters.







Pauvres choses abandonnées...



mardi 4 mars 2014

Traduttore, traditore...


Le traducteur est un traître, d'après cette expression italienne.
Bien sûr, il arrive que le texte d'origine soit légèrement modifié pour mieux se plier aux habitudes du langage final, mais on ne peut quand même pas accuser tous les traducteurs de trahison. Généralement, ils font un travail sérieux. Mais parfois...

C'est ainsi qu'il est courant de lire d'étranges choses dans les modes d'emploi, ou dans des textes un peu techniques. Autrefois cela pouvait être dû à l'intervention d'un lettré peut-être polyglotte, mais non spécialisé dans le sujet. Tout le monde se souvient de la réplique de Charles Aznavour dans Un taxi pour Tobrouk, incapable de traduire les indications du tableau de bord de la voiture allemande tombée en panne :
Oui je parle allemand, mais  je ne l'ai pas appris dans un garage!

J'ai encore dans ma bibliothèque un ouvrage traduit de l'anglais, destiné à l'homme de la rue qui voudrait entretenir ou réparer son automobile. Il contient quelques perles du genre :
- câble externe pour parler de la gaine d'un câble. Lui-même appelé évidemment câble interne
- roue pour volant. Il est vrai que volant et roue se disent tous deux wheel en anglais.
- le puits de la roue (well wheel) devrait être traduit par passage de roue (d'une carrosserie).
- le clignotant est dit signal de circulation.
- etc. 
Bien sûr, ces anglicismes ne sont pas des erreurs, mais de gênantes maladresses...

Cet ouvrage datant d'avant l'ère informatique, je suppose que l'éditeur avait fait appel pour la traduction à un professeur de français qui ne connaissait rien aux automobiles.
À l'opposé, une célèbre société française de construction d'avions, avait réuni un groupe d'anciens pilotes professionnels, dont un ami, pour traduire en anglais la notice d'utilisation de leur dernier né. Un mode d'emploi en plusieurs gros volumes.

Je me souviens aussi d'une annonce sur une revue d'amateurs de voitures de collection. Un Américain cherchait un joint de culasse pour une ancienne voiture française. Il demandait "une tête de phoque pour le moteur XY". En anglais, la culasse se dit cylinder head (tête de cylindres) ou head tout court, et joint et phoque se disent tous deux seal. Head seal traduit en français donne bien tête de phoque... Cependant le terme anglais le plus courant pour dire joint de culasse est head gasket.

Un Français incompétent avait traduit en anglais une notice d'installation d'un accessoire électrique qui est passée par nos mains. Le conseil était de réaliser un bon contact de masse. Pour les nuls en électricité, la masse est le retour du courant, le négatif d'un courant continu. L'énergie apportée par le plus ne pouvant s'exprimer que si le retour par la masse est assuré. Dans une auto, la masse est le châssis, ou la carrosserie, dont il faut gratter la peinture pour que le courant passe bien à l'endroit où est fixé le fil de masse. Le brave traducteur, ignorant de la chose avait traduit :
— It is necessary to have a good hammer... (hammer = marteau, masse).
Ground  ou earth (terre, sol) auraient été préférables. 

Maintenant, nous connaissons tous les aberrations que nous proposent les traducteurs électroniques, auxquels se fient aveuglément certains professionnels de la distribution. Tout aussi impardonnable, une faute sans cesse répétée sur un célèbre site de vente par internet, spécialisé dans la vente aux enchères. De la même façon, le nombre d'exemplaires restants de la pièce à vendre, est traduit par des marchands, non pas par en stock ou disponibles, mais, je vous le donne en mille, par gauche. Traduction aveugle du mot left qui veut bien habituellement dire gauche, mais ici, en l'occurrence, il correspond au temps restant, laissé avant la fin des enchères. C'est le participe passé du verbe irrégulier to leave, laisser.



En anglais, on aurait lu : 4d 8h 3m left


Il y a quelque temps, je lisais un texte sur la moto, venu de l'anglais. Sa traduction en français était pénible, parce que le mot populaire bike, diminutif de motorbike (motocyclette), était traduit par le mot vélo. Effectivement le mot bike est employé dans les deux cas, mais ici le contexte ne concernait pas du tout la bicyclette...
Nous avons tous remarqué en effet que les traducteurs automatiques ne donnent pas toutes les traductions des homonymes, ils n'en choisissent qu'un, sans doute le plus employé statistiquement.

Traditori!