Je vous avais promis un article sur les… légèretés des
pouvoirs publics français. En guise d’exemple, je vous propose de nous pencher ensemble
sur une aventure gigantesque, censée nous libérer de la plupart des problèmes
énergétiques : le projet ITER .
Nous allons voir comment les décisions qui le
concernent ont été prises en occultant volontairement les difficultés
techniques annoncées par les scientifiques.
Au lieu de mettre le soleil et son énergie en
bouteille à notre disposition, comme le promettaient les partisans de cette
technique, il s’agit en fait d’une expérimentation audacieuse, aux dangers
volontairement ignorés, mais qui constitue, selon les spécialistes, un projet aléatoire,
extrêmement risqué pour les personnes et l’environnement.
Secondairement, si l’on peut dire, nos dépenses seront incommensurables, et
les éventuels résultats repoussés à une date indéterminée.
Voici l’histoire d’un échec annoncé…
De quoi
s’agit-il ?
“Le procédé ITER (en anglais : International
Thermonuclear Experimental Reactor, en français : “réacteur
thermonucléaire expérimental international“) est un réacteur de recherche civil
à fusion
nucléaire de type tokamak. Le projet
de recherche s'inscrit dans une démarche à long terme visant à
l'industrialisation de la fusion nucléaire.
Le projet
ITER est sujet à de nombreuses controverses concernant le budget du projet,
passé de 5 à 16 milliards d'euros, ainsi que son utilité, sa dangerosité et ses
effets sur l'environnement“. (Wikipedia).
Ce procédé
est prévu pour être fonctionnel dans… un certain nombre d’années. On a parlé de
2026, puis de dates bien plus lointaines par la suite, suggérant parfois une
rentabilité reportée aux années 2080 !
Le site
Pratiquement,
le site de Cadarache aura une implantation non négligeable (180 ha). Il
comprendra le bâtiment principal tokamak en béton armé de 3 m d’épaisseur, long
de 120 m, et pesant 400 000 tonnes.
Les
constructions annexes sont presque aussi importantes puisque le bâtiment
d’assemblage par exemple, mesurera près de 100 m pour une hauteur de 60 m.
“Le bâtiment administratif contient
des bureaux pour 800 personnes ainsi que des salles de conférence, de réunion,
un restaurant, une bibliothèque, un auditorium et une salle de réalité. Le
siège d'ITER est en contrebas de la plateforme et il est en forme d'aile. Il a
été achevé en 2012 mais une extension a été réalisée en 2014“. (Wikipedia).
Les imprudences
Les risques
sont nombreux, et ne semblent pas avoir été évalués à leur juste niveau. Ils
sont de plusieurs sortes :
- des
risques imprévus dits de disruption
au niveau du plasma instable utilisé, qui peut être sujet à des véritables
coups de foudre intérieurs, très destructeurs, que l’on peut rapprocher des
éruptions solaires (Jean-Pierre Petit).
À leur
sujet, le professeur Wurden de Princetown affirme : Il faut avant tout régler le problème des disruptions.
Le
chercheur Thornton : Les disruptions
seront la cause de dommages sévères sur les futurs tokamaks (dont ITER est
le chef de file). Sur des "tokamaks
de puissance" (à l'échelle de machine susceptibles de produire plus
d'un millier de mégawatts électriques) un
tel phénomène serait simplement catastrophique.
- d’autres
risques sont révélés par les
chercheurs, qui sont liés à l’éventuelle dispersion de produits nocifs dans
l’atmosphère :
“Le tritium est un
élément radioactif de période courte, mais son danger vient du fait que
lorsqu'il est libéré accidentellement, il s'insinue partout, ce qui crée un
risque d'accident
du travail grave. Sous forme organiquement liée (OBT), le tritium
dans l'environnement semble plus radiotoxique qu'on ne l'avait initialement
estimé. Selon l'ASN, dans un
avenir proche, « (...) l’installation de fusion
ITER devrai(en)t conduire, dans les années qui viennent, à une augmentation des
rejets de tritium. Or, les impacts du tritium dans l'environnement sont
discutés, réputés peu importants pour l'eau tritiée, mais ils pourraient être
réévalués, au moins pour la forme organiquement liée du tritium (dite TOL
ou OBT)“ (Wikipedia).
Cependant,
le risque du tritium semble minoré par le fait qu’il n’existe dans l’appareil
qu’à très faible quantité et sous une pression faible.
Le lithium
nécessaire également, est un produit particulièrement dangereux lorsqu’il entre
en contact avec de l’eau.
Le célèbre
chercheur Jen-Pierre Petit s’est élevé avec une grande énergie contre l’immaturité
du projet ITER, mais il a été injustement critiqué par le Commissariat à l’Ènergie
Atomique, sans jamais pouvoir rencontrer aucun de ses détracteurs aussi
aveugles qu’ignorants, réfugiés derrière un annonymat de convenance.
Dans le
journal L’Expansion, il a mis
fortement en doute la durée de vie du projet ITER.
- Plus
généralement, il regrette la précipitation des décideurs, qui en plus des
imprudences signalées plus haut ont sacrifié une bonne surface de nature
vierge, et un budget considérable, à une cause perdue d’avance. C’est là,
dit-il que réside le dernier risque : celui de l’échec.
Les illogismes
“Un sérieux
problème se pose pour la conservation du plasma qui a tendance à se polluer et
à refroidir, ce qui provoquera l’étouffement de la chaudière. Pour le moment,
les réactions de fusion n’ont pu être maintenues que quelques secondes. Le but
d’ITER est d’en réaliser pendant plusieurs minutes. Mais personne n’a pour le
moment prévu de négocier ce problème d’extinction de la chaudière sauf en
invoquant « le facteur d’échelle ». Le pertes radiatives étant d’autant plus
faibles que la machine est grosse, si on obtient x minutes de fusion dans ITER
il suffira alors de construire un « Super ITER» beaucoup plus gros donc
beaucoup plus coûteux.
Un autre
problème consiste en la réalisation des parois du tokamak. Il se pose encore le
problème posé par les neutrons rapides que l’on ne sait pas manipuler
aujourd’hui. De plus, beaucoup de scientifiques mettent en doute la capacité
des bobinages supraconducteurs utilisés pour le confinement magnétique du
plasma, qui sont extraordinairement fragiles et incapables de résister à des
flux de neutrons rapides comparables à une bombe H pendant toute la durée de
vie d’un tel réacteur (10 à 20 ans), ce qui imposerait des remplacements
prématurés et produirait une quantité beaucoup plus importante de déchets.
Beaucoup de
scientifiques (dont certains sont pourtant favorables à l’énergie nucléaire)
estiment donc que la construction d’ITER est prématurée alors que des «verrous
technologiques» n’ont pas encore été levés.
Le
physicien Sébastien Balibar de l’Ecole Normale Supérieure résume bien la
situation actuelle :
« On nous
annonce que l’on va mettre le Soleil est boite. La formule est jolie. Le
problème c’est que l’on ne sait pas fabriquer la boite. » (Marc Morin).
Le prix
Nobel de physique japonais Masatoshi Koshiba exprime
des réserves au vu des problèmes posés par les neutrons rapides :
« dans
ITER, la réaction de fusion produit des neutrons de grande énergie, de 14 MeV, niveau
jamais atteint encore. […] Si les scientifiques ont déjà fait l'expérience de
la manipulation de neutrons de faible énergie, ces neutrons de 14 MeV
sont tout à fait nouveaux et personne à l'heure actuelle ne sait comment les
manipuler (...) S'ils doivent remplacer les absorbeurs tous les six mois, cela
entraînera un arrêt des opérations qui se traduira en un surcoût de
l'énergie ».
“Par
ailleurs, les bobines supraconductrices générant le champ magnétique du tokamak
pourront-elles résister au flux de neutrons émis par le cœur du réacteur ?
Ainsi Pierre-Gilles
de Gennes affirmait : « Connaissant
assez bien les métaux supraconducteurs, je sais qu’ils sont extraordinairement
fragiles. Alors, croire que des bobinages supraconducteurs servant à confiner
le plasma, soumis à des flux de neutrons rapides comparables à une bombe H,
auront la capacité de résister pendant toute la durée de vie d’un tel réacteur
(dix à vingt ans), me paraît fou.“ (Wikipedia)
Le bilan
Bien
attristant. Nous ne pouvons que constater le comportement irréfléchi des
responsables (CEA), celui intéressé des collectivités locales (plus de 1000 emplois),
la démobilisation, ou plutôt la tenue à l’écart des scientifiques les mieux
avertis, assister à la destruction d’un site naturel, la mise en place de
machines dangereuses, l’investissement de sommes inimaginables, tout ceci pour
un éventuel résultat dans un nombre
indéfini de décennies…
Ces risques humains et financiers sont-ils bien
raisonnables lorsqu’un tel échec semble inévitable ?
Sources :
Wikipedia, Jean-Pierre Petit, Marc Morin.
Notes :
1.- Dans un autre domaine, il semble bien que les
travaux titanesques (des puits de 1500 m de profondeur, dit-on) menés depuis
des années au fameux Plateau d’Albion, soient tout bonnement abandonnés.
2.- Pour
de plus amples renseignements sur ITER, consulter le site Wikipedia, et Google.
3.- Pour
sa part, le scientifique Jean-Pierre Petit s’exprime longuement sur la légèreté
des promoteurs du projet ITER dans plusieurs documents. Mais avant tout, il est
bon de faire connaissance avec le principe de fonctionnement de ITER, qu’il
explique magistralement ici :
« ITER, réalité d’un projet
nucléaire 1/5 », une vidéo de 25 minutes, à l’adresse
ci-dessous :https://www.youtube.com/watch?v=Fi_uurHZY-g
On peut continuer avec les vidéos :
ITER Mythes et Réalités d'un projet nucléaire 1/5 -
ITER Mythes et Réalités 2/5 : instabilités dans les plasmas -
ITER Mythes et Réalités 3/5: un réacteur instable -
ITER Mythes et Réalités 4/5: un réacteur TRÈS instable ! -
Autre document (écrit), de Jean-Pierre Petit, sur Google :
https://www.jppetit.org/NUCLEAIRE/ITER/ITER_fusion_non_controlee/Chronique_faillite_annoncee_long.pdf