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dimanche 12 juin 2016

Un échec annoncé...


Je vous avais promis un article sur les… légèretés des pouvoirs publics français. En guise d’exemple, je vous propose de nous pencher ensemble sur une aventure gigantesque, censée nous libérer de la plupart des problèmes énergétiques : le projet ITER .

Nous allons voir comment les décisions qui le concernent ont été prises en occultant volontairement les difficultés techniques annoncées par les scientifiques.

Au lieu de mettre le soleil et son énergie en bouteille à notre disposition, comme le promettaient les partisans de cette technique, il s’agit en fait d’une expérimentation audacieuse, aux dangers volontairement ignorés, mais qui constitue, selon les spécialistes, un projet aléatoire, extrêmement risqué pour les personnes et l’environnement.

Secondairement, si l’on peut dire, nos dépenses seront incommensurables, et les éventuels résultats repoussés à une date indéterminée.



Voici l’histoire d’un échec annoncé…



De quoi s’agit-il ?
“Le procédé ITER (en anglais : International Thermonuclear Experimental Reactor, en français : “réacteur thermonucléaire expérimental international“) est un réacteur de recherche civil à fusion nucléaire de type tokamak. Le projet de recherche s'inscrit dans une démarche à long terme visant à l'industrialisation de la fusion nucléaire.
Le projet ITER est sujet à de nombreuses controverses concernant le budget du projet, passé de 5 à 16 milliards d'euros, ainsi que son utilité, sa dangerosité et ses effets sur l'environnement“. (Wikipedia).

Ce procédé est prévu pour être fonctionnel dans… un certain nombre d’années. On a parlé de 2026, puis de dates bien plus lointaines par la suite, suggérant parfois une rentabilité reportée aux années 2080 !

Le site
Pratiquement, le site de Cadarache aura une implantation non négligeable (180 ha). Il comprendra le bâtiment principal tokamak en béton armé de 3 m d’épaisseur, long de 120 m, et pesant 400 000 tonnes.
Les constructions annexes sont presque aussi importantes puisque le bâtiment d’assemblage par exemple, mesurera près de 100 m pour une hauteur de 60 m.
“Le bâtiment administratif contient des bureaux pour 800 personnes ainsi que des salles de conférence, de réunion, un restaurant, une bibliothèque, un auditorium et une salle de réalité. Le siège d'ITER est en contrebas de la plateforme et il est en forme d'aile. Il a été achevé en 2012 mais une extension a été réalisée en 2014“.  (Wikipedia).

Les imprudences
Les risques sont nombreux, et ne semblent pas avoir été évalués à leur juste niveau. Ils sont de plusieurs sortes :
- des risques imprévus dits de disruption au niveau du plasma instable utilisé, qui peut être sujet à des véritables coups de foudre intérieurs, très destructeurs, que l’on peut rapprocher des éruptions solaires (Jean-Pierre Petit).
À leur sujet, le professeur Wurden de Princetown affirme : Il faut avant tout régler le problème des disruptions.
Le chercheur Thornton : Les disruptions seront la cause de dommages sévères sur les futurs tokamaks (dont ITER est le chef de file). Sur des "tokamaks de puissance" (à l'échelle de machine susceptibles de produire plus d'un millier de mégawatts électriques) un tel phénomène serait simplement catastrophique.

- d’autres risques sont révélés par les chercheurs, qui sont liés à l’éventuelle dispersion de produits nocifs dans l’atmosphère :
“Le tritium est un élément radioactif de période courte, mais son danger vient du fait que lorsqu'il est libéré accidentellement, il s'insinue partout, ce qui crée un risque d'accident du travail grave. Sous forme organiquement liée (OBT), le tritium dans l'environnement semble plus radiotoxique qu'on ne l'avait initialement estimé. Selon l'ASN, dans un avenir proche, « (...) l’installation de fusion ITER devrai(en)t conduire, dans les années qui viennent, à une augmentation des rejets de tritium. Or, les impacts du tritium dans l'environnement sont discutés, réputés peu importants pour l'eau tritiée, mais ils pourraient être réévalués, au moins pour la forme organiquement liée du tritium (dite TOL ou OBT)“ (Wikipedia).
Cependant, le risque du tritium semble minoré par le fait qu’il n’existe dans l’appareil qu’à très faible quantité et sous une pression faible.
Le lithium nécessaire également, est un produit particulièrement dangereux lorsqu’il entre en contact avec de l’eau.

Le célèbre chercheur Jen-Pierre Petit s’est élevé avec une grande énergie contre l’immaturité du projet ITER, mais il a été injustement critiqué par le Commissariat à l’Ènergie Atomique, sans jamais pouvoir rencontrer aucun de ses détracteurs aussi aveugles qu’ignorants, réfugiés derrière un annonymat de convenance.
Dans le journal L’Expansion, il a mis fortement en doute la durée de vie du projet ITER.
- Plus généralement, il regrette la précipitation des décideurs, qui en plus des imprudences signalées plus haut ont sacrifié une bonne surface de nature vierge, et un budget considérable, à une cause perdue d’avance. C’est là, dit-il que réside le dernier risque : celui de l’échec.

Les illogismes
“Un sérieux problème se pose pour la conservation du plasma qui a tendance à se polluer et à refroidir, ce qui provoquera l’étouffement de la chaudière. Pour le moment, les réactions de fusion n’ont pu être maintenues que quelques secondes. Le but d’ITER est d’en réaliser pendant plusieurs minutes. Mais personne n’a pour le moment prévu de négocier ce problème d’extinction de la chaudière sauf en invoquant « le facteur d’échelle ». Le pertes radiatives étant d’autant plus faibles que la machine est grosse, si on obtient x minutes de fusion dans ITER il suffira alors de construire un « Super ITER» beaucoup plus gros donc beaucoup plus coûteux.
Un autre problème consiste en la réalisation des parois du tokamak. Il se pose encore le problème posé par les neutrons rapides que l’on ne sait pas manipuler aujourd’hui. De plus, beaucoup de scientifiques mettent en doute la capacité des bobinages supraconducteurs utilisés pour le confinement magnétique du plasma, qui sont extraordinairement fragiles et incapables de résister à des flux de neutrons rapides comparables à une bombe H pendant toute la durée de vie d’un tel réacteur (10 à 20 ans), ce qui imposerait des remplacements prématurés et produirait une quantité beaucoup plus importante de déchets.
Beaucoup de scientifiques (dont certains sont pourtant favorables à l’énergie nucléaire) estiment donc que la construction d’ITER est prématurée alors que des «verrous technologiques» n’ont pas encore été levés.
Le physicien Sébastien Balibar de l’Ecole Normale Supérieure résume bien la situation actuelle :
« On nous annonce que l’on va mettre le Soleil est boite. La formule est jolie. Le problème c’est que l’on ne sait pas fabriquer la boite. » (Marc Morin).

Le prix Nobel de physique japonais Masatoshi Koshiba exprime des réserves au vu des problèmes posés par les neutrons rapides :
« dans ITER, la réaction de fusion produit des neutrons de grande énergie, de 14 MeV, niveau jamais atteint encore. […] Si les scientifiques ont déjà fait l'expérience de la manipulation de neutrons de faible énergie, ces neutrons de 14 MeV sont tout à fait nouveaux et personne à l'heure actuelle ne sait comment les manipuler (...) S'ils doivent remplacer les absorbeurs tous les six mois, cela entraînera un arrêt des opérations qui se traduira en un surcoût de l'énergie ».
“Par ailleurs, les bobines supraconductrices générant le champ magnétique du tokamak pourront-elles résister au flux de neutrons émis par le cœur du réacteur ? Ainsi Pierre-Gilles de Gennes affirmait : « Connaissant assez bien les métaux supraconducteurs, je sais qu’ils sont extraordinairement fragiles. Alors, croire que des bobinages supraconducteurs servant à confiner le plasma, soumis à des flux de neutrons rapides comparables à une bombe H, auront la capacité de résister pendant toute la durée de vie d’un tel réacteur (dix à vingt ans), me paraît fou.“ (Wikipedia)

Le bilan
Bien attristant. Nous ne pouvons que constater le comportement irréfléchi des responsables (CEA), celui intéressé des collectivités locales (plus de 1000 emplois), la démobilisation, ou plutôt la tenue à l’écart des scientifiques les mieux avertis, assister à la destruction d’un site naturel, la mise en place de machines dangereuses, l’investissement de sommes inimaginables, tout ceci pour un éventuel résultat dans un nombre indéfini de décennies…

Ces risques humains et financiers sont-ils bien raisonnables lorsqu’un tel échec semble inévitable ?


Sources : Wikipedia, Jean-Pierre Petit, Marc Morin.

Notes :
1.- Dans un autre domaine, il semble bien que les travaux titanesques (des puits de 1500 m de profondeur, dit-on) menés depuis des années au fameux Plateau d’Albion, soient tout bonnement  abandonnés.
2.- Pour de plus amples renseignements sur ITER, consulter le site Wikipedia, et Google.
3.- Pour sa part, le scientifique Jean-Pierre Petit s’exprime longuement sur la légèreté des promoteurs du projet ITER dans plusieurs documents. Mais avant tout, il est bon de faire connaissance avec le principe de fonctionnement de ITER, qu’il explique magistralement ici :
« ITER, réalité d’un projet nucléaire 1/5 », une vidéo de 25 minutes, à l’adresse ci-dessous :
https://www.youtube.com/watch?v=Fi_uurHZY-g

On peut continuer avec les vidéos :
ITER Mythes et Réalités d'un projet nucléaire 1/5 - 
 ITER Mythes et Réalités 2/5 : instabilités dans les plasmas - 
 ITER Mythes et Réalités 3/5: un réacteur instable - 
 ITER Mythes et Réalités 4/5: un réacteur TRÈS instable ! -

Autre document (écrit), de Jean-Pierre Petit, sur Google :
https://www.jppetit.org/NUCLEAIRE/ITER/ITER_fusion_non_controlee/Chronique_faillite_annoncee_long.pdf