le blogadoch2
mercredi 30 décembre 2015
Portail automatique écolo...
mardi 29 décembre 2015
Vous avez dit : désinformation...
Les périodes que nous vivons, ponctuées d'horribles attentats, aveugles et injustes, attristent les âmes,
inquiètent les consciences, et travaillent les esprits. Chez tous, ces attaques sur notre sol,
font naître colère et ressentiment.
Et, compte tenu de l'origine de leurs auteurs, ces massacres rappellent aussi à d'autres Français les tragiques et douloureux événements qui ont précédé la "décolonisation". Ils remuent les souvenirs de ceux qui les ont vécus il y a un demi-siècle, parce qu'ils sont nés dans les ex-départements d'outre-mer ou les anciennes colonies. Ces contrées sont aujourd'hui instables et appauvries, entièrement soumises à la religion dévoyée de ceux qui veulent nous détruire, ici, dans notre pays.
Et, compte tenu de l'origine de leurs auteurs, ces massacres rappellent aussi à d'autres Français les tragiques et douloureux événements qui ont précédé la "décolonisation". Ils remuent les souvenirs de ceux qui les ont vécus il y a un demi-siècle, parce qu'ils sont nés dans les ex-départements d'outre-mer ou les anciennes colonies. Ces contrées sont aujourd'hui instables et appauvries, entièrement soumises à la religion dévoyée de ceux qui veulent nous détruire, ici, dans notre pays.
La désinformation officielle est
telle, sur l'époque pendant laquelle la France a créé des pays neufs et modernes là où
n'existait qu'un ramassis de tribus moyenâgeuses querelleuses, qu'il me semble nécessaire de proposer en contrepartie, des récits simples et modestes*, mais qui apportent des informations
vraies.
Comme celui que je vous propose maintenant, que
j'ai rédigé dans le cadre de ma collaboration avec le Centre de Documentation
Historique sur l'Algérie**. Pour l'écrire, je ne me suis pas livré à des compilations ou des recherches dans les
bibliothèques, ni demandé d'informations à quiconque. Je n'ai eu qu'à puiser
dans mes souvenirs pour raconter ce qu'a été la vie des instituteurs en Kabylie pendant cette période, une période dont la gloire est niée, et l'histoire volontairement déformée par les tenants de la pensée unique.
Le rôle civilisateur des
instituteurs en Kabylie, ou plus généralement en Algérie, ou dans les autres colonies, a été considérable. À des populations figées depuis la
nuit des temps dans une stérile tradition, ils permirent l’accès à la culture,
à une avancée vers une ère nouvelle, plus moderne et plus prometteuse.
Jeunes gens décidés, ils
adoptèrent sans calcul ces pays de soleil non encore structurés, et les modelèrent
de leurs mains pour les sortir de l’ombre. Pour ce faire, ils mirent en œuvre
leur courage et leur détermination, autant que leur savoir et leur dignité.
Le prestige de l’école française, et par suite de la France, qui
en est résulté, est à verser à leur crédit.
Fils d’instituteurs, j'ai vécu “de
l’intérieur“ une partie de l’épopée de ces pédagogues appliqués, de ces philanthropes
généreux, lancés dans une aventure exaltante.
Voici, racontés dans une écriture
légère, quelques courts chapitres de l’émouvante histoire de ces pionniers
oubliés : cliquer sur Instituteurs en Kabylie
Moins sérieuse, une petite anthologie de quelques jeux en vogue à cette
époque est en ligne aussi.
Connaître une société, c’est en
comprendre toutes les facettes, en examiner les moindres activités. Celles des
enfants est parfois le reflet des préoccupations ou de la mentalité des
adultes, car ce sont eux qui les transmettent.
Comme j'ai passé mon enfance en compagnie de petits Kabyles, je connais bien les jeux pratiqués entre 1935 et 1945.
Ont également marqué ma mémoire, certaines habitudes particulières observées chez les adultes, qui sont pour la première fois racontées et illustrées ici : Jeux et coutumes en Kabylie
Comme j'ai passé mon enfance en compagnie de petits Kabyles, je connais bien les jeux pratiqués entre 1935 et 1945.
Ont également marqué ma mémoire, certaines habitudes particulières observées chez les adultes, qui sont pour la première fois racontées et illustrées ici : Jeux et coutumes en Kabylie
Je vous souhaite une bonne et fraîche lecture.
*Lire aussi mon livre "Les couleurs de l'Atlas", dont je parle sur mon blog dans la marge de droite.
**CDHA : www.cdha.fr/
Nota :
Les liens correspondant aux articles cités vous mèneront à des dossiers en pdf qu'il faut télécharger. D'après ma petite expérience parmi mes proches, sur les PC Windows, surveillez le processus de téléchargement, qui permet d'accéder ensuite aux documents. Sur les Mac, normalement, la page s'ouvrira toute seule après le temps du téléchargement.
Nota :
Les liens correspondant aux articles cités vous mèneront à des dossiers en pdf qu'il faut télécharger. D'après ma petite expérience parmi mes proches, sur les PC Windows, surveillez le processus de téléchargement, qui permet d'accéder ensuite aux documents. Sur les Mac, normalement, la page s'ouvrira toute seule après le temps du téléchargement.
mardi 22 décembre 2015
Quoi ? Quatre cylindres ? À peine ?...
Les ingénieurs de chez Volvo viennent de créer
un moteur qui sort de l’ordinaire. Jugez-en plutôt :
- c’est un 4 cylindres, de 2 litres de
cylindrée. Jusque là, rien d’anormal.
- il est boosté par 3 turbos-compresseurs! Qui
sont répartis de la façon suivante :
-
les 2 turbos classiques alimentent chacun une paire de cylindres ;
-
et le dernier, qui est électrique, entrera en fonction de façon immédiate, sans le délai
qui pénalise les turbos classiques.
Le beau High Performance
Drive-E Powertrain Concept de Volvo.
On aperçoit sur cette face les deux turbos mécaniques.
(Photo Motorlegend)
Les performances de ce moteur sont remarquables, car le “turbo lag“ est totalement
supprimé, la turbine électrique permettant une réponse instantanée
au coup d’accélérateur.
Et surtout, la puissance obtenue atteint le
modique chiffre de 450 CV. Une telle puissance, de 225 CV au litre, n’est pas
commune et, de plus, elle ne s’accompagne que de peu d’émissions polluantes.
Tout serait donc parfait dans le plus
écologique des mondes, si un petit obstacle ne risquait pas de laisser ce
magnifique engin dans les cartons des chercheurs. En effet, pour des raisons
commerciales, basées ici sur la psychologie des candidats à l’achat, un moteur
de 4 cylindres n’est pas assez prestigieux pour les “super cars“ qui ont
généralement besoin d'une telle puissance. Les acheteurs de ces autos aux performances démesurées,
ne jurent que par les multicylindres de gros volume.
La mode actuelle qui consiste à diminuer les
cylindrées et le nombre de cylindres, si elle ne pénalise pas les ventes de voitures
de tourisme — dont le but est généralement utilitaire — ne convient pas aux
automobiles de prestige…
On imagine facilement la dame snob de la publicité pour ce 4x4 peu coûteux, devant une de ces autos haut de gamme qui aurait eu la mauvaise fortune d'être équipée de ce moteur :
— Quoi ? Quatre cylindres ? À peine ?...
Documentation Motorlegend.
D'après un article de Vincent Desmont.
dimanche 20 décembre 2015
Le suicide du lombric
Ces animaux continuent à me jouer des tours!
L'un de mes lombrics, de bonne taille est tombé dans la piscine. Ce n'est pas le premier, et ce ne sera pas le dernier.
Mais celui-ci, ne pouvant sans doute pas supporter les souffrances de l'agonie, semble s'être suicidé par étranglement.
Doit-on informer le Syndicat des Psychiatres, ou la Confédération des Vétérinaires?
Dans tous les cas, admettez que cette vision n'est pas courante!
L'un de mes lombrics, de bonne taille est tombé dans la piscine. Ce n'est pas le premier, et ce ne sera pas le dernier.
Mais celui-ci, ne pouvant sans doute pas supporter les souffrances de l'agonie, semble s'être suicidé par étranglement.
Doit-on informer le Syndicat des Psychiatres, ou la Confédération des Vétérinaires?
Dans tous les cas, admettez que cette vision n'est pas courante!
Photo DCO
samedi 28 novembre 2015
Écraser les turricules...
Dans un article intitulé géodrilologie, au mois de mars dernier, je vous contai l'histoire aventureuse de mes lombrics commensaux.
Le mois de novembre leur semble favorable aussi pour traiter la terre à leur façon. Je vous rappelle qu'ils l'ingurgitent, y prélèvent les éléments nécessaires à leur survie et la rejettent sous forme de jolis petits granules accolés, qui vont bientôt former de minuscules "cônes de déjections"*, percés d'un trou central.
Voyez comme ils sont actifs après une période de pluie :
Ces petits monticules de terre fine, ces tortillons qui portent le joli nom de turricules, sont un plus pour le sol aride de mon jardin. Ils l'aèrent et combinés avec les déjections restées dans les galeries, ils sont l'équivalent d'un humus généreux. Seulement, la tondeuse va les décapiter et les emporter dans son souffle vers le sac aux déchets verts.
C'est pourquoi j'ai choisi de les écraser, une fois secs afin qu'ils profitent à l'endroit.
Avec le dos d'un râteau, c'est chose aisée...
Excusez-moi, je crois qu'on m'appelle :
— Peux-tu venir, j'ai besoin de toi.
— Désolé, je suis occupé : j'écrase les terricules.
— QUOI???
Le mois de novembre leur semble favorable aussi pour traiter la terre à leur façon. Je vous rappelle qu'ils l'ingurgitent, y prélèvent les éléments nécessaires à leur survie et la rejettent sous forme de jolis petits granules accolés, qui vont bientôt former de minuscules "cônes de déjections"*, percés d'un trou central.
Voyez comme ils sont actifs après une période de pluie :
Ces petits monticules de terre fine, ces tortillons qui portent le joli nom de turricules, sont un plus pour le sol aride de mon jardin. Ils l'aèrent et combinés avec les déjections restées dans les galeries, ils sont l'équivalent d'un humus généreux. Seulement, la tondeuse va les décapiter et les emporter dans son souffle vers le sac aux déchets verts.
C'est pourquoi j'ai choisi de les écraser, une fois secs afin qu'ils profitent à l'endroit.
Avec le dos d'un râteau, c'est chose aisée...
Excusez-moi, je crois qu'on m'appelle :
— Peux-tu venir, j'ai besoin de toi.
— Désolé, je suis occupé : j'écrase les terricules.
— QUOI???
(Photos D.C.O.)
*Le clavier me démangeait, je n'ai pas résisté à l'envie d'utiliser cette expression apprise au lycée, et que je n'avais plus eu l'occasion de dire ou d'écrire...
Un cône de déjection (au singulier), est en réalité la partie finale de la ravine sculptée par l'écoulement des eaux de pluie, dans une falaise. C'est l'endroit le plus bas, où les matériaux détachés par le courant s'éparpillent en prenant une forme ressemblant à une portion de cône.
Évidemment cela n'a rien à voir avec mes petits tortillons.
jeudi 5 novembre 2015
Vous avez dit “sciences traditionnelles“ ?
Nombreux
sont les curieux chroniques — qui me ressemblent — prêts à s’intéresser à des
sujets peu académiques, à des notions que les scientifiques et les penseurs modernes
mettent en doute ou réfutent, à des domaines dont on ne sait pas vraiment s’ils
sont à classer dans les légendes ou dans la réalité de l’homme.
Souvent,
ces personnages à l’esprit en éveil ne savent quoi en penser. Parfois, leur
quête les jette à corps et argent perdus dans les bras de gourous, ou de
charlatans à l’affût. D’autres fois, ils restent sur leur quant-à-soi, conscients
de leur frustration.
La
culture n’est pas limitée à telle ou telle branche de la connaissance, et cette
dernière n’a aucune raison d’être cautionnée ou non par la science, pas plus
que par les historiens ou les philosophes, les mathématiciens, ou l’autorité
religieuse. Elle est infinie, et son abord ne pose qu’un seul problème, important,
qui est celui de la vérité : est-ce que ce qui m’intéresse ici est
vrai ? Le rédacteur est-il qualifié pour parler de ça ? Y a-t-il quelque
chose d’oublié, de perdu dans le temps, de déformé par ignorance ou de caché par
calcul ?
Autant
de questions auxquelles il est très difficile de répondre : une aubaine
pour les escrocs de tout genre qui n’hésitent pas à mijoter leur petite salade appétissante,
assaisonnée de formules charmeuses récupérées à droite et à gauche.
C’est
le cas, par exemple, de la sophrologie, de la kinésiologie, du yoga, du tai
tchi tchuan, etc. Le contenu ne correspond plus à ce que désignait le nom à
l’origine. La doctrine de base (indispensable pour savoir ce qu’on fait, et
pourquoi), est absente ou totalement ré-inventée. Seule l’avidité des
officiants est réelle…
C’est
ainsi que la médecine chinoise antique, qui m’est familière aujourd’hui, était
autrefois pour moi bien mystérieuse. Ces histoires de traitements à l’aide
d’aiguilles ne pouvaient pas être sérieuses !
J’avais
raison. Et tort.
C’était
vrai, parce qu’il ne s’agissait à l’époque que d’acupuncture, dont les
promoteurs occidentaux n’étaient pas qualifiés, avaient été mal renseignés, trahis
par des traducteurs qui ne connaissaient rien au sujet.
C’était
faux, parce que la véritable médecine chinoise ne consistait pas en cette
simpliste aiguillo-thérapie qui n’était qu’un assemblage hétéroclite de
procédés que leur origine exotique rendait un peu magiques, parsemés d’erreurs
et de lacunes, sans liens aucuns avec une base traditionnelle, comme cela aurait
dû l’être.
Puis,
j’ai eu la chance de rencontrer LE spécialiste de la médecine chinoise
traditionnelle, Jacques André Lavier, qui en a montré la profondeur et
l’extrême rigueur. Et depuis notre rencontre avec les enseignants et les
chercheurs chinois dont j’ai parlé plus haut*, j’ai la preuve qu’il est sans
doute le seul au Monde à avoir non seulement compris cette science, mais à
l’avoir restaurée presque exhaustivement. L’un n’allait pas sans l’autre. La
mort l’a malheureusement empêché de terminer une tâche commencée 40 années plus
tôt.
Ce
préambule me permet donc de parler légitimement de la véritable médecine
chinoise traditionnelle comme d’une science à part entière, et qu’en bons
cartésiens, nous avons envie de comparer à nos modernes connaissances.
Mais
la comparaison est impossible. Je vais essayer de vous expliquer pourquoi.
La
médecine dont il s’agit ici ne porte pas l’attribut traditionnelle par hasard : elle tire son argumentation des
Principes universels sur lesquels s’appuie la Tradition primordiale. Ces
principes sont le résultats de constats, ce ne sont pas des constructions
intellectuelles, ni des théories philosophiques.
L’homme
de la Tradition se savait partie intégrante de son environnement terrestre et céleste,
et pensait devoir en suivre précisément les cycles. Ceux-ci, organisés par le
ciel (rythme circadien, saisons, lunaisons, etc), donnaient à ce dernier une
importance toute particulière qui poussait l’homme de l’époque à vouloir en
respecter les incitations, dont voici la plus banale d’entre elles :
—
"Quand il fait jour, je me lève,
quand il fait nuit, je me couche"…
D’autres
observations de la nature qui l’entourait, avaient permis à l’homme de
comprendre le Monde qui l’abrite, avec sa hiérarchie indiscutable, avec ses facettes qualitative et quantitative.
Restant
à l’affût des phénomènes cosmiques, l’Homme commençait ainsi à se construire un
mode de pensée particulier, connu sous le nom de Tradition primordiale, ou
grande tradition, universellement répandue. L’homme va établir, pour s’y
conformer, des lois de correspondance à partir de ses observations. En Chine, la tradition va alimenter le taoïsme. En
Occident, elle va perdurer jusqu’au Stoïcisme, qui disparaîtra en même temps
que se répand le christianisme.
Dans cet état d’esprit, les auteurs
du Nei Tching Sou Wen (le plus ancien livre connu sur la physiologie), laissent
entendre que, sans le Ciel, l'homme ne pourrait vivre longtemps. Ils expriment
ainsi la nécessité des influx célestes pour le maintien en vie de l'individu, ou
pour la pérénnité de l'humanité tout entière — alternative qu'il nous est
impossible de trancher, étant donnée notre ignorance quant à la capacité de
l'être, ou celle de l'humanité, à continuer une vie normale, c'est-à-dire qui
réponde aux critères définis par la tradition, en cas de privation totale et
durable de contact avec le Ciel.
Bien sûr, les influx en provenance du Sol
sont aussi nécessaires et indispensables. L'homme trouve enfin sa position métaphysique entre le ciel qui le domine et le sol qui le soutient.
La
médecine chinoise antique est un exemple de science construite à partir d’une telle
connaissance intuitive. Elle ne peut se
résumer à une liste de recettes, une succession de procédés thérapeutiques. Son
autorité n’est assurée que par ses références à la Tradition : sa
complétude n’est obtenue que lorsque sa mise en œuvre est faite sous le
contrôle de la connaissance des notions qui lui servent de fondement.
De son côté, une
science moderne est le résultat d’un savoir, un savoir qui change selon
les expérimentations réalisées, ou les résultats statistiques, un savoir qui
s'extravertit au point de simplifier pour mieux vulgariser, et dont une des
motivations principales est l’adaptation des éléments naturels (donc du Sol) au
bénéfice de l'homme.
C'est donc la connaissance,
qui sert de support à toute science traditionnelle : elle est stable comme le
sont ses principes, et exprime les possibilités de l'homme qualifié, tel qu’il
l’était à l’époque, légitimement porté à entretenir d'harmonieux rapports avec
l'environnement (que les métaphysiciens appellent la manifestation), dans le cadre d'une connaissance initiatique. Une phrase de l'ouvrage Uranologie
chinoise de Jacques André Lavier, résume ces divergences :
— "Les anciens Chinois visaient
à connaître, alors que notre scientifique contemporain veut savoir."
En ce qui concerne
les moyens d’action utilisés par ces deux sciences, on peut dire que la
médecine scientifique moderne veut agir sur la maladie, sans tenir compte de
principes extérieurs qui n’entrent pas dans le cadre de ses préoccupations.
Quant à la médecine traditionnelle, elle a pour objectif de faciliter chez le
malade la réalisation ou la préservation de toutes ses possibilités physiologiques
ou mentales, en lui permettant de retrouver une conformité avec les rythmes cosmiques,
afin que son organisme parvienne à régler ses problèmes — aidé en cela par des
manœuvres thérapeutiques spécifiques, la plupart du temps choisies par analogie
avec le macrocosme.
Remarquons au
passage l’importance que prend ainsi cette “science du Ciel“ appelée Uranologie,
dont je parle par ailleurs*.
Je voudrais faire
remarquer, par comparaison, la pauvreté de l’acupuncture
basique, mise en évidence par ce qui précède : l’acupuncture ne se suffit
pas en tant que médecine, car elle n’est qu’une arme thérapeutique, que ses
vulgarisateurs n’avaient pas, faute de connaissances suffisantes, rattachée à une
doctrine originelle.
En conclusion, et d’une
façon plus générale, on conçoit mieux maintenant, pourquoi ces deux catégories
de sciences (traditionnelle et moderne), ne peuvent se comparer. En outre, il
faut rappeler l’importance que prend ici le statut particulier de l’homme
primordial, totalement imprégné dans la nature, rasséréné par la conscience de
son état privilégié légitime au sein de la manifestation, par l’assurance de son
avenir et de sa finitude dans un monde familier dont il était une partie
constitutive.
On ne peut que constater que ce qui nous différencie de lui, est
incommensurable.
*Voir mes articles :
- L’uranologie
chinoise de retour à la maison.
-
L’uranologie nous concerne-t-elle ?
dimanche 1 novembre 2015
Les charençons rouges attaquent!
Aujourd'hui, un petit tour dans mon jardin m'a appris que je n'étais pas à l'abri des attaques du fameux charençon rouge, venu d'Orient, qui détruit les palmiers sur son passage.
Sur ce robuste et jeune palmier des Canaries, une palme montrait des signes évidents de dégénérescence. C'est celle qui se dirige vers le bas de l'image à droite. On voit, partant du tronc des tiges sèches portant les "dattes", dont les bases sont bien attaquées, comme nous le verrons plus loin :
La palme penche car elle est "déchaussée" et prête à quitter le tronc. Voici ce que nous trouvons après l'avoir coupée : un charençon de belle taille (3 cm environ) :
Les tiges qui portent les dattes se détachent sans effort, et nous comprenons pourquoi : elles sont rongées à leur base, et dégagent une odeur forte d'huile pourrie.
Nous arrosons le tronc à l'aide du produit conseillé qui sent bon la pomme, mais est dangereux à inhaler. Il nous permet de collecter une quinzaine de charençons un peu groggys, ainsi que des cocons joliment construits :
Les cocons :
Voici la base d'une palme sérieusement blessée, avec le charençon au sortir de son cocon.
Il s'était enveloppé de ce cocon de fibres encore à l'état de chenille, pour y réaliser sa métamorphose. Il était apparemment prêt à prendre son envol.
La même palme, arrachée sans effort, comme une dent de lait. L'invasion de l'arbre a dû commencer il y a pas mal de temps :
En réalité, je crois savoir que les dégâts sont causés par les larves (chenilles) qui constituent la phase intermédiaire du développement de l'insecte. Ils sont bien enfouis dans cette sorte de feutre résultant de leur mastication :
Quoi qu'il en soit, l'arbre est en fort mauvaise posture, le nombre d'envahisseurs peut atteindre plusieurs centaines qui mettront peut-être quelques mois à tuer l'arbre entier.
Celui-ci semble bien atteint. Il faudra certainement le couper et stériliser la souche et les débris.
Aux dernières nouvelles, les chercheurs comptent utiliser la toxicité d'un nématode qui s'en prend volontiers aux larves de charençon rouge.
Dans l'attente désespérante de voir disparaître l'un après l'autre nos beaux palmiers, nous nous posons la question :
— Mais qui des deux gagnera?
(Photos D. C. O.)
jeudi 29 octobre 2015
Parlons encore des Trois Étages…
Dans un précédent article, nous avions montré comment l’on pouvait concevoir de manière logique la physiologie de l’être humain selon une échelle de valeur qualitative. Ce qui nous avait permis de comprendre le fameux schéma de Meng Tzeu, auquel il a été aisé de donner une connotation métaphysique.
En continuant d’appliquer l’analogie, nous pouvons développer notre réflexion.
Considérons l’homme dans son milieu : dire que l'homme est vertical constitue un irréfutable pléonasme… Il s'insère de facto, entre le Ciel qui le domine, et le Sol qui porte ses pas. Sa structure métaphysique confirmant sa verticalité*.
Maintenant allons plus loin, et tentons d'imaginer les réactions de cet homme, pontife dès l'origine, lorsqu'il établit ses premiers rapports avec le monde qui est le sien. A ses pieds, le Sol est stable, inerte, palpable, mesurable, fini : toutes notions répondant à la quantité. Au-dessus de lui, le Ciel est changeant, en fonction des variations atmosphériques, ou du déplacement continuel des corps célestes. Il est impalpable, non mesurable, indéfini et correspond donc à des critères qui ne pourront être que qualitatifs.
Puis, notre homme ne tardera pas à se rendre compte de la prédominance du Haut sur le Bas, du Ciel sur le Sol : le premier, foyer d'émissions diverses, évidentes comme la lumière du jour, la chaleur du Soleil, le froid du vent ou l'humidité de la pluie; le second, inévitable récepteur.
C'est ainsi que, par ses propriétés matérielles, le Sol deviendra le symbole de la substance, alors que le Ciel, subtil, représentera traditionnellement l'essence.
Conséquence symbolique de ce premier principe : ce qui est le plus qualifié se trouve en haut. La qualité diminue et la quantité augmente en allant vers le bas. C'est ce que nous constaterons en examinant la structure anatomo-physiologique de l'homme.
En effet, toujours par analogie, on peut dire qu’à la verticalité physique de l'homme s'ajoute — dans sa structure même — une hiérarchisation symbolique, la notion de qualité s'appliquant de façon dégressive selon les étages de sa propre constitution organique, ou l'importance vitale de ses fonctions. Ainsi :
- la boîte crânienne, solide coffre-fort qui protège les organes permettant les activités les plus intellectuelles et les plus vitales, est située près du Ciel;
- à l'inverse, les vulgaires organes abdominaux, destinés au traitement et à l'évacuation des éléments matériels, occupent une situation inférieure, et ne sont que très peu protégés par une mince paroi musculaire;
- à mi-distance, la cage thoracique assure la préservation des fonctions qui gèrent les rapports du sang et de l'air, éléments plus qualifiés et plus subtils que les aliments, par exemple. Elle est moins solide que la boîte crânienne, mais plus protégée que l’abdomen.
Les cartésiens me diront que ce dernier paragraphe n’est que le résultat d’une mauvaise interprétation, et que le crâne est solide tout simplement parce qu’il contient des organes précieux. Que la cage thoracique n’est pas rigide pour permettre la réalisation du phénomène respiratoire. Que la paroi de l’abdomen est souple pour faciliter les mouvements, ou permettre les variations de volume du contenu digestif.
Ce n’est pas faux, si l’on quitte le point de vue du métaphysicien pour celui du physiologiste de base.
Nous reviendrons sans doute sur ces notions étrangères à notre culture classique universitaire, que ne peuvent de ce fait développer ni les thérapeutes, ni les philosophes. Le mode de pensée qui a orienté et contrôlé leurs études ne s'y prêtant pas. Mais pour ceux qui refusent les œillères imposées par les règles de notre civilisation, les découvertes sont surprenantes qui nous offrent une autre façon de voir l'être humain, et de concevoir la vie.
*La plus grande partie de ce texte est tirée de mon ouvrage Les Ciels de l‘Homme, une étude sur l’uranologie chinoise, une science du Ciel appliquée à la préservation de la santé, ou à la guérison de l’homme. Cette science, découverte dans d’anciens documents chinois et reconstituée après de longues années de recherches par Jacques André Lavier, est inconnue en Chine aujourd’hui.
J’ai participé en juin 2014 à un congrès au sein de l’Université de Médecine Chinoise de Kunming — une ville de 6 millions d’habitants —, où j’ai fait un exposé sur l’uranologie chinoise. Les enseignants locaux en ignoraient le premier mot.
mardi 15 septembre 2015
L'automobile de plaisance
Je prends ma clef de contact sur l'étagère de l'entrée, et tout en me dirigeant vers le garage, j'oublie pour l'instant la métaphysique des chemins initiatiques, pour me consacrer à des émois bien plus futiles : ceux que me procure toujours et encore la conduite d'un engin à moteur...
Pour moi, l'automobile utilisée dans un but autre qu'utilitaire, change de visage et mérite qu'on l'appelle “automobile de plaisance“, comme l'usage le veut pour les bateaux de ces particuliers qui aiment à voguer.
Pour moi, l'automobile utilisée dans un but autre qu'utilitaire, change de visage et mérite qu'on l'appelle “automobile de plaisance“, comme l'usage le veut pour les bateaux de ces particuliers qui aiment à voguer.
Non, l’automobile n’est pas un simple instrument à transporter des gens : elle est beaucoup plus qu’un déplaçoir[1]. Elle peut même être une idole pour certains! Ceux-là revêtent alors l’habit de l’officiant, et sont prêts, pour elle, à faire de gros sacrifices. Ce que n’ignorent pas les pouvoirs publics, qui, sans aucun état d’âme, la noient sous les taxes.
Car l’automobile nous tient. Elle nous fait du charme, comme le font tous les beaux objets, qu’ils soient manufacturés ou œuvres d’art. Et nous l’aimons, parce qu’elle est belle, et parce que sa beauté laisse espérer un fonctionnement attachant, des performances exaltantes, dans des conditions plaisantes.
Et nous savons bien que cette aventure automobile, qui nous a emporté dès notre plus jeune âge, n’a pas prévu de nous rendre la liberté.
Au-delà de l’attirance visuelle qu’une auto nous procure, nous savons que nous resterons enchaînés par la drogue qu’elle distille, par la promesse de cette poussée vers l’avant sur une route ensoleillée, dans l’espace universel qui nous fait alors croire qu’il va, lui, échapper à l’emprise du temps.
Oui, nous resterons prisonniers de la séduction de nos merveilleuses machines, qui savent satisfaire nos oreilles et nos sens kinésthésiques, en transformant un moteur à pistons alternatifs en une turbine enragée, au mouvement rond, puissant et émouvant.
Elles savent nous promener dans un confortable cocon lorsqu’il le faut. C’est-à-dire quand nos passagers délicats méritent plus d’attention que celle que déciderait égoïstement notre futile propension au ludisme. Ou encore quand les conditions de circulation, dans notre monde surpeuplé l’exigent. Ne citons que pour mémoire les impératives limitations de vitesse, instaurées par la statistique, à la manière des vaccinations obligatoires : c’est-à-dire pour un prétendu bonheur de la société, plus que pour celui, réel, de l’individu.
Parfois aussi — il faut bien l’avouer — l’automobile se glisse dans le corps caché d’un diable de Tasmanie, et, dès la clé de contact tournée, se met à hurler de tous ses pots, et s’apprête à faire gémir ses pneus torturés… Elle va entamer alors des pas de danse endiablés sur une chaussée complice, qui s’est vidée des profanes pour faire place à l’initié qui la “conduit“ maintenant : un aurige exigeant des temps modernes, lancé, avec délectation mais application, dans un combat futile contre les limites du monde manifesté.
Il sait que c’est une activité inutile, mais justement pour cette raison, elle est indispensable à son petit bonheur du moment. Ses sens exacerbés, ses possibilités physiques au mieux de leurs potentialités, l’autorisent, grâce aussi à une injection naturelle d’adrénaline, à franchir quelque peu le seuil de la raison, pour une excursion futile dans un autre monde qui va lui sembler soumis.
Ce comportement peut choquer les esprits rigides, ou les caractères pusillanimes, qui sont les plus enclins à respecter le mode de vie imposé par une vision “politiquement correcte“ de la société et de ses incitations. Cependant, il n’est ni blâmable, ni répréhensible de choisir un mode de conduite où la vitesse pure n’a aucune importance, et où seules les sensations procurées par la vitesse relative sont recherchées : en respectant le code de la route, on peut se livrer sans scrupule et sans danger, à ces petits moments de liberté retrouvée. C’est sur les routes de l’arrière-pays, ces petites routes jaunes ou blanches des cartes routières, que peut se concrétiser la possibilité de donner libre cours à ces envies que l’emprise de la société et de sa pensée unique nous interdisent généralement de satisfaire…
Mais chut, ne l’ébruitez pas!
— Vive l’auto!
Car l’automobile nous tient. Elle nous fait du charme, comme le font tous les beaux objets, qu’ils soient manufacturés ou œuvres d’art. Et nous l’aimons, parce qu’elle est belle, et parce que sa beauté laisse espérer un fonctionnement attachant, des performances exaltantes, dans des conditions plaisantes.
Et nous savons bien que cette aventure automobile, qui nous a emporté dès notre plus jeune âge, n’a pas prévu de nous rendre la liberté.
Au-delà de l’attirance visuelle qu’une auto nous procure, nous savons que nous resterons enchaînés par la drogue qu’elle distille, par la promesse de cette poussée vers l’avant sur une route ensoleillée, dans l’espace universel qui nous fait alors croire qu’il va, lui, échapper à l’emprise du temps.
Oui, nous resterons prisonniers de la séduction de nos merveilleuses machines, qui savent satisfaire nos oreilles et nos sens kinésthésiques, en transformant un moteur à pistons alternatifs en une turbine enragée, au mouvement rond, puissant et émouvant.
Elles savent nous promener dans un confortable cocon lorsqu’il le faut. C’est-à-dire quand nos passagers délicats méritent plus d’attention que celle que déciderait égoïstement notre futile propension au ludisme. Ou encore quand les conditions de circulation, dans notre monde surpeuplé l’exigent. Ne citons que pour mémoire les impératives limitations de vitesse, instaurées par la statistique, à la manière des vaccinations obligatoires : c’est-à-dire pour un prétendu bonheur de la société, plus que pour celui, réel, de l’individu.
Parfois aussi — il faut bien l’avouer — l’automobile se glisse dans le corps caché d’un diable de Tasmanie, et, dès la clé de contact tournée, se met à hurler de tous ses pots, et s’apprête à faire gémir ses pneus torturés… Elle va entamer alors des pas de danse endiablés sur une chaussée complice, qui s’est vidée des profanes pour faire place à l’initié qui la “conduit“ maintenant : un aurige exigeant des temps modernes, lancé, avec délectation mais application, dans un combat futile contre les limites du monde manifesté.
Il sait que c’est une activité inutile, mais justement pour cette raison, elle est indispensable à son petit bonheur du moment. Ses sens exacerbés, ses possibilités physiques au mieux de leurs potentialités, l’autorisent, grâce aussi à une injection naturelle d’adrénaline, à franchir quelque peu le seuil de la raison, pour une excursion futile dans un autre monde qui va lui sembler soumis.
Ce comportement peut choquer les esprits rigides, ou les caractères pusillanimes, qui sont les plus enclins à respecter le mode de vie imposé par une vision “politiquement correcte“ de la société et de ses incitations. Cependant, il n’est ni blâmable, ni répréhensible de choisir un mode de conduite où la vitesse pure n’a aucune importance, et où seules les sensations procurées par la vitesse relative sont recherchées : en respectant le code de la route, on peut se livrer sans scrupule et sans danger, à ces petits moments de liberté retrouvée. C’est sur les routes de l’arrière-pays, ces petites routes jaunes ou blanches des cartes routières, que peut se concrétiser la possibilité de donner libre cours à ces envies que l’emprise de la société et de sa pensée unique nous interdisent généralement de satisfaire…
Mais chut, ne l’ébruitez pas!
— Vive l’auto!
samedi 12 septembre 2015
Compostelle : voyage païen, ou pèlerinage?
Pour montrer que je sais être sérieux de temps à autre, pourquoi ne pas aborder aujourd'hui un sujet peu commun : celui de l'origine du chemin de Compostelle.
Beaucoup, sinon tous, considèrent qu'il a toujours été une démarche religieuse, un pèlerinage de croyant, accompagné de souffrances, de difficultés et autres avanies. Comme si la pénitence était le prix à payer pour tenter de se laver de ses péchés, de se sentir régénéré.
Dans la thèse exposée ici, des éléments intéressants laissent penser qu'à l'origine, il en a été tout autrement. Elle expose une hypothèse, celle de...
... l'origine païenne du voyage à Compostelle
"Et d'abord, je
dois te dire que ce chemin de saint Jacques
est aujourd'hui une
tromperie!"
Ainsi s'exprime l'écrivain
bourguignon Henri Vincenot, dans son livre “Les étoiles de Compostelle“. Nous
verrons si cela est exact. Cette citation venant d’un romancier, laisse
présager que mon discours ne recherche pas la caution de l’historiographie
officielle.
Qu'il s'agisse du lieu
particulier de la destination, de son ancienneté, du choix du chemin pour y
accéder, de sa difficulté, des motivations personnelles des voyageurs, nombre
d'éléments intéressants sont liés au voyage vers Santiago. Mais c’est son
origine qui réserve le plus de mystères. Aussi, après Jacques André Lavier,
passionné autant par l’histoire de la civilisation que par celle de la médecine
chinoise, et grâce à ses travaux, il nous est possible, depuis les années 70,
de concevoir l'hypothèse, qu'à son origine, le voyage vers Compostelle n'avait
rien de religieux. Quelques années plus tard, l'écrivain Henri Vincenot allait
développer une thèse identique dans l’ouvrage cité plus haut.
Les premiers dévots prirent
la route de Compostelle aux environs des IXème ou Xème siècles. Les conditions
dans lesquelles se déroulait alors le voyage sont bien connues : la
fatigue, le froid, la faim, les attaques des animaux sauvages et celles des
bandits, la maladie et quelquefois la mort, étaient les compagnes habituelles
des voyageurs, plus pénitents que pèlerins. Et le voyage, à pied, est fort long...
Mais leur motivation était si
forte que peu abandonnaient en route, et la plupart revenaient, lavés de leurs
péchés, mûris par l'épreuve et miraculeusement enrichis par leur rencontre avec
le Sacré, et avec eux-mêmes.
Mais étaient-ils les premiers
hommes à emprunter ce chemin?
La légende
Nous savons que le pèlerinage
de Compostelle est fondé sur une légende établie autour de la dépouille de
Jacques, dit le Majeur. L'apôtre Jacques avait été exécuté vers l'an 44, à
Jérusalem par le gouverneur Hérode dans le cadre de la lutte contre le
christianisme naissant. L’histoire dit que son corps fut alors rapatrié en
Espagne, où l'apôtre avait tenté de faire œuvre d'évangélisation, quelques
années plus tôt.
La légende, plus romantique
mais beaucoup moins réaliste, raconte par contre, que son corps décapité se
retrouva dans une embarcation sans gouvernail, qui dériva depuis le
Moyen-Orient jusqu'à Padroñ, près du cap espagnol Finisterra, cet endroit rude
et mystérieux de la Corogne. La dépouille du saint est alors transportée dans
l'arrière-pays, pour être inhumée sur le plateau granitique, en un lieu qui
s'appellera plus tard campus stella, le camp de l'étoile, expression que
certains donnent pour l'origine du mot Compostella.
Le pèlerinage commença après
qu'un moine bénédictin, nommé Pélayo découvrit ce que l'on prétendit être son
cercueil, au IXè siècle.
Voilà pour les thèses
généralement adoptées. Mais certains éléments permettent de penser que le
voyage en Galice existait déjà sous une autre forme, et avec d'autres
motivations, et qu'il date de la proto-histoire et non des temps
post-bibliques.
« Qu’il y ait eu en Galice un pèlerinage dès l’époque mégalithique
(…), nous en sommes persuadés »,
dit de Gouvenain (in Atlantis n° 279).
L'histoire et la Tradition
Reportons-nous par la pensée
quelques milliers d’années en arrière. Une civilisation pré-celtique semble
avoir existé depuis l’an –2000 approximativement. Elle s’est développée non
seulement en Bretagne, mais aussi dans d'autres endroits comme le Pays de
Galles, la Cornouailles, le sud de l'Irlande, ou la Galice. Ce peuple
pré-celtique (ou celte), auquel il est de coutume d'attribuer un degré de culture
relativement avancé, se trouve ainsi mêlé aux habitants de ce qui deviendra la
Gaule, pour ce qui est de notre pays.
On peut se demander pourquoi
il est concentré dans ces cinq zones maritimes? Ces régions sont
semblables géographiquement (ce sont des avancées terrestres dans la mer),
semblables géologiquement (elles sont constituées principalement de granit).
Elles sont le lieu de la même activité spirituelle : le druidisme. On ne
peut s'empêcher de remarquer également, qu'on y joue du biniou ou de son clone,
la cornemuse.
Ces gens semblables, en
ces cinq endroits comparables, auraient-ils une origine commune? Cette origine
est-elle la conséquence d'un même événement?
Il n'est pas interdit
d'imaginer qu’un peuple, installé soit dans une contrée septentrionale, comme
la mythique Borée, soit plus occidentale, comme la mystérieuse Atlantide de la
légende, ait été victime d'une catastrophe d'importance planétaire… Et une
catastrophe de cette importance peut persister dans la mémoire collective sous
le nom de déluge, par exemple.
Les cinq péninsules
granitiques
Les embarcations des survivants finissent par accoster en des endroits rocheux, particulièrement solides, semblant à l'abri des aléas géophysiques : les cinq péninsules précitées.
L'arrivée par la mer de rescapés de cette catastrophe "universelle", a donné lieu, ici et dans d’autres parties du Monde, à des récits légendaires faisant état d'un débarquement, et donnant une grande importance au rôle de la barque, comme l'a fait l'arche de Noé dans notre civilisation :
- en Inde, il existe un Noé
qui s'appelle Ranou;
- en Chine, il est nommé Pan
Kou;
- dans l'Atlas, il existerait
une légende parlant d’un débarquement;
- chez les Mayas, on cite des
faits semblables.
Ces multiples Noé seraient
donc les noms symboliques des peuples rescapés d’une même catastrophe, inscrite
dans les annales de la tradition universelle. Ils sont amenés à s'intégrer aux
populations autochtones, qui peuvent être moins évoluées. En Europe, ce sont
eux qui dresseront les mégalithes, en ces endroits qu'ils vénèrent pour la
sécurité qu'ils y ont trouvée, pour pérenniser des rites en rapport avec la
science de leurs grands anciens. Ces lieux “de qualité“ seront bientôt le but
de voyages initiatiques païens. Comme le dira Vincenot, ces premiers pèlerins "allaient recueillir l'héritage…
l'héritage des Grands Hommes venus de la mer!…" (H. Vincenot in Les étoiles de Compostelle).
Les Celtes, peuple de ces péninsules
Nous dirons que ces
arrivants, ces grands hommes venus de la mer, étaient les fondateurs de la
civilisation celte. Encore proches de la tradition primordiale, ils savaient la
nature des liens qui les liaient au cosmos. Ils se considéraient comme les
éléments constitutifs d'un monde parfaitement ordonné, qui leur permettait de
donner un sens au sacré, et où ils trouvaient à la fois la raison de leur
existence et, bien sûr, l'espérance de leur salut, dans une finitude utile au
sein de Mère Nature. Une conception qui fut encore défendue bien plus tard par
les stoïciens.
Le ciel leur enverrait
toujours des influx qui guideraient leurs activités et leurs pensées. Ces
incitations, parce qu'elles venaient d'un milieu échappant à leur emprise, à
leur volonté et à leur mesure, leur paraissaient puissantes, nobles et bonnes.
Pour eux, ce Ciel qu’ils craignaient et respectaient était l'image du sublime,
de la perfection, du divin. Pour y trouver leur place, et assurer leur salut,
ils devaient vivre en harmonie avec lui.
De là, une
"adoration" qui rend plausible la création d'un prestigieux voyage
initiatique, vers un lieu particulier, sur un itinéraire qui — pour être en
harmonie avec lui — aurait la particularité de représenter au sol un ou des
éléments les plus spectaculaires du ciel astronomique. C'est la Voie lactée qui
fut choisie, elle qui trace son chemin lumineux dans les nues, jusqu'à la Croix
du Sud.
Les savants celtes — et, plus
particulièrement ceux de Bretagne comme nous le verrons — n'avaient plus qu'à
élire dans leurs provinces, une région qui se prêtât géographiquement à cette
réplique. On peut imaginer qu'une fois trouvé l'endroit, la mise en
correspondance harmonique fut chose aisée, car leurs connaissances
astronomiques étaient apparemment fort étendues. Pour preuve l’agencement des
constructions mégalithiques datant de cette période, comme les alignements de
pierres en Bretagne ou les arrangements circulaires de Avebury ou de Stonehenge
en Angleterre, qui ne trouvent d'explication qu'en tant que représentations de
positions sidérales particulières, ou de phénomènes astronomiques importants.
Oui, le chemin de Compostelle est bien une image de la Voie lactée!
Quitte à utiliser un poncif,
nous dirons qu'il semble bien qu'ici, le chemin soit plus important que la
destination géographique finale, que nous ne connaissons pas. Ce voyage
initiatique païen devait certainement se prolonger jusqu'à l'océan, jusqu'au
bout du monde connu, car il n’avait aucune raison de s’arrêter avant.
La partie de la route la plus
importante d'un point de vue traditionnel, symbolique, analogique, commence aux
Pyrénées : elle portera plus tard le nom de camino frances. Pour ce qui est des
voies d’approche du chemin vers Compostelle, l'itinéraire le plus court ou le
plus commode sera utilisé.
Les chemins de
Compostelle
C’est la partie en rouge sur
la carte, qui est à l'image de la Voie lactée. La légende dit que Charlemagne a
fait le voyage, en suivant la Voie lactée, jusqu'au tombeau du saint. Et chacun
d'entre nous a entendu parler du "chemin des étoiles", autre nom de
la Voie lactée.
C'est à partir d'ici que les
créateurs païens du Chemin, ont utilisé une symbolique analogique, pour que le
sol se qualifie, devienne sacré, par la grâce de l’harmonie ainsi créée.
Il existe en effet des
correspondances notables entre le chemin au sol et celui de la Voie lactée :
1.- Un examen grossier de la
Voie lactée, particulièrement à son "début", montre qu'elle est
constituée d’une multitude d’étoiles, appartenant à plusieurs constellations.
En métaphysique, toute multiplicité rappelle celle qui règne au bas de la
pyramide, lieu de la quantité, du chaos, dans une totale opposition avec la
super-qualification attribuée à l’Unité principielle située dans le pyramidion.
Au sol, cette multiplicité se
retrouve concrètement : elle est représentée par les nombreuses routes banales
qui convergent, en provenance de France et d'ailleurs, vers le début du camino.
Ces voies d'approche
n'entrent pas dans le système analogique Ciel-Sol mis en place.
2.- Plus loin, en avançant et
en affinant l’observation de la Voie lactée, on s'aperçoit qu'elle est comme
divisée en deux parties contenant les constellations de l'Aigle et du Cygne.
Au sol, par analogie,
figurent deux itinéraires convergents : l'un, qui correspond à la constellation
de l'Aigle, et qui passe par le col de Roncevaux, et l'autre, que l'on peut
rapporter à celle du Cygne, qui emprunte le col de Somport.
Il existe d'ailleurs une
analogie toponymique en la dénomination d’une cité de la région : elle se
nomme Oca (qui veut dire l'oie, un palmipède comme le cygne). De la même façon,
le nom de la proche vallée de Anso vient du latin anser qui signifie oie.
3.- La Voie lactée voit ses
deux branches Aigle et Cygne se rejoindre aux environs de l'étoile Deneb. Sur
le terrain, les voies se réunissent aujourd’hui à l'agglomération de Puenta la
Reina, et se rejoignaient sans doute autrefois dans une autre ville proche, qui
fut une étape très importante : Estella, qui veut dire Étoile.
4.- La Voie lactée continue
avec la constellation de Cassiopée, autre nom de la druidesse Iria (qui
rappelle le nom de la ville Iria Flavia, une ville de Galice qui fut importante
avant la naissance de la ville de Compostelle).
Les constellations suivantes
semblent se rapporter analogiquement à d’autres villes du parcours : Persée,
dit "le libérateur" à Burgos, Capella à la ville de Leon, les Gémeaux
à Villafranca, la constellation du Taureau à Lugo (d’ailleurs le nom Lugo est à
rapprocher du personnage celte Lug).
À Santiago, correspond la
constellation d'Orion qui fait allusion à un personnage armé, remarquable par
son fameux baudrier. Serait-ce ce guerrier mythique qui sera choisi par les
chrétiens du temps de la Reconquista, pour symboliser Saint Jacques dans son
avatar de "tueur de Maures" : le Santiago Matamoros ?
Pour les dévots, le voyage
s'arrête à Santiago de Compostelle, mais pour le spéculatif en quête
d'initiation, il continue matériellement jusqu'à l'océan. Mais au-delà de cette
limite imposée par la nature, la Voie lactée elle, se continue par la
constellation du Grand chien qui comprend Sirius, la plus brillante des étoiles
du ciel, puis, sous l'horizon, elle se prolonge jusqu'à la Croix du Sud, étoile
certainement englobée dans le système analogique que nous venons de décrire,
car elle était visible de l'hémisphère nord, il y a plusieurs milliers
d'années, à l'époque où se situe vraisemblablement la création de ce
cheminement.
Il existe bien des liens entre Bretagne et Galice
Il semble donc bien que
l'instauration de ce chemin initiatique soit l'œuvre des Celtes, et comme nous
l’avons suggéré, particulièrement des Celtes de Bretagne. En effet, on trouve
de nombreuses similitudes sémantiques entre des noms de lieux bretons et
galiciens. Par exemple :
1.- À l'entrée de la Galice,
le Camino passe par la ville de Piedrafitta. Piedrafitta pourrait se dire pierre
fichée verticalement, c’est une sorte de poteau de signalisation, qu'en France
on appelle men hir ou pierre longue, ou encore peyre fitte. Il y en a une à Dol
de Bretagne, à la limite entre la Normandie et la Bretagne. À Piedrafitta, il
devait certainement y en avoir une aussi.
2.- Autres ressemblances
entre des dénominations de lieux :
- Finistère, région extrême
de la Bretagne est le même mot que le cap Finisterra, tout proche;
- la dénomination de la ville
de Leon en Espagne rappelle celle du Pays de Léon en Bretagne, ou des monts
Leonnoy en Pays de Galles.
- Le Mont Aro en Espagne,
correspondrait aux monts d'Arrée en Bretagne.
- Noya en Espagne est le
pendant de Noyal, Noyal-Pontivy en Bretagne.
- Pontevedra est l'équivalent
de Pontivy.
- Muros, fait penser à
Mûr-de-Bretagne.
- Il existe une analogie
supplémentaire entre le cap Finisterra de Galice et la Bretagne: en effet, de
la même façon dans les deux endroits, des restes de connaissance, issus de la
tradition celtique, rappellent que cette avancée du rivage occidental est la
fin du Monde, la fin de la Terre, et que l'océan abrite ici la barque du
passeur qui va emmener les morts vers l'autre monde. Et ce lieu porte le même
nom dans les deux endroits : Finistère ou cap Finisterra…
3.- Dans ces péninsules de
même culture celtique, d'autres coutumes sont semblables, comme l'érection des
mégalithes.
- En Bretagne,
on trouve des milliers de pierres levées ;
- En Galice, il y en a,
mais peu, et elles sont de petite taille (76 dolmens) : peut-être faut-il
penser que cette petitesse méridionale a été voulue, pour faire opposition au
gigantisme des mégalithes du Nord (en particulier ceux du Sud de l'Irlande).
En conclusion, l'hypothèse d’une origine païenne pour l'aventure galicienne, semble
acceptable, et elle n'enlève rien aux religieux qui ont su restaurer le
pèlerinage pour l'adapter aux sensibilités spirituelles de l'époque. Il faut
savoir que les thèses issues de la grande Tradition, construites autour de
l'autorité et de la perfection du cosmos, avaient, depuis pas mal de temps,
cédé la place à une nouvelle conception du salut, adoptée avec enthousiasme,
autour d’un Dieu plus proche de l'homme, un Dieu anthropomorphe, bienveillant et
protecteur : le christianisme.
Quoi qu'il en soit, pour qui
se préoccupe d'élargir le cadre de ses réflexions, ou encore de satisfaire son
libre arbitre, le côté originel, païen, métaphysique, du voyage vers Compostelle,
avec son lourd contenu symbolique, ne doit pas être occulté, mais plutôt
considéré comme un complément spirituel non négligeable.
Et si, par bonheur, le
voyageur concerné parvient à se mettre en résonance à la fois avec le ciel
physique et avec ses répliques symboliques, il aura conscience de poser ses pas
sur un des chemins de la Connaissance, et saura qu'il est bon que la légende
n'ait pas été tout à fait perdue.
Bibliographie
- Jacques André LAVIER : causeries dans le cadre du GEROS (1976).
- Henri VINCENOT: Les étoiles de Compostelle - Denoël
éditeur (1982).
- de GOUVENAIN, in Atlantis ,n° 279.
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