le blogadoch2

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dimanche 29 décembre 2013

Coup de vent sur le Var

Hier, un fort coup de vent s'est abattu sur notre région. Il semble avoir déployé toute son énergie dans la nuit, car au matin dans le jardin régnait un petit air de fin de monde...

La table métallique accompagnée des chaises qui y étaient attachées a réalisé un joli strike, franchissant même un petit muret :


photo DCO

D'autres pots de fleurs un peu bousculés :


photo DCO

Une pauvre piscine :

photo DCO


Dommage que toute cette énergie se soit perdue...

Enfin, ça aurait pu être pire, à voir ce qu'il se passe ailleurs :





Mais certains s'en sortent bien :



Vivement le Printemps !







lundi 16 décembre 2013

La moto, de sa naissance à... 1985

Je viens de découvrir, dans une ancienne revue, ce condensé de l'histoire de la moto. Il s'arrête en 1985, époque où a été écrit l'article, qui finit d'ailleurs sur une note pessimiste à propos du marché du deux-roues.
Je ne puis résister à l'envie de vous le présenter, car, si on connaît généralement assez bien l'histoire de l'automobile, ou celle de la bicyclette, la biographie de la motocyclette est moins évidente. Pour moi, elle commençait approximativement à Harley Davidson...
La lecture de ce petit texte va nous prouver combien j'avais tort. Et combien les choses ont évolué depuis 30 ans.


Il y a cent ans presque jour pour jour (c'était le 10 novembre 1885) roulait la première moto. Est-ce en raison de sa nationalité allemande que l’événement passe inaperçu chez nous ? En cette fin de XIXe siècie, seuls trois pays industriels pouvaient donner naissance à la moto. Mais en Grande Bretagne régnait alors une réglementation — finalement abolie en 1896 — qui, imposant à tout véhicule motorisé d'être précédé d'un cheminot portant drapeau rouge, allait laisser le pays à l'écart de cette «révolution» dans la locomotion.

Comme en automobile, c'est donc entre la France et l'Allemagne qu'allait se jouer la partie ; et si la France prenait une certaine aisance avec quelques vélocipèdes à vapeur(dont celui de Perreaux en 1868), et autres tricycles, c'est finalement à Gottlieb Daimler que l'on doit le premier deux-roues à moteur à combustion interne. La moto pour Daimler n'était pas une fin en soi : à la lumière de ce «laboratoire roulant» il allait très vite se tourner vers l'automobile, tant il faut bien reconnaître que les motorisations de l'époque s'accomodaient mal de l'équilibre chancelant des deux-roues. Il faudra encore attendre quelques années les applications pratiques du principe, avec par exemple la Millet de 1892 : c'est plutôt le tricycle qui à cette époque se taille la part du lion, notamment grâce au Marquis de Dion.



En partant du premier plan, nous trouvons : 
La Daimler 1885, l'Hildebrand Wolfmuller 1894, la première BMW R32 de 1923, 
et la BMW K 100RS 1983. (photo Auto moto Retro)


Ce n'est qu'en 1894 qu'apparaît la première moto de série. Heinrich Hildebrand et Alois Wolfmuller produisant alors quelques centaine de (très imparfaits) bicyclindres. Werner, en France, leur emboîte le pas dès 1896, avec le cyclomoteur à traction avant baptisé «motocyclette», qui en 5 ans va sortir à 3.600 exemplaires, et le pas décisif est franchi par ses mêmes frères Werner, lorsqu'ils donnent à l'engin la configuration qu'il a encore aujourd'hui, celle d'un vélo dont le moteur prend place à l'endroit du pédalier. Nous sommes alors en 1901, la moto peut décoller.

A cette époque, on peut affirmer sans chauvinisme aucun, que la moto est suisse, belge, tchèque à la rigueur, mais aussi allemande et surtout française. Mais les Anglais et les Américains vont rapidement refaire leurretard, et lorsque la première guerre mondiale éclate, on a déjà assisté à un certain gel de l'architecture : au foisonnement d'idées du tout début de siècle se sont imposés les principes les moins irrationnels, selon l'implantation fondamentale de Werner. Principal apport du moment : la généralisation des suspensions avant.

L'immédiat après-guerre voit se dessiner les grandes tendances ultérieures : grande richesse technique de l'Italie (mais sans réelle ouverture sur l'extérieur), forte industrialisation de ['Angleterre et de l'Allemagne, et déjà repli de fa France sur des machines plus utilitaires que sportives : essentiellement tournée vers les moteurs adaptables (dans les années 20), les BMA (bicyclettes à moteur auxiliaire, dans les années 30), ou le cyclomoteur (après guerre), la France ne produira plus qu'exceptionnellement des machines nobles, encouragée par une législation locale favorisant les petites cylindrées légères et économiques.

L'âge d'or des années 20 est donc dominé par l'Angleterre, c'est la pleine maturité de la moto, l'époque où elle est à la fois sportive et économique. Avec la crise de 1929, lorsque les automobiles produites en grande série atteindront des prix très compétitifs, la moto se tournera de façon plus décisive vers le sport, la France s'éclipsera alors discrètement...

Au point de vue technique, on note (comme d'ailleurs en automobile), une charnière décisive en 1927 : le réservoir d'essence, jusqu'ici coincé entre les tubes du cadre, trouve sa place définitive à cheval sur l'épine dorsale de celui-ci. Et d'une année à l'autre (sinon du jour au lendemain) cela changera du tout au tout, l'allure des motos.

Dans les années 20, le frein avant est devenu courant, la transmission par chaîne a supplanté la courroie, la lubrification a été activée par une pompe, les freins sont passés du patin au tambour, mais c'est dans le courant des années 30 que la moto prendra sa forme mature : développement des suspensions arrière, commande de boîte de vitesses au pied et non plus à main, allumage par vis platinées, lubrification en circuit fermé. On peut dire qu'à la veille de la seconde Guerre Mondiale, toute la technique moderne est inventée, principalement sous l'impulsion des Allemands et des Italiens.

Au lendemain de la guerre, les quatre grands européens se répartissent les rôles : l'Allemagne reste à la pointe de la technique, l'Angleterre joue à fond la carte de la production industrielle, sans trop penser à innover,l'Italie fait de superbes motos mais les garde pour elle... et la France se lance à fond dans le cyclomoteur, une forme de motocyclisme ignorée de tous les livres retraçant l'Histoire de la Moto mais industriellement non négligeable. Jusque dans les années 50, la moto prend peu à peu sa forme actuelle, avec entre autres la standardisation des fourches télescopiques et des bras oscillants à amortissement hydraulique.

Hélas, la fin des années 50 voit se reproduire le phénomène des années 30 : l'automobile, toujours plus économique, vole la clientèle sage de la moto, et à la relance des années 40 succède le grand sommeil des années 60. La marginalisation durera jusqu'à la fin de la décennie, lorsque le Japon, exploitant au mieux le filon «moto-loisir» prendra la place prédominante qu'on lui connaît aujourd'hui. Les années 70 seront marquées par la récupération du retard technique accumulé durant les «sixties», dans tous les domaines : la moto subira dans cette période la plus profonde mutation de son histoire, avec l'avènement des freins à disques, de l'électronique (allumages, injections, etc), des roues coulées et surtout la révolution plus profonde qu'il n'y paraît des plastiques, inimaginables auparavant, pour l’habillage en général.

Malheureusement, la surenchère dans le futile, couplée à la crise des pays industrialisés, mènera la moto au bord du gouffre dans les années 80 : les ventes chuteront de moitié de 81 à 85, conduisant la moto dans la crise la plus grave de son histoire, guerres mises à part. Les constructeurs, pris de court, n'ont pas encore su trouver l'antidote à cette décadence, mais le nombre de permis passés, comme le bon maintien des immatriculations d'occasions, permet de croire en des lendemains plus chantants : le besoin, ou en tous cas l'envie, de moto demeure, il suffit (si l'on peut dire !) de retrouver un sens de la mesure qui permettra à tout un chacun de re-goûter aux joies saines et pures du motocyclisme. La moto ? Blessée seulement !

Merci à Auto-moto Retro, de novembre 1985.






vendredi 13 décembre 2013

Drôles de définitions...

Il existe, de par le monde francophone, des petits génies qui jonglent avec notre belle langue, qui essorent les mots pour leur faire dire tout ce qu'ils cachent, et qui nous présentent ensuite le résultat de leur réflexion avec une jouissance que nous imaginons. Et que pour ma part, je partage.

Voici quelques définitions, assez connues. Ou pas...

 Ramadan          : Ce que disait Eve pour faire avancer le bateau
Expatriées       : Anciennes petites amies mal rangées
 Pistachier       : Chemin particulièrement odorant
 Gaspacho         : Flatulence froide
 Théologie        : Mais café au travail
 Immatriculé      : il m'a sodomisé 3 fois
Constipation     : Quand la matière fait cale
 Châtaigne        : Félin méchant
 Détergent        : Il risque de s'étouffer
 Le Petit Poucet  : Car il était constipé
 Les poubelles    : Les moutons aussi
 Cédille          : Invention stupide créée par un certain Monsieur Duçon
 Allégorie        : Fait d'encourager un gros singe
 Ferrailleur      : Agir dans un autre endroit
 Chandail         : Jardin plein de gousses
 Saint Ignace     : Fête des cheveux
 Syntaxe          : Fête des impôts
 Dimanche         : T-shirt de poulpe
 Fêtard           : Il faut rentrer se coucher
 Incontournable   : Personne conne pouvant pivoter
 Coûts totaux     : Arme blanche pour bégayeur
 Courgette        : Mode d'emploi du lancer de javelot
 Mercato          : Maman pratiquante
 Sismique         : Salaire élevé car correspondant à six fois le salaire minimum en France
 Elastique        : Pour que ce soit propre
 La moustache     : Le ketchup aussi
 Patois Nîmois    : Mais c'est qui alors ?
 L'humeur         : Pas de panique, les autres voyelles sont toujours en vie
 Le romarin       : Inverse du pet terrestre
 Groupe sanguin   : Les loosers du Loto
 Simba            :  C'est qu'il est plus fort que moi
 Pomme dauphine   : Pomme de terre arrivée deuxième à Miss Patate
 Un skieur alpin  : Le boulanger aussi
 Considéré        : Tellement il est con, il n'en revient pas lui-même
 Terre des hommes : Parce qu'il est impossible de faire taire des femmes
 Théorie          : Pays le plus agréable à vivre car en Théorie, tout va bien
 Chapitre         : Matou rigolo
 Chinchilla       : Emplacement réservé aux chiens pour faire leurs besoins

dimanche 8 décembre 2013

Tite tof

Juste pour le plaisir, une petite photo du port de Toulon parce que la lumière était particulière.

J'ai dirigé mon téléphone droit vers le soleil d'hiver et j'ai appuyé.

Le résultat est plaisant, et nous rend modeste devant les capacités que la technique moderne accorde aux engins qui ne devraient même pas servir à capter autre chose que des communications téléphoniques...




photo D.C.O.

dimanche 1 décembre 2013

Pi dans les blés


Sujet : Vous avez dit bizarre ?

Notre culture, basée sur la logique et le cartésianisme, devrait nous interdire de nous intéresser aux phénomènes qui ne répondent ni à l’une, ni à l’autre. Mais l’être humain est ainsi fait qu’il est toujours attiré par le mystérieux.

C’est pourquoi je n’ai pas de honte à avouer que, depuis fort longtemps, j’éprouve beaucoup d’intérêt et de curiosité pour ces grandioses et magnifiques dessins géométriques qui apparaissent régulièrement dans les prairies d’Angleterre, et dont la presse se fait parfois écho.

On leur a donné le nom de crop circles, ou agroglyphes en français, car ils sont généralement tracés dans des champs plantés de céréales, qui offrent une belle uniformité, une invitation aux graffitis grandioses.

Leur perfection, leur taille et leur nombre ne manquent pas de m’intriguer : qui en sont les auteurs ? Comment ont-ils été dessinés ? Avec quoi l’herbe a-t-elle été traitée pour donner cet effet ? Pourquoi n’en voit-on presque exclusivement qu’en Grande-Bretagne ? Dans quel but ont-ils été réalisés ?

Autant de questions restées sans réponses, qui vont rejoindre les autres interrogations stériles et irritantes que la vie a accumulées au coin de mon esprit.
Ces figures sont généralement très grandes, très bien faites et très complexes. Je vous en propose une série, mais on peut en voir bien d’autres sur le site que j’indique plus loin.









Il en est une, parmi elles, faite de cercles concentriques irrégulièrement crantés, qui a attiré l’attention des chercheurs. Apparue en 1988 dans le Wiltshire, elle mesure 45 m de diamètre :




Un astro-physicien américain retraité, Mike Reed, a découvert sans qu’on puisse la mettre en doute le moins du monde, la signification de ce dessin. Il s’agit ni plus ni moins d’une représentation géométrique du nombre Pi, avec 9 décimales après le 3, et la virgule incluse (le petit cercle à droite du centre). 
Voyez vous-mêmes comme cela paraît évident une fois qu’on le sait : sur le schéma de Mike Reed, chaque part de camembert est numérotée, et chaque fois qu'on avance d'une décimale, le rayon du cercle s'agrandit. Partez du 1 près du centre, et suivez la numérotation, les chiffres de la formule Pi sont inscrits dans un petit cercle noir. Entre 3 et 1 vous trouverez la virgule représentée dans le champ par un petit rond. Détail curieux : les concepteurs du dessin ont choisi de disposer "parallèlement" aux traces du système d'arrosage le diamètre qui indiquerait "midi/6 heures" sur une montre. 




Vraiment étonnants, ces agroglyphes ! On croit rêver !

Je me souviens qu’une lecture me conduisit un jour à sourire de mes questionnements, qui m’apprenait que la police anglaise avait interpellé nuitamment un groupe de plaisantins équipés d’engins rudimentaires, en train de tracer une figure géométrique dans un champ de blé.

— Ah, c’était donc ça ! Voilà l’explication de ces cercles mystérieux ! dit ma petite voix. 
­— Mais, objecta bientôt le côté logique de ma raison :
  • comment font-ils, ces English, pour réaliser tout ça aussi vite, et pour ne pas laisser plus de traces aux alentours, dans leurs allées et venues 
  • certaines, très belles, très étendues, et infiniment compliquées ne présentent pourtant aucun défaut, et exigent une maîtrise incroyablement parfaite ;
  • on me dit aussi que les végétaux couchés ne sont pas pliés mais qu’ils paraissent torsadés, et quelquefois un peu noircis …
  • que l’air de l’endroit semble ionisé …
  • que l’on trouve près des herbes pliées des particules microscopiques de métal…

— S’ils parviennent à faire tout ça, on ne peut que les saluer, vachement forts ces bristish garnements ! répondit la petite voix, aussi crédule qu’insistante.

Mais pour avoir un autre point de vue, pourquoi ne pas aller rendre visite à cette Anglaise passionnée qui collecte depuis des années les informations relatives à ces phénomènes. Lucy Pringle vous recevra généreusement sur son site richement documenté. Vous n’êtes pas obligés d’adhérer à toutes ses théories, mais la documentation et les témoignages qu’elle propose semblent objectifs.

Parmi les autres sources de documentation, il faut signaler que, dans des séries de photos répertoriées par Google par exemple, il n’est pas fait de différence entre les figures dont on ne peut expliquer la nature (pour les raisons avancées plus haut), et celles réalisées par l’homme, des dessins qui représentent des célébrités par exemple. Certains groupes ne se cachent d’ailleurs pas de cette activité de copistes. Ils se flattent de faire aussi bien que les crops circles originaux, en utilisant, pour plier les herbes, des planches munies d’un double manche, qu’ils poussent devant eux.

Mais l’aspect des tiges après leur passage ne ressemble en rien à ce que l’on découvre sur les cercles d’origine inexpliquée. Et les progrès de l’informatique aidant, on peut supposer que certaines photos du net ont été réalisées grâce à un procédé numérique, comme des trucages de cinéma.

Finalement, il vous reviendra de vous faire votre propre opinion, et de décider si la question des dessins dans les champs de blé a vraiment trouvé une réponse.
Ou si elle ne donne pas le jour à des mystères plus grands encore.

Mais ceci est une autre histoire, n’est-il pas ?


Source partielle : Direct Matin du 6 octobre 2008, d'après Le Courrier International  


vendredi 29 novembre 2013

La gloire et le pain


Sujet : Une nouvelle, à propos d'une balade à moto.

Il enfile le casque qui, en passant, frotte sur son nez et lui replie les oreilles. Mais ce petit désagrément se transforme bien vite en une sensation de confort chaud et protecteur, assorti d’une impression d’invulnérabilité. D'ailleurs, il est impossible d'en être autrement  avec ce casque prestigieux, qui porte le nom d'un compositeur et qui coûte une fortune. Une belle pièce!

Les bottes neuves qui enserrent doucement ses chevilles, le pantalon avec ses épaisseurs protectrices bien placées, et la veste doublée de molleton et équipée d’un renfort dorsal, complètent le viril équipement. Le voici solide, protégé, invincible, et beau comme un gladiateur à son jour de gloire.

Pendant qu'il ajuste ses gants en tapotant l'une contre l'autre ses mains aux doigts écartés, la quatre-cylindres ronronne en faisant légèrement vibrer ses chromes discrets au soleil revenu. L'hiver est fini, et les impressions encore vives des dernières sorties hasardeuses et glaçantes, sont remisées aujourd’hui au coin de son esprit, dans la case réservée aux souvenirs à oublier.

Cette matinée dominicale s'annonce généreuse et l'air léger promet de vivifiantes goulées d’oxygène. Le pilote et son rutilant destrier sont impatients de s’élancer sur la route ensoleillée, pour une plongée ludique dans l’espace.
Le démarrage est doux, comme pour mieux profiter de la transformation du simple piéton en objet bientôt balistique, et puis la moto n’est pas encore chaude.
En bas de la rue, le feu passe au rouge. Un groupe de joyeuses jeunes femmes qui attendaient pour traverser regardent dans sa direction en se poussant du coude. Derrière la visière du Schubert, il essaie de faire sourire ses yeux, pour leur montrer sa connivence, car c’est bien de l'admiration qu'il lit dans leur regard. Elles apprécient certainement le bel équipage...
Un ronflement de moteur approche dans son oreille gauche, et un motard chevauchant un monstre alourdi de chromes et de cuir, s'arrête à côté de lui. Comme par impatience, ou peut-être pour le défier par sa puissance venue d'outre-atlantique, il essore plusieurs fois sa poignée de droite. Le feu passe au vert, notre héros salue discrétement d’une inclinaison du casque, embraye sec et le laisse sur place au démarrage, en faisant décoller sa roue avant.
— Non, mais, des fois ! Ce n'est pas un freluquet sur une Harley qui va me dépasser : je suis intouchable.

Plus loin, un frêle gamin déjanté, zigzagant sur son scoot, se rabat respectueusement lorsque l'impératif vrombissement du moteur multicylindre le rejoint, puis l'oublie en accélérant encore.

L'impression de complétude, de puissance, de réussite, le remplit d'aise, car rien ne peut l'atteindre. Le moteur monte dans les tours, dans des crescendos alternés par les changements de rapports, le vent souffle un peu plus fort dans son casque, composant avec la puissante musique mécanique, une enivrante harmonie.
Voici la campagne. La petite route offre, soumise, ses douces courbes aux inclinaisons instinctives et parfaites que son pilotage sans faille impose à la machine. La chaussée, la nature, les animaux, le paysage, s'allient en son honneur, dans une adoration païenne :
— C'est lui, nous l'avons reconnu! Il faut lui faire fête!...

Comme cette première sortie de printemps est généreuse, comme il se sent bien, comme il est grand ! L'espace se plie à son désir, et se ratatine s’il l’a décidé. Il accélère et transforme la distance en secondes, change le temps en espace parcouru. Sa puissance est immense, sa gloire est totale lorsqu'elle resplendit, à son gré, au bout du compte-tours, au sommet du tachymètre.
Il est le Roi ! Et il le restera, car, qui pourrait lui enlever ce titre? Il a atteint l'acmé de ses potentialités grâce à son équipement qui l'embellit et le protège, grâce à sa moto qui ronfle de tous ses chevaux, grâce à sa technique et son coup d'œil qui lui permettent ce dépassement physique, affectif, presque spirituel...

Mais le temps est passé, et le voici déjà revenu devant son garage. Les bonnes choses sont toujours trop courtes... Avec regret, sa main droite appuie sur le bouton rouge, puis, réticente, s'en va tourner la clé de contact vers la gauche. Un silence encore sucré s'immisce dans ses tympans, troublé par le claquement habituel de la béquille qui s’ouvre. Il se penche en avant pour faire passer son pied au-dessus de la selle.
Comme ses semelles retrouvent le sol, il se sent bien, grand, heureux. Rien ne peut l'atteindre...
— Ah, te voilà! Tu n'as pas oublié le pain au moins?


Merci à Tinga, et à Bricolo, du forum Seven Fifty, pour l'idée de ce conte.

jeudi 28 novembre 2013

Des parasites pour tous...


Sujet : Il s’agit d’une observation personnelle d’un phénomène rarement observé, qui montre que les fourmis aussi sont victimes de parasites.

Voir la vidéo ici

Si les fourmis sont si nombreuses et si fréquentes, c'est sans doute parce qu'elles n'ont guère de prédateurs. À part le fourmilier, ou son clone le tamanoir, que l’on se représente ramenant une langue filiforme, chargée de fourmis engluées. Une scène qui se passe dans un pays exotique, au détriment de fourmis innombrables et hyper-actives, mais qui ne manque pas de nous laisser un peu frustrés par ses limites, devant la présence envahissante, et, semble-t-il permanente de cette engeance. 



Dans nos contrées, enfant, nous avons longuement observé à plat-ventre, la larve du fourmi-lion, tapie au fond d’un entonnoir creusé dans le sable, attendant qu’un mini-éboulement la prévienne de l’arrivée d’une proie. Celle-ci sera bientôt aspergée de jets de sable et entraînée dans les profondeurs du piège. Mais compte tenu du faible rendement de cette technique de capture, on peut supposer qu’elle ne met pas en danger l’espèce myrmécole*. 



Mais il existe aussi, parmi ceux que l’on peut considérer comme des prédateurs, des insectes redoutables dont la descendance est assurée – bien malgré elle - par la fourmi. Très petits, ils agissent avec beaucoup d’adresse et de persévérance pour effectuer le travail de leur vie : pondre leurs œufs dans le corps d’une fourmi vivante. On devine que ce dernier servira de couveuse et de garde-manger pour la future larve qui devra sa vie à la mort de la fourmi. Compte tenu de leur mode de reproduction, et de leur comportement, ces agresseurs sont appelés parasitoïdes.

D’après les renseignements que j’ai pu réunir, l'un des plus connus parmi les parasitoïdes des fourmis serait un diptère de la famille des phoridae. De très petite taille (1 mm), il fait penser à la mouche drosophile, bien connue des scientifiques, mais lui présente une bosse caractéristique sur le dos de son thorax. Il existe des centaines d'espèces de phorides, chacune s'intéressant à une espèce particulière de fourmis, ou d'autres insectes.
Pour ma part, tout-à-fait ignorant en la matière, mais accoutumé à observer les choses de la nature, et ayant la chance d’habiter la campagne, j’ai eu l’opportunité, à maintes reprises, d’observer le manège de certains de ces minuscules moucherons en train d'agresser mes fourmis commensales.
D’après ce que j’ai pu observer, le moucheron choisit sa proie parmi l’espèce la plus grosse existant dans mon jardin, la tapinoma. Ensuite il suit la fourmi, d’un vol nerveux, parfaitement calqué sur la trajectoire de l’insecte, à environ 1 cm d’altitude, en se tenant à l'aplomb de l’arrière de l’abdomen de la fourmi.
Quelquefois, il plonge sur la fourmi d’une façon tellement rapide qu’on le retrouve aussitôt en vol. Généralement la fourmi sursaute violemment en rentrant son abdomen. Elle accélère follement sa course pendant quelques secondes. Mais le moucheron reprend son manège et s'apprête à recommencer.
Parfois la rencontre d’une autre fourmi va pousser le moucheron à changer d’objectif. D’autres fois, ce sont deux moucherons qui harcèlent la même fourmi.
J’ai eu la chance de pouvoir filmer ce manège à plusieurs reprises, mais le résultat n'était pas bon. La dernière fois fut la bonne, les fourmis se prêtant magnifiquement au jeu. Voici, tirées de cette séquence, quelques images extrêmement rares.


                       La phoride suit la fourmi depuis un moment (photo D.C.O.)





Elle s'est posée sur l'abdomen de la fourmi et va pondre ses œufs en faisant de lents mouvements de copulation (photo D.C.O.)





Le gros plan montre l'oviducte déployé par le moucheron pour insérer ses œufs dans l'abdomen de la fourmi (photo D.C.O.)



Sans se déplacer, la fourmi chasse l'importun à l'aide d'une de ses pattes postérieures. Il reviendra aussitôt (photo D.C.O.)



*myrmécologie
science liée à l'entomologie spécialisée dans l'étude des fourmis.


Nota 1 : On a parlé aussi de rares cas dans les pays chauds, de phorides pondant sur les humains, et provoquant des myiases, infestations cutanées et sous-cutanées qui ressemblent à des furoncles. Et qui guérissent spontanément après l'éclosion de la larve. 
Nota 2 : Matériel de prises de vues : Appareil photo-numérique compact Sony Cyber-shot DSC-HX5V, réglé sur vidéo.
Nota 3 : Le montage vidéo de 7 minutes sera visible sur le net, après l'exposé que je dois faire devant l'Académie du Var, et dont la date n'est pas encore fixée.
Édition : voir la vidéo.