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jeudi 28 novembre 2013

Des parasites pour tous...


Sujet : Il s’agit d’une observation personnelle d’un phénomène rarement observé, qui montre que les fourmis aussi sont victimes de parasites.

Voir la vidéo ici

Si les fourmis sont si nombreuses et si fréquentes, c'est sans doute parce qu'elles n'ont guère de prédateurs. À part le fourmilier, ou son clone le tamanoir, que l’on se représente ramenant une langue filiforme, chargée de fourmis engluées. Une scène qui se passe dans un pays exotique, au détriment de fourmis innombrables et hyper-actives, mais qui ne manque pas de nous laisser un peu frustrés par ses limites, devant la présence envahissante, et, semble-t-il permanente de cette engeance. 



Dans nos contrées, enfant, nous avons longuement observé à plat-ventre, la larve du fourmi-lion, tapie au fond d’un entonnoir creusé dans le sable, attendant qu’un mini-éboulement la prévienne de l’arrivée d’une proie. Celle-ci sera bientôt aspergée de jets de sable et entraînée dans les profondeurs du piège. Mais compte tenu du faible rendement de cette technique de capture, on peut supposer qu’elle ne met pas en danger l’espèce myrmécole*. 



Mais il existe aussi, parmi ceux que l’on peut considérer comme des prédateurs, des insectes redoutables dont la descendance est assurée – bien malgré elle - par la fourmi. Très petits, ils agissent avec beaucoup d’adresse et de persévérance pour effectuer le travail de leur vie : pondre leurs œufs dans le corps d’une fourmi vivante. On devine que ce dernier servira de couveuse et de garde-manger pour la future larve qui devra sa vie à la mort de la fourmi. Compte tenu de leur mode de reproduction, et de leur comportement, ces agresseurs sont appelés parasitoïdes.

D’après les renseignements que j’ai pu réunir, l'un des plus connus parmi les parasitoïdes des fourmis serait un diptère de la famille des phoridae. De très petite taille (1 mm), il fait penser à la mouche drosophile, bien connue des scientifiques, mais lui présente une bosse caractéristique sur le dos de son thorax. Il existe des centaines d'espèces de phorides, chacune s'intéressant à une espèce particulière de fourmis, ou d'autres insectes.
Pour ma part, tout-à-fait ignorant en la matière, mais accoutumé à observer les choses de la nature, et ayant la chance d’habiter la campagne, j’ai eu l’opportunité, à maintes reprises, d’observer le manège de certains de ces minuscules moucherons en train d'agresser mes fourmis commensales.
D’après ce que j’ai pu observer, le moucheron choisit sa proie parmi l’espèce la plus grosse existant dans mon jardin, la tapinoma. Ensuite il suit la fourmi, d’un vol nerveux, parfaitement calqué sur la trajectoire de l’insecte, à environ 1 cm d’altitude, en se tenant à l'aplomb de l’arrière de l’abdomen de la fourmi.
Quelquefois, il plonge sur la fourmi d’une façon tellement rapide qu’on le retrouve aussitôt en vol. Généralement la fourmi sursaute violemment en rentrant son abdomen. Elle accélère follement sa course pendant quelques secondes. Mais le moucheron reprend son manège et s'apprête à recommencer.
Parfois la rencontre d’une autre fourmi va pousser le moucheron à changer d’objectif. D’autres fois, ce sont deux moucherons qui harcèlent la même fourmi.
J’ai eu la chance de pouvoir filmer ce manège à plusieurs reprises, mais le résultat n'était pas bon. La dernière fois fut la bonne, les fourmis se prêtant magnifiquement au jeu. Voici, tirées de cette séquence, quelques images extrêmement rares.


                       La phoride suit la fourmi depuis un moment (photo D.C.O.)





Elle s'est posée sur l'abdomen de la fourmi et va pondre ses œufs en faisant de lents mouvements de copulation (photo D.C.O.)





Le gros plan montre l'oviducte déployé par le moucheron pour insérer ses œufs dans l'abdomen de la fourmi (photo D.C.O.)



Sans se déplacer, la fourmi chasse l'importun à l'aide d'une de ses pattes postérieures. Il reviendra aussitôt (photo D.C.O.)



*myrmécologie
science liée à l'entomologie spécialisée dans l'étude des fourmis.


Nota 1 : On a parlé aussi de rares cas dans les pays chauds, de phorides pondant sur les humains, et provoquant des myiases, infestations cutanées et sous-cutanées qui ressemblent à des furoncles. Et qui guérissent spontanément après l'éclosion de la larve. 
Nota 2 : Matériel de prises de vues : Appareil photo-numérique compact Sony Cyber-shot DSC-HX5V, réglé sur vidéo.
Nota 3 : Le montage vidéo de 7 minutes sera visible sur le net, après l'exposé que je dois faire devant l'Académie du Var, et dont la date n'est pas encore fixée.
Édition : voir la vidéo. 

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