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dimanche 9 octobre 2016

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Le ciel est émetteur…
Même si vous n’êtes pas un lecteur assidu de ce blog, vous conviendrez avec moi que le ciel ne nous envoie pas que des Aliens. Le ciel météorologique est émetteur de beaucoup de phénomènes que nous connaissons bien, comme le beau soleil ou le mauvais vent, de ces émissions inévitables que nous souhaitons, ou acceptons, contraints. Car toujours le Ciel commande et la Terre reçoit.

Et il arrive parfois que le ciel astronomique nous gratifie de quelques débris qui se sont libérés de ses lois gravitationnelles, comme des météorites, ou le modèle au-dessus, les météores.

Nous avons en mémoire l’énorme catastrophe qui a frappé la forêt de Toungouska en 1908, et qui semble avoir été due à l’impact d’un corps céleste*. On dit que la chute de météorites est fréquente, et que, pour leur part, de nombreux météores ont pu s’abattre sur notre planète, mais que leurs traces ont été effacées par l’érosion.

Le Meteor Crater
Un des cratères météoriques les plus connus et sans doute le plus visité, est celui qui se trouve en Arizona, entre Flagstaf et Winslow, le fameux Meteor Crater.
Pour situer la scène, imaginez une étendue de terre plate comme la main, et grande comme une mer qui irait toucher les horizons. C’est l’endroit qu’a choisi cet objet dont le ciel ne voulait plus, pour rencontrer notre monde.

 
Au fond, les montagnes enneigées près de Flagstaf
(photo DCO)

On annonce une date : 50 000 ans. Une vitesse énorme, variable selon les opinions (entre 40 et 110 000 km/h). On imagine les conséquences du choc : un champignon digne des plus belles explosions atomiques s’élevant dans la stratosphère, des millions de tonnes de terre et de roches pulvérisées, ou déplacées pour former le bourrelet autour du cratère.

Il est parfaitement dessiné dans cette plaine régulière. Il est aussi parfaitement conservé, et semble avoir échappé à toute forme d’érosion.
Son diamètre est de 1250 mètres, et sa profondeur de 175 mètres. Le fond ressemble à celui d’un bol, et les bords irréguliers, dessinés par les débris écartés par le choc, sont bien plus hauts que la plaine environnante.

 
Le Meteor Crater vu d'avion
(photo Meteor Crater)

Il est découvert — tout au moins découvert par les Visages Pâles — en 1871, comme un volcan éteint. En 1890, des météorites de nickel et de fer furent trouvées aux environs. Mais cela ne conduisit pas immédiatement les scientifiques à attribuer l’origine de ce cratère à la chute d’un météore.

 
Vue générale depuis une passerelle
(photo DCO)

Dans le fond, on aperçoit quelques bâtiments, une machine rouillée et des débris blanchâtres. Ils paraissent tout petits à cause de la distance, une distance trompeuse, qui serait totalement impossible à évaluer sans appareils de mesure.

 
Vue rapprochée des restes de l'exploitation par Barringer
(photo DCO)

Les recherches
En 1902, un ingénieur des mines, Daniel Moreau Barringer, le premier scientifique à être fermement convaincu qu’il s’agissait d’un cratère de météore et non d’un volcan, pensa que le météore se trouvait encore enterré ici. Il acheta le domaine et créa une société pour l’exploiter.
Il construisit une machine de forage à vapeur, dont on voit les restes, protégés de la rouille par le climat sec de l’Arizona. Il y travailla pendant 25 ans, sans succès. Après avoir traversé une couche de grès blanc, dont on voit les dépôts remontés à la surface, il finit par abandonner lorsque ses outils se montrèrent incapables de traverser une zone très abrasive.

Il n’avait remonté que quelques petits débris de météorites. On suppose depuis que la masse du météore s’est fractionnée et a été pulvérisée dans le choc, et qu’il ne reste sans doute pas de “noyau“ massif.

Cependant, n’ayant pas trouvé ce qu’il cherchait, Barringer avait envisagé tardivement que la masse du météore n’était peut-être pas au milieu du cratère. Si la trajectoire du météore avait été tangentielle et non perpendiculaire, les restes du météore étaient peut-être décalés. Mais alors le cratère n’aurait-il pas dû être oblong ?

Il fit l’expérience de tirer des coups de feu dans la boue selon différents angles, et s’aperçut que la cavité produite était toujours hémisphérique et régulière, et non pas allongée. Comme la trajectoire du météore avait certainement été oblique, les restes de l’engin pouvaient donc se trouver plus près d’un bord que du centre.

Les résultats
Ce furent ses successeurs qui utilisèrent ce raisonnement et creusèrent plus près du bord sud-est, à l’endroit où la paroi montrait une déformation particulière, en forme d’arche.
Ils furent heureux de ramener des débris de météorites, dont le nombre augmentait avec la profondeur, aux environs des 300 mètres.
Ils s’acharnèrent jusqu’en 1929, et — faute de moyens financiers — furent contraints d’abandonner à leur tour, à 450 mètres de profondeur, l’outil de forage s’avérant incapable d’aller plus loin, et se brisant dans un matériau extrêmement dur.

Barringer mourut cette année-là, satisfait cependant de voir que son opinion sur l’origine météorique du cratère avait été adoptée définitivement par le monde scientifique.
Sa famille est toujours propriétaire du site, que l’Etat a déclaré “repère naturel“.

Que les amateurs de détails sachent que l’on a découvert sur le site, en plus de débris météoriques, deux sortes de minéraux, connus seulement dans des endroits semblables. Il s’agit de la coésite et de la stishovite, des formes polymorphes de la silice, produites par l’énorme pression du choc.

L’exploitation moderne du site
La vision de ce site ne manque pas de rappeler des images de mondes lointains comme la Lune ou d’autres planètes. Et curieusement, cet endroit a été copieusement utilisé pour la préparation des astronautes, en particulier, ceux du programme spatial “Apollo“. Ils ont ainsi appris à repérer les bons endroits d’un cratère où ils pourraient, sur la Lune, récupérer des échantillons d’origine profonde sans creuser, car ramenés à la surface par la collision.

Mais il semblerait que la rentabilité de ce site soit surtout d’origine touristique, car tout a été prévu pour le visiteur, qui peut facilement nourrir ses appétits de nourriture à destination de son intellect ou de son estomac. Pour le curieux, la visite, bien organisée, de cette cicatrice sur notre bonne planète, est un moment inoubliable, à cause de l’environnement, de la perfection de la conservation du cratère, de sa taille et de sa profondeur.


Ajoutez à tout ceci un calme extraordinaire, un air léger à cause de l’altitude, et vous comprendrez pourquoi les visiteurs semblent respectueux et réservés, comme fascinés par cette preuve d’un terrible événement passé, dont la force et l’ampleur dépassent leur entendement.

Vitesse limite…
Ne vous étonnez pas alors que, désireux de faire sourire les nouveaux venus, les modernes metteurs en scène de cet endroit fabuleux, aient recherché un peu de dérision et de légèreté dans l’humour bon enfant d’une pancarte routière de fantaisie : elle recommande aux véhicules terrestres de ne pas dépasser les 50 miles à l’heure, alors que les météores peuvent aller jusqu’à 26 000 miles à l’heure, si le cœur leur en dit...  

 



*Les scientifiques discutent toujours sur l’origine de ce phénomène de Toungouska, qui ne ressemble pas tout à fait à la chute d’un météore à cause de l’absence d’un cratère classique.

  

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