Les nombres sont l’essence des
choses.
Pythagore
Les
nombres ont, de tout temps, intrigué les hommes. Symboles ou éléments
mathématiques, les mystères qu’ils recèlent ou qu’ils induisent continueront
longtemps à les passionner.
Bien
après Pythagore, de grands mathématiciens (comme Fermat, Euler, Gauss, Lucas,
Cantor, Dedeking...) se sont défiés à propos de nombreux problèmes, et ont
laissé leur nom à des formules, des théorèmes ou des lois.
Dans
un domaine plus anecdotique, l’on cherche encore par exemple à démontrer
pourquoi il suffit de 4 couleurs pour représenter sur une carte, les pays d’un
continent ou les départements d’un pays sans que deux éléments voisins soient
de la même couleur.
J’ai bien connu un scientifique qui occupait une bonne partie
de ses loisirs à tenter de résoudre ce genre d’énigmes. Il a, entre autres
choses, cherché à expliquer mathématiquement pourquoi quelques pentagones doivent
impérativement être associés aux hexagones, pour permettre la sphéricité parfaite d’un ballon
de foot-ball. Ou bien encore à quelle formule obéissait la répartition des
écailles sur une pomme de pin… Alibis futiles pour des calculs ardus!
Dans
la vie courante, il existe de nombreux jeux basés sur
l’exploitation astucieuse des nombres, le dernier à la mode portant le doux nom
de su do ku. Ici, les nombres ne sont
que des signes, d’ailleurs quelquefois remplacés par des symboles, ou des
lettres.
Si
l’on se tourne vers le passé, l’on trouve de curieuses combinaisons où les
nombres sont disposés selon un arrangement géométrique. Le carré magique en est le modèle le plus fréquent. Les nombres
figurant dans les cases, additionnés selon les lignes, les colonnes ou les
diagonales, doivent donner la même somme. D’autres sont appelés “carrés
diaboliques” parce qu’ils sont dotés de propriétés supplémentaires. On raconte
que le célèbre Benjamin Franklin était passionné par les carrés magiques. Il en
inventait sans cesse :
"Durant ma jeunesse et lorsque j'avais plus de temps pour les
loisirs, (...) je me suis amusé à faire
des carrés magiques. A force, j'ai acquis le coup, et je pouvais remplir un
carré de taille raisonnable aussi vite que je pouvais écrire les nombres”.
Carré magique : dans toutes les lignes, toutes les colonnes, et les diagonales,
le total des nombres est de 15
Les carrés magiques sont
apparus à une date très ancienne aux Indes et en Chine (quelques siècles avant
les Han), mais n’ont été introduits
en Europe qu’aux environs du XVème siècle. Un traité, connu sous le nom de “Arrangement harmonieux des nombres”,
fut écrit en langue arabe au XIème siècle. Les carrés magiques étaient alors
l’objet d’une véritable science. Leur destination finale semble avoir été celle
de talismans.
Mais
tous ces calculs, qu’ils soient simples ou complexes, ne constitueront pas
l’objet de notre propos. Voyons plutôt comment certains croient trouver dans
des suites de nombres, ou dans des combinaisons calculées, des significations
prévisionnelles ou sacrées. Alors, les règles arithmétiques ne sont plus
primordiales. On donne le premier rôle à un symbolisme particulier, un peu
comme si l’on ne retenait des nombres que leur chiffre, c’est-à-dire le caractère typographique qui les
représente.
Dans
la vie de tous les jours, beaucoup de personnes ont, vis-à-vis des nombres, un
comportement irrationnel. Elles attribuent à certains d’entre eux des pouvoirs favorables,
et à d’autres, des potentialités néfastes. La prétendue malfaisance du nombre
13 est universellement adoptée, puisque ce nombre n’est généralement pas
utilisé dans la numérotation des chambres d’hôtel ou d’hôpital, ni dans celle
des dossards des compétiteurs, par exemple. Mais la superstition se contredit
en attribuant au vendredi 13 une influence bénéfique : c’est le jour où
les jeux de hasard ont le plus de succès. Il y a quelques années, un skipper
célèbre dans les courses transocéaniques avait baptisé son bateau “Vendredi
13”. Mais je ne crois pas que son équipage ait eu en course, plus de réussite
qu’un concurrent cadet, qui avait choisi, par dérision, d’appeler son bateau
“Jeudi 12”.
La
plupart des joueurs de tiercé ou de loto adoptent un ou plusieurs chiffres
“porte-bonheur” et mettent dans leur utilisation toujours répétée, un espoir
insensé. Ces nombres sont la plupart du temps, puisés parmi les dates de
naissance des proches censées constituer des paramètres fastes.
Quant
aux mordus de la roulette, ils oublient la loi des probabilités pour rêver de
la martingale idéale.
On voit combien les nombres ont compté dans la réflexion des hommes. La mathématique, plus ou moins déviée de ses premiers buts, a passionné chercheurs, devins et philosophes. Si bien que, petit-à-petit, les nombres sont devenus aussi des symboles, concepts qui, comme on le sait, servent à transmettre des connaissances difficilement dicibles autrement.
Nous verrons, dans le prochain article, la signification des premiers nombres pour d'anciennes civilisations, de ces civilisations que l'on n'oublie pas lorsqu'elles ont exposé leur savoir à l'époque de leur proximité avec la Tradition primordiale.
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