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dimanche 8 août 2021

Une leçon de la Tradition

 

Ou comment, grâce à la médecine chinoise antique, comprendre ma formule :

"La sérénité est le bonheur de l'Esprit, obtenu par la satiété de l'intellect"


 

La période que nous traversons représente pour tous, un ou plusieurs défis obligés, qui s’accompagnent de dérangements, d’inconvénients sur le plan matériel, et surtout d’inquiétude. Il en résulte évidemment un sentiment de mal-être, sinon d’angoisse.

Cependant, ces réactions — bien légitimes — devant la situation particulière que le destin nous impose, devraient, "normalement", ne pas trop perturber notre pensée, ni nous amener à pleurer notre petit bonheur de tous les jours, pour l’instant occulté.

Voyons comment, en tant que "médecin chinois" — mais pour une fois praticien et patient en même temps — nous pouvons nous livrer à une réflexion positive sur un problème de ce type. Et collationner au passage quelques bribes de connaissance, par la même occasion.

Nota :

Il est bien entendu que lorsque nous utilisons le mot Tradition, c'est avec sa connotation originelle, indiquant une science primordiale, connue dans toutes les civilisations, à l'origine des sous-traditions et des religions, entre autres. Il ne s'agit pas de folklore ou de "choses anciennes à l'image du passé" !

 

État des lieux

Nous sommes troublés, inquiets devant le mal qui menace, et psychologiquement déstabilisés par les contraintes édictées, et par la privation partielle de notre liberté. Nos rapports avec les autres sont tendus, et parfois même agressifs et conflictuels. On a cité le cas d'un homme qui en a abattu un autre qui ne portait pas le masque !

Nous subissons aussi, contre notre gré, une orientation forcée de la pensée, qui rappelle le lavage de cerveau. Nous devons nous conduire de la façon décidée par les hommes de pouvoir, qui semblent pourtant manquer de l'autorité respectable nécessaire pour nous l’imposer avec justesse, et avec justice. Des décrets contradictoires, basés parfois sur le mensonge, d'autres fois sur la méconnaissance ou l'incapacité, des interdictions médicamenteuses ou des prescriptions médicales dictées par des lobbies financiers, des contraintes sociales machiavéliques sinon excessives, au but réel non avoué, une hyper-dramatisation permanente de la situation, constituent leur œuvre désordonnée… Il est normal que l'individu ait des réactions hors normes à cette situation exceptionnellement dérangeante.

 

 Réaction

Tout ceci, nous avons du mal à l’accepter, ou même le comprendre. Le résultat est que, selon le sentiment général, cela nous rend malade… La plupart du temps, cette formule n’est qu’une façon de dire son ras-le-bol. Mais d’autres fois, chez les individus les plus fragiles, le mal-être, les dérives comportementales, les troubles mentaux se multiplient. Il arrive que cette tristesse, ajoutée à la raréfaction des visites de proches, fasse mourir les plus dépendants, les plus âgés, les plus fragiles. Et pour certains, est prise la décision extrême de se donner la mort, comme nous le savons. 

Quoi qu'il en soit, sans en arriver là, si notre notion du bonheur se trouve submergée par les miasmes des marécages nauséabonds de l’actualité et de la désinformation, ou par les contraintes et l’enfermement, réagissons ! 

 

Que faire ?

Soignons-nous ! Mais comment bien se soigner ?

Nous savons que la médecine universitaire classique propose aux plus touchés par la peur, par l'angoisse, ou par la dépression, une gamme de médications neurotropes, tranquillisantes, euphorisantes, amnésiantes, qui ne font généralement que masquer le problème par un cataplasme adoucissant, et dont on connaît malheureusement les dangers liés à une addiction facile.

Elle leur permet aussi s'ils le désirent, d'approcher les spécialistes des maladies de la psyché, qui, adossés à leur divan diabolique, se feront un devoir de ramener à la lumière du conscient des résidus de kweis[1]que nous avions prudemment et sainement enfouis au plus bas de notre inconscient. Ils le font, sans se douter des répercussions dramatiques que cette imprudente remise au jour pourrait provoquer. Réanimer dans le conscient les boues de l'inconscient équivaut à reverser le contenu des égouts dans le circuit d'eau potable, ou tenter de faire naviguer un navire la quille en l'air. Le patient ne s'en tirera pas sans conséquences, dont la plus connue est l'addiction à ces machiavéliques séances de prétendue thérapie programmée pour des années.

 

Alors, soignons-nous encore mieux !

La médecine chinoise traditionnelle propose plusieurs façons d'intervenir devant la moindre pathologie. Parmi elles, la plus haute en qualité — rarement employée par ignorance — s'adresse de façon non-matérielle, au niveau le plus noble de notre structure : l'Esprit.

Cette méthode de soin particulière laisse entendre que si notre Esprit était "en bon état", en bonne condition de fonctionnement, il devrait pouvoir, par une stimulation adéquate, s'opposer sainement aux conséquences néfastes des conjonctures morbides, comme celles d'aujourd'hui, des conjonctures qui, si notre santé (vue dans sa totalité) était parfaite, ou parfaitement équilibrée, ne devraient pas exagérer maladivement le niveau de nos émotions. 

Situé à "un étage" au-dessous de l'Esprit, notre plan affectif, très sensible, est beaucoup trop largement sollicité dans notre culture. Il a tendance à constamment déborder d'émotions, de larmes, et d'angoisse, à l'inverse de ce qu'il se passait chez les Taoïstes, qui semblaient peu enclins aux états d'âme, mais avaient par contre une grande ouverture spirituelle.

Entrée indispensable pour les énergies positives venues d'en Haut, l'Esprit doit rester ouvert, fonctionnel et actif.

 

La méthode chinoise antique

Pour ceux qui connaissent la structure métaphysique ternaire de l'Homme, comprenant depuis le haut vers le bas, :

- le plan de l'intellect ou de l'esprit, 

- celui de l'affectivité, 

- et, tout en bas, celui du soma, il apparaît comme évident que le traitement du plan moyen (celui qui gère notre humeur du moment), pourra se faire aussi par une action dynamisante du plan supérieur, pour en activer les fonctions, et par là, restaurer les échanges constructifs vers le bas, vers ce plan affectif malade, déséquilibré, car en état hyper

Un excès à ce niveau est une situation anormale, car le plan affectif doit toujours être neutre, et non pas sous l'emprise, la domination d'une émotion particulière, comme la colère, la tristesse, l'angoisse, ou même une joie excessive et pathologique. Même si l'on sait qu'il est alimenté par le Haut, il doit montrer un fonctionnement parfaitement équilibré, prêt à réagir sainement aux influx venus d'autrui[2]horizontalement. Ils sont représentés aujourd'hui par les contraintes sociales, comme celles dont nous parlions, par exemple.

Le plan supérieur, celui de l'Esprit, est fait pour nourrir positivement la totalité de notre être, en accueillant les influx naturels bénéfiques (venus d'en Haut), puis en régulant leur répartition dans toute la structure. [3] 

Notre culture occidentale, telle qu'elle se transmet depuis plusieurs siècles, a totalement négligé, sinon nié ce niveau spirituel haut placé, pourtant domaine de la Qualité la plus haute de notre pensée, spécifique au règne hominal, et surtout porte ouverte vers la transcendance[4]

Lui redonner son rôle et donc son efficacité, ne peut être que bénéfique pour la totalité de l'être. 

La médecine chinoise antique considère le soin de l’Esprit comme la méthode thérapeutique la plus importante, et la plus qualifiée.

Cette formule dite ainsi, est l'une des traductions possibles du chinois. Il faut bien comprendre que l'écriture chinoise n'est pas la réplique écrite de la parole : c'est une métaphore exprimée par le dessin d'un caractère, qu'ici on pourrait peut-être aussi bien traduire par : nourrir l'Esprit, ou le plan supérieur, ouvrir le conscientou encore activer le "Ciel" de l'homme (son niveau le plus Qualifié)... 

Nous savons aussi, avec les Taoïstes, qui le connaissaient bien, que l'Esprit n'est pas le lieu du bonheur. Et que, si par hasard il devait devenir l’objet d’une thérapie, il ne pourrait être — compte tenu de sa nature — exhaustivement soigné que par des moyens bien plus subtils que les médicaments, l'acupuncture, ou même l'entretien psychiatrique. Une structure au fonctionnement "subtil" ne peut légitimement réagir qu'à des procédés d'ordre non-rationnel, évidemment, mais d'un autre ordre que celui, illégitime et traumatisant, qu'imaginent parfois les psychiatres.

Ce que nous ne savions pas, ce qu'aucun texte, aucun ouvrage sur la médecine chinoise n'explique, c'est comment les Sages taoïstes entendaient "soigner l'Esprit".

Il y a plus d’un demi-siècle, au cours d'un entretien privé que j’avais avec Jacques-André Lavier, en réponse à ma question :

— Mais que veut dire réellement la formule : "soigner l’esprit"[5]?

Il m’avait répondu :

— Cela consistait principalement à faire prendre conscience au patient du fonctionnement de la manifestation, et de la place, métaphysiquement verticale, qui y est la sienne. De l’existence naturelle autour de lui, d’un Monde ordonné et parfait, au fonctionnement duquel il participe, et dont il est aussi le reflet analogique, une image microcosmique légitime et imprescriptible. 

 

Alors, après avoir réalisé cette prise de conscience, et après que cette révélation soit devenue certitude, le patient pouvait entrer en toute légitimité dans le cadre du processus médical tel que l'avait bâti le thérapeute, c'est-à-dire tel que l'imposait la Tradition. 

Il faut donc ranimer, nourrir, réactiver ce plan supérieur, pour que, redevenu harmonieusement et normalement fonctionnel, il puisse s'ouvrir aux forces constructives venues d'en-Haut, transportées par les chens[6], sous forme de germes d'idées (d'idéogènes), dont l’Homme en pleine santé, en pleine possession de ses moyens, ne saurait se priver. 

 Alors, cette pluie bénéfique, recueillie légitimement et naturellement, va permettre, après un tri normal, de réguler favorablement les plans sous-jacents, dont le plan affectif. 


Physiologie métaphysique de l'Homme-dans-le-cosmos

Mais pouvons-nous vraiment rendre actif notre plan supérieur?

Pour chacun d'entre nous, cette remise en fonction du plan supérieur peut se faire comme le conseillait Jacques-André Lavier à notre patient, par exemple en nous élevant spirituellement vers l’en-Haut subtil et noble, pour réaliser l’importance qui nous a été accordée par la nature des choses en nous incorporant de facto dans la physiologie de l'univers, dans l’Ordre du Monde. Ce qui nous mettra en cohérence avec lui, et nous rappellera en somme, notre situation normale, hiérarchisée, c'est-à-dire notre statut métaphysique — aussi évident que notre position biologique — entre le Ciel qui nous recouvre, et le Sol qui nous porte[7].

Évidemment, nous pouvons prendre conscience de tout ceci, mais nous sommes encore loin des conditions idéales qui étaient remplies par les habitants de la Chine antique, qui se comportaient de la façon la plus respectueuse qui soit vis-à-vis des lois de la nature. Ils travaillaient le jour, dormaient pendant la période nocturne, se reposaient en hiver, se nourrissaient naturellement des produits locaux de la saison, ne se déplaçaient pas ou peu, etc.

Or il se trouve que nous travaillons et vivons autant la nuit que le jour, et nous allons, même à la saison froide, dépenser notre énergie inconsidérément "pour le sport". Nous parcourons la planète sans cesse. Nous nous nourrissons de n'importe quoi, et sommes victimes des conséquences matérielles et écologiques du progrès...

Chez les êtres de l'époque, majoritairement agriculteurs en plus, respectueux de l'exemple donné par la nature, les conditions idéales étaient remplies de facto.

 

Si nous acceptons cette conception, en prenons conscience et parvenons à suivre de plus près les injonctions que nous adresse la nature cosmique, le résultat pourrait peut-être se traduire par un afflux plus normal d'idéogènes, dont nous savons qu'ils sont capables d'équilibrer le plan supérieur, puis de ramener à la neutralité le plan moyen, en répartissant de façon optimale les forces émotionnelles[8] qui vont définir la coloration de nos sentiments. 

Alors, sans excès ni carences pathogènes, harmonieusement activé, le plan de l'affectivité retrouverait sa normalité, et pour le moins, ne traduirait pas de sentiment de mal-être. Il ne déborderait pas non plus sur le plan corporel, c'est-à-dire qu'il ne se livrerait pas à des somatisations pathogènes. Dans un cas comme celui qui nous occupe aujourd'hui, un grand pas vers la disparition des déséquilibres affectifs serait franchi.

 

Mais attention, ici, plus que jamais, il faut rester vertical et se garder d'aller fouiller dans les égouts... On aura compris que le subconscient, l'instinct, l'intuition banale, tous venant du bas, ne sont pas en odeur de sainteté dans ce discours qui concerne la santé et la protection de celui de nos étages en rapport avec le conscient et même la transcendance.

 

Discussion

Notre cartésianisme nous poursuivant comme une tare, nous en venons à nous demander si tout cela se tient, et si nous ne nous trompons pas en faisant référence à une science si lointaine dans le temps et le lieu, et en visant si haut. Ce domaine non-matériel est-il à la portée de notre pensée constructive? Est-il susceptible de nous aider à agir favorablement sur nos troubles?

En se rappelant que l'individu est un tout, et que ses trois étages loin d'être séparés les uns des autres, sont liés par des échanges continuels. Si l'Esprit est atrophié, il perturbe l'affectivité par son inefficacité, et celle-ci, victime d'un excès de morbidité, peut perturber ou détruire le soma.

Rappelons aussi au soignant, combien, dans toutes les formes de thérapeutique, la prise de consciencel’intention (domaine de intellect), ou l'empathie (domaine de affectivité), peuvent l'aider dans la démarche vers autrui. Comment, par exemple, les phénomènes non-rationnels comme les techniques de suggestion peuvent être efficaces. 

 

Conclusion

En nous inspirant des notions qui précèdent, si en tant que patient, nous prenons conscience de notre statut cosmique, et si, grâce à nos pensées averties et constructives, nous redevenons fonctionnel spirituellement, nous disposerons —  après cette remise en route de l'étage qui s'ouvre vers la transcendance — des éléments nécessaires pour parvenir à l’orée d’un équilibre plus sain. 

Nous résisterons mieux aux suggestions morbides et douloureuses que le plan affectif a tendance à exagérer plus qu'il ne le faudrait lorsque son contenu est déséquilibré par un manque d'influx en provenance du Haut, ces éléments précieux indispensables, dont la place vacante sera alors occupée par ceux venus d'en-Bas, toujours prêts à combler les vides, — et cela, bien sûr, sur un mode pathologique. 

 

Dans le cas — toujours possible, compte tenu de l'ancienneté de la science mise en œuvre — où le monde moderne et son excès de matérialisation nous auraient amputés des facultés naturelles de perception, d'analyse, de réactivité, qui étaient sans doute normalement développées chez l'Homme de la proto-Histoire, cette démarche au niveau de notre plan le plus élevé, sera peut-être sans effet. 

Mais nous serons tout de même satisfait d'avoir fait œuvre de réflexion, d'avoir appliqué les Lois sacrées, et en somme, d'avoir fait le tour des possibles.

 

Il faut savoir aussi que si nous réussissons, ce ne sera pas le pur bonheur pour autant. 

Mais encore mieux : la sérénité.


"La sérénité est le bonheur de l'Esprit, obtenu par la satiété de l'intellect".

 

(Merci à PhL de m'avoir donné l'occasion de ranimer quelque peu mon blog). 

 

 

 

 

 



[1]Dans la médecine chinoise traditionnelle, influx d'origine inférieure, censés contrôler leurs antagonistes constructifs, les chens, venus d'en Haut.

[2]Autrui est aujourd'hui représenté aussi par les médias, et leur flot d'informations dévastatrices.

[3]Pour ce qui concerne le mécanisme métabolique des énergies reçues du cosmos, voir Médecine chinoise, médecine totale, de J.-A. Lavier, ou les Ciels de l'Homme, de D.C. Ottavi, chez l'auteur.

[4]Il faut dire aussi que depuis l'avènement de l'Humanisme, le plan de l'esprit a été nié, pour ne considérer qu'un homme amputé, un homme à deux étages, répondant à une dualité âme/corps plus réductrice que glorieuse.

[5]Faut-il rappeler que cette recommandation constitue la plus qualifiée des 5 méthodes de soin préconisées par la médecine chinoise antique. Les suivantes — par ordre de qualité décroissante — sont la diététique, la pharmacopée, l'acupuncture, et la chirurgie.

[6]Voir la note de bas de page 1.

[7]Selon la formule originelle chinoise.

[8]Selon la formule de Jacques-André Lavier.

2 commentaires:

  1. J'ai particulièrement apprécié
    " Réanimer dans le conscient les boues de l'inconscient équivaut à reverser le contenu des égouts dans le circuit d'eau potable"
    Les Psys de toute sorte devraient apprécier...

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  2. Et oui, Philippe, la diplomatie et moi...
    Les conséquences néfastes de ces techniques de régurgitation, chez les patients en traitement, m'ont été révélées il y a bien longtemps. Bien avant que J.A. Lavier ne nous en donne l'explication.
    Le malaise ressenti peut être considérable et durer pas mal de temps.
    Peut-être le fait d'un praticien maladroit.
    Cependant tous les gestes des psy ne sont pas aussi risqués, et aident aussi, heureusement.
    D.

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