le blogadoch2

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mercredi 2 mai 2018

Le clignotant droit, un faux-ami...

     Revenons un instant à la circulation routière, cette activité qui nous concerne tous, et tous les jours que Dieu fait.
     Mon expérience de la route est grande — ou grosse, si vous voulez — puisque je conduis depuis environ 70 ans. Autrefois, dans une auto lente et rare, on n'avait pas les mêmes angoisses qu'aujourd'hui, où tout se passe parmi des petits bolides bourrés de chevaux et d'électronique, de ces engins que tout le monde ne sait pas utiliser totalement, ou a du mal à maîtriser.
     La circulation a suivi la même évolution que la démographie, elle est devenue insupportable. La démographie l'est pour notre pauvre planète, la circulation pour les usagers.
     Bon gré mal gré, nous avons tous pris des habitudes, plus ou moins efficaces, pour espérer rester entier dans la jungle routière. Les aménagements des autos d'aujourd'hui sont de remarquables outils, qui facilitent largement notre évolution au milieu de nos congénères motorisés.
     Il est cependant des cas, où quelle que soit notre prudence, quelle que soit l'attention que nous portons à cette activité, nous nous trouvons un jour ou l'autre dans une situation que nous n'avons pas voulue.


     Je vais vous raconter ce qui m'est arrivé récemment, et qui m'a fait réfléchir à un danger provoqué par un perfectionnement technique qui, au contraire, devrait ne nous apporter que de la sécurité. Je veux parler des clignotants.
     Dans la Chenard et Walcker de mon père, construite en 1930, il n'y avait bien sûr pas de signaux de direction. Un conducteur seul à bord qui devait tourner à gauche, était contraint, depuis sa place à droite, de faire un signe par-dessus le toit pour indiquer qu'il allait tourner à gauche. La plupart du temps, il ne faisait rien. Et tout se passait pacifiquement.
     Aujourd'hui, nos clignotants sont de merveilleux outils, dont l'usage intelligent permet à chacun d'approcher une plus grande sécurité, et de prendre une plus rapide décision, en fonction de ce qu'indique le signal aux autres usagers.
     Et c'est là que cela peut se retourner contre notre personne, en toute bonne foi.

     Je quitte une route importante pour entrer, à ma droite, dans une zone industrielle. Je clignote à droite et, roulant aux environs de 50 km/h, je m'engage dans la voie principale de cette zone. Elle suit une faible courbe, régulière, mais longue de plusieurs centaines de mètres. Après avoir parcouru environ 150 mètres, je vois à ma droite, arrêtée sur la ligne blanche d'un stop, une voiture dans une rue transversale. Alors que je suis à une trentaine de mètres, le conducteur, qui regardait dans ma direction, démarre. Je donne un coup de volant pour l'éviter et un coup de klaxon pour le sermonner. Il freine, en gesticulant, le visage empourpré par l'énervement. 

     Bien sûr, je trouve condamnable cette idée de quitter son stop au moment où j'arrivais. Il tente alors de me doubler, mais la circulation d'en face l'en empêche. 
     — Il est très en colère, me dit ma passagère. 
     Pour ma part, je dois tourner dans une petite rue à droite un peu plus loin. Il ne me suit pas.

     Et je comprends tout, brusquement, parce que, lorsque je manipule le levier des clignotants pour indiquer mon changement de direction, je ne sens pas le petit cran. Le clignotant est déjà en fonction à droite, et ce, depuis que j'ai quitté la grande route!
     Inconsciemment, j'ai certainement, comme chaque fois, compté sur le retour de la manette au point neutre, mais il ne s'est pas produit, à cause de la courbe ininterrompue de la voie que j'ai empruntée, et où s'est passé l'incident.
     Dans une auto, on a tellement l'habitude de voir les clignotants revenir à la position neutre automatiquement qu'on n'y fait plus attention. Mais c'est un tort...
     Je comprends maintenant l'exaspération du monsieur qui a démarré au stop : en voyant mon clignotant de droite en fonction, il pensait que j'allais entrer dans la voie où il se trouvait, donc qu'il pouvait démarrer...

     Je connaissais déjà le danger du clignotant à droite oublié sur un deux-roues, qui justement se trouve dans cette situation très dangereuse : une auto sortant d'une voie secondaire, peut très bien se fier au signal et venir percuter le motard distrait qui ne veut pas du tout tourner à droite.
     C'est pourquoi j'avais installé des buzzers sur ma moto, qui fonctionnaient en même temps que les clignotants.

     Comme je le disais, la circulation aujourd'hui est tellement difficile, à cause du nombre d'usagers au même endroit au même moment, que l'on cherche le moindre indice pour la rendre plus fluide, ou tout bonnement pour gagner une poignées de secondes.
     L'examen des clignotants des autres est utile dans ces cas-là, qui nous portent bien sûr, à maudire l'usager qui ne signale pas ses intentions et nous oblige à attendre son passage éventuel, alors qu'il va tourner avant, et que nous aurons attendu pour rien.
     Inversement, des feux clignotants allumés ne constituent pas toujours l'indice que nous croyons y déceler... 

     Restons prudents. Attentifs. Et humbles.




2 commentaires:

  1. Hello Doch, tout, à fait d'accord avec toi sur le danger de faire confiance au retour automatique de la commande des clignotants, même si normalement il y a un indicateur visuel au tableau de bord et un répétiteur plus ou moins sonore.
    Sur ma première voiture, un cab Peugeot 203, la classe quoi il y avait des flèches ….sauf qu'au dessus de 90/100km/h les flèches n'avaient pas la force de rentrer.
    Pour la gauche un coup de la main du coté conducteur pour la droite idem s'il y avait un passager(e)et si personne il me fallait ralentir.

    On se marre comme on peut.
    Sur les motos et side car, pendant longtemps les clignotants n'étaient pas obligatoires, il suffisait de tendre le bras adéquat.

    Trop simple mais geste sublime !

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  2. Oui, le clignotant est parfois un instrument miné...
    Confier nos tâches à des machines nous fait entrer dans le monde du Diable. Il ne faut pas s'étonner des conséquences parfois terribles que cela entraîne.

    Dans ce domaine, la densité de circulation actuelle rend la lecture des livres écrits au début du XXè siècle à l'intention des nouveaux "chauffeurs", totalement décalée.
    La principale préoccupation des auteurs de l'époque était de faire comprendre aux apprentis conducteurs les différences entre une voiture hippomobile et une auto-mobile, aussi rudimentaire fut-elle... Mais elle pouvait déjà procurer une mort tout-à-fait valable, comme celle d'aujourd'hui.
    D.

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