La médecine chinoise antique et la Tradition
À la recherche du protocole médical légitime
Les plus curieux parmi mes lecteurs, qui s'intéressent à toutes sortes de sujets, seront peut-être attirés par la lecture de mon dernier livre sur la médecine chinoise antique*. Celle que l'on qualifie de "traditionnelle" sans, généralement trop accorder d'importance à cet adjectif. Or, négliger la connotation de ce mot, constitue déjà une partie de l'explication de la méconnaissance des particularités de cette science pluri-millénaire, dont seul le côté poético-exotique est généralement mis en avant par les auteurs et par les praticiens spécialisés.
Mon livre présente pour la première fois des aspects peu connus de cette science encore bien mystérieuse : le cadre idéal de sa mise en œuvre, sa façon d'agir, pourquoi elle est efficace et comment elle pourrait l'être encore plus...
Voici le texte de présentation que j'ai rédigé pour la revue MTC Mag.
De très nombreux ouvrages ont été consacrés à la médecine chinoise traditionnelle, mais aucun ne s'est étendu sur les conditions particulières de son origine, et sur les conséquences que cela imposait à son utilisation.
On sait que dans la médecine chinoise antique — qui est véritablement un corollaire de la Tradition primordiale — la maladie ne concerne pas seulement le soma, cette partie animale de l'être humain. Elle touche son côté subtil, immatériel, et a son origine dans la rupture de ses relations naturelles avec la nature. On parle bien sûr ici d'un individu à trois étages, pas encore amputé de son plan supérieur comme l'homme des humanistes, qui n'en considéraient que l'âme et le corps. Il s'agit d'un être complet, couvert par le Ciel et porté par le Sol, qui calque sa physiologie métaphysique sur celle du Monde manifesté, et qui reçoit de lui les énergies indispensables.
Dans toute notion traditionnelle, la métaphysique impose sa place, inévitablement. Pas facile à cerner, elle se laissera cependant domestiquer grâce à la loi d'analogie et grâce au symbolisme, dont les principaux médias chinois sont bien connus : le yin-yang et les Cinq Éléments.
Ainsi, en dehors de son rôle particulier dans l'Initiation spirituelle, la Tradition primordiale applique le contenu de ses Principes à la médecine chinoise antique. Il s'agit bien sûr des fameux grands Principes que l'on retrouvera souvent, sous une forme ou une autre, dans cette science médicale particulière.
Dans une civilisation traditionnelle, tous les actes étaient exécutés en résonance avec la dynamique de la Manifestation, et toutes les pensées conçues en adéquation avec l'Ordre du Monde.
Comme ce n'est plus le cas dans notre civilisation matérialiste et scientifique, qui ne comprend plus le langage de la Tradition, je propose de se rapprocher des critères qui ont présidé à la création de la médecine chinoise antique, et de les respecter lors du protocole de soin, en partant de l'idée que toutes les potentialités de cette science se révèleront alors, grâce à une identification réussie, dans une sorte de solidarité cosmique, favorisée par l'application d'une ergonomie métaphysique, dont je décris la nature.
Il faut pour cela que le praticien reprenne l'habit du Sage de la Chine proto-historique, et, le temps du soin, pense le Monde, pense le patient, pense la maladie, pense la thérapie, pense son propre statut cosmique, sous l'angle de la métaphysique, de l'analogie, et du symbolisme.
Dans une langue claire, l'ouvrage, logiquement construit, et progressivement étoffé, clarifie les données accumulées par l'histoire désordonnée de cette médecine, en évitant au lecteur-praticien certaines fausses routes, impasses ou déviations illégitimes, que l'on trouve parfois sous la plume des auteurs contemporains qui n'ont pas toujours compris l'incidence de la Tradition dans la science médicale chinoise, et qui, souvent, veulent expliquer celle-ci en termes scientifiques. On devine que cela est non seulement impossible, mais tout-à-fait vain, le savoir n'ayant rien à voir avec la connaissance bien abordée, qui elle — issue d'une réflexion constructive, n'est pas une simple régurgitation stérile de données acquises — tente de conduire l'impétrant sur le chemin de la transcendance, en replaçant la pratique de la médecine chinoise antique dans le milieu sacré duquel elle est issue.
Pour y parvenir, je propose d'aborder la médecine chinoise antique en nous rapprochant le plus possible de ses conditions d'utilisation originelles et donc légitimes — même au sein de notre Monde matérialiste.
Je résume les exigences du protocole par cet aphorisme :
En Tradition, l'action doit être conforme dans les détails, et cohérente dans le tout.
En effet, en se rapprochant de la réalisation d'un rite ancestral, le "praticien chinois" moderne, à la fois Connaissant, Conscient de son statut métaphysique et de son rôle de médiateur entre le Ciel et le Sol, et grâce enfin à la Cohérence de ses actes (Règle des Trois C), approchera la définition donnée par Jacques-André Lavier** :
Le médecin chinois est un thaumaturge : il remet le malade en contact avec le Ciel.
Cependant, le Ciel, au lieu de tomber sur la tête des hommes, comme le craignaient, dit-on, les Gaulois, s'en est plutôt éloigné, et il sera difficile de l'approcher, ou de faire avec.
Mais si le praticien sait où aller, pourquoi s'y rendre, et comment y parvenir, il ne devrait pas hésiter à passer outre les doutes raisonnables, et dans une action légitimement plus conforme aux critères de la Tradition, jouer son rôle de transmetteur d'énergies en reconstituant le mieux possible le protocole perdu du rite ancestral.
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** Jacques-André Lavier est le restaurateur de la médecine chinoise antique, dont il a traduit en termes précis la nature, l'origine, et le fonctionnement particulier au sein de la Tradition primordiale.